“Pas de stress financier chez Wilhelm & Co !”

Peter Wilhelm, patron et fondateur de la société de développement spécialisée dans l’immobilier commercial, conceptrice notamment de l’Esplanade (Louvain-la-Neuve) et de la Médiacité (Liège), a souhaité réagir aux allégations diffusées récemment dans la presse économique. Il nie en bloc avoir des difficultés financières.

Certains quotidiens ont fait allusion à des difficultés que vous auriez avec votre banquier historique, la KBC concernant vos lignes de crédit. C’est faux ?

Bien sûr. Je viens d’ailleurs de refinancer avec la KBC la ligne de crédit sur notre plus gros projet en cours, la Médiacité. On avait auparavant un crédit dit de ‘fabrication’, qui courait jusqu’au premier trimestre 2010. Il a donc logiquement fallu refinancer ce dernier. Or, nous avons toujours dit vouloir rester co-propriétaires dans les actifs à long terme de ce projet d’envergure – on est dans des budgets de plus de 200 millions d’euros ; seul, à terme, ce serait impossible. On avait d’ailleurs un gentleman agreement avec la KBC pour poursuivre notre relation avec elle en cas d’objectifs atteints à l’ouverture. Comme vous le savez, la crise est passée par là. Les banques n’ont plus les mêmes marges de liberté qu’auparavant. Il a donc fallu renégocier les conditions de prêt. Ce que nous avons fait. La KBC a pu constater que les loyers perçus dans la Médiacité permettaient largement de payer la charge d’intérêt en cours. On leur a par ailleurs expliqué notre stratégie et notre souhait de créer un fonds et de lever des capitaux pour assurer notre croissance. Et la KBC a resigné avec nous en avril dernier.

A quel terme ?

A moyen terme. Comme vous devez le savoir, la KBC a changé de stratégie et n’intervient plus directement dans des projets immobiliers, comme elle le faisait précédemment. Mais pour ce qui nous concerne, elle a refinancé l’opération en cours pour plusieurs années. Et j’insiste : je n’ai aucune pression de la part de mon banquier. Ce qu’en dit la presse est donc faux!

La presse financière parlait également d’informations reçues de l’analyste Graydon selon lesquelles vous seriez en position financière… délicate.

C’est faux. Qu’a fait le journaliste qui a lâché cette information ? Il a téléchargé le bilan d’une des sociétés prestataires de notre groupe (celles où sont logées le management), alors que la valeur se trouve évidemment dans les sociétés dites SPV (Special Purpose Vehicle) où sont logés les actifs immobiliers. Et sur base de ça, il en a conclu que l’entièreté du groupe était en difficulté financière. Or, cette société est un détail dans la structure globale de notre groupe. Elle affiche 600.000€ de terrains et construction (le solde non amorti de notre ancien siège social rue du Châtelain), alors que rien que les SPV qui possèdent Médiacité affichent plus de 200 millions euros d’actifs immobiliers. Sérieusement…

Justement, certains parlent de vente de votre bijou liégeois avant la fin de l’année… Intox toujours ?

Totalement ! Je ne veux pas vendre maintenant. Je le répète. Je souhaite faire évoluer ce centre commercial dont nous assurons la gestion et lui faire acquérir de la valeur durant quelques années. Ceci dit, comme nous l’avons déjà évoqué, nous n’avons pas vocation à porter cet actif seul. Différentes options ont donc été envisagées : portage conjoint avec un institutionnel, émission d’un certificat foncier dont nous garderions une part substantielle en portefeuille, augmentation de capital du groupe et intégration de Médiacité dans une foncière que nous créerions… Les options sont ouvertes.

Vous n’envisagez donc pas de rester seul propriétaire à bord pour mener à bien et ensuite détenir en portefeuille d’autres projets ambitieux en développement, comme ceux de La Louvière ou de Valence (France) ?

Exact. D’où notre stratégie en cours de faire appel au marché des capitaux. Nous avons d’ailleurs mandaté ING Private Banking à cet effet, comme je l’ai confirmé au journaliste qui m’a interrogé. Et nous prenons le temps de bien réfléchir à la formule et au moment les plus adaptés. Vous savez, nous ne somme pas une société cotée. Pour finaliser ce tour de table et assurer sereinement la croissance de notre entreprise, nous n’avons donc pas la pression des marchés boursiers. Les premiers rapports d’ING sont d’ailleurs très encourageants, du côté des investisseurs institutionnels. Je privilégie ces derniers car je souhaite ouvrir notre capital à des gens qui font le même métier que nous ou, à tout le moins, le comprennent. La plupart de ces derniers se sont d’ailleurs rendu compte, ces derniers temps, que l’immobilier commercial est un segment ‘crisis proof’, contrairement à d’autres.

Dans quel calendrier et dans quels volumes financiers se situe-t-on dès lors ?

On pense pouvoir finaliser l’opération au cours de l’été prochain et se donner cinq ans pour faire évoluer ce fonds. On envisage dans un premier temps de lever 200 à 250 millions d’euros. Si le projet est un succès le fonds devrait grandir rapidement pour dépasser après quelques années le milliard d’euros d’actifs. Pour remplir cet objectif, nous devons bien sur accepter de ne pas rester majoritaire, vu le volume d’argent concerné…

Vous aviez précédemment pensé à d’autres stratégies, non ?

Oui. Ces stratégies ne sont d’ailleurs pas incompatibles les unes avec les autres. L’hypothèse certificat foncier par exemple n’est pas incompatible avec la création de notre fonds dans lequel nous pourrions loger une partie de ces certificats. On a aussi pensé à une entrée en Bourse, mais c’est prématuré car à notre avis inopportun tant que notre métier d’investisseur ne sera pas prépondérant par rapport à celui d’aménageur-promoteur. On a envisagé le marché obligataire ; mais pour une société non cotée, c’est quasi impossible.

Dernier point : vous avez présenté la semaine dernière au Mapic (Cannes), le salon international de l’immobilier commercial, le nouveau visage de l’extension du centre commercial de l’Esplanade, à Louvain-la-Neuve. Là aussi, la stratégie à long terme sera la même ?

Oui. Nous avons déjà entamé des tractations avec le groupe français Klépierre, avec lequel nous avons gardé partie liée puisque nous avions convenu au moment de la cession en 2003, d’une participation aux résultats du centre commercial actuel, qui marche du tonnerre. Là aussi, on se situe dans des valeurs qui dépassent les 100 millions d’euros. Et là aussi, je voudrais rester co-actionnaire de notre futur actif, sans doute via le fonds précédemment évoqué.

Propos recueillis par Philippe Coulée

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