Photovoltaïque : Nollet l’a dit… mais l’a-t-il fait ?

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“La suppression des primes au photovoltaïque est quelque chose de maîtrisé.” Un an après cette annonce-choc, où en est le secteur en Wallonie ? Il n’a pas été cassé mais il a dû s’adapter.

A la fin d’octobre 2009, une annonce du ministre Jean-Marc Nollet (Ecolo) a fait couler beaucoup d’encre : la prime wallonne pour l’installation de panneaux photovoltaïques était supprimée. Généreuse, elle pouvait se monter jusqu’à 3.500 euros. Elle avait été mise en place deux ans plus tôt et avait permis l’éclosion d’une série d’installateurs et de distributeurs spécialisés. Certains d’entre eux trouvèrent la disparition “brutale”. S’ensuivit une mini-polémique.

Trois points motivaient le ministre, comme le rappelle aujourd’hui son cabinet. Primo, le budget était en train d’exploser, vu les demandes. Secundo, le secteur avait mûri et pouvait se passer de soutien. Celui-ci le reconnaissait d’ailleurs en partie. Un autre instrument restait d’application, celui des certificats verts (aide à la production). Tertio, la priorité était désormais donnée à l’isolation. Son rapport coût/efficacité paraît meilleur et les ménages modestes peuvent l’envisager, à l’inverse des panneaux solaires plus chers. Une refonte du système des aides “énergie” (80 millions d’euros au total) est ainsi entrée en vigueur le 1er mai dernier.

Un effet n’avait toutefois pas été prévu. “Jusque-là, les candidats au photovoltaïque faisaient le pas en fonction de la prime, analyse avec le recul la RBF, plateforme des installateurs en énergies renouvelables. Dans leur esprit, cette technologie ne pouvait pas être rentable sans. Même si cela n’est pas exact. Un effet psychologique a donc joué.” Résultat : fin 2009 et début 2010, le nombre de commandes a littéralement plongé.

A cela s’est ajouté un autre problème : à l’échelon européen, une guerre des prix a éclaté entre sociétés actives dans le solaire, suite à l’effondrement de l’important marché de l’Espagne (ravagée par sa crise immobilière). Cela signifiait donc un marché à la dérive et des marges compressées. D’où leur cri d’alarme.

Et maintenant ? Où en est ce secteur composé de 150 sociétés spécialisées et de 250 autres, généralistes, qui flirtent de temps en temps avec cette technique ? Réponse : il n’a pas été cassé. La suppression de l’aide wallonne est occupée à être digérée. La RBF a mené une campagne d’information du public en avril, histoire de réaffirmer que “le photovoltaïque est rentable” ! La baisse des prix a fait redémarrer les commandes. Les installateurs ont aussi décidé de se tourner vers le marché professionnel (usines, entrepôts, bureaux, etc.), à côté des particuliers.

Une péripétie, dès lors ? Du côté de l’asbl d’information sur les énergies vertes, EF4, on reconnaît que le soutien public à l’émergence de ces marchés nouveaux est un art délicat. La voie d’un système dégressif aurait toutefois permis d’éviter les problèmes. Les entreprises, elles, insistent pour qu’une leçon soit quand même tirée : “Tout système d’aide au démarrage d’une nouvelle technologie doit être bétonné pour un minimum de temps, afin que les business plans des PME qui se lancent puissent être respectés.”

Pour la suite, le secteur espère que le solaire gardera sa chance en Wallonie. Selon lui, la constitution d’une vraie filière, avec production et R&D locales, est possible. Histoire de ne pas se limiter à installer des appareillages importés.

Jean-Christophe de Wasseige

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