Olivier Rossato : “Je suis le bouc émissaire rêvé!”

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Olivier Rossato n’en revient toujours pas. Selon lui, sa radiation, prononcée après une suspension de deux ans, repose sur du vent et est inéquitable. Il fourbit ses armes et prend pour l’instant conseil auprès d’avocats spécialisés.

Quelques dossiers sujets à vrais débats sur le fond sur des milliers traités chaque année. Parmi ceux-ci, un litige opposant indirectement l’intéressé à un courtier concurrent, haut placé à l’Institut professionnel des agents immobiliers, un bien vendu laissé trop longtemps sur le site Internet ou un stagiaire qui rentrait de fausses factures et se plaignait de ne pas être rétribué (9.400 euros) et qui, depuis, a été débouté devant le tribunal de commerce. Vraiment pas de quoi fouetter un chat, sauf s’il a le malheur d’être dérangeant, de faire de l’ombre à la concurrence et d’être de surcroît carolo d’origine italienne… Voilà, en substance, la première lecture à chaud que donne Olivier Rossato (45) de l’arrêt cinglant rendu à son égard le 10 septembre dernier par la Chambre d’appel d’expression française de l’IPI, présidée par Philippe Aoust.

L’homme, que nous avons rencontré samedi matin sur le seuil du salon Batireno (Namur), n’en revient toujours pas, même si les centaines de messages de soutien reçus de vive voix, par sms, courriel ou sur Facebook atténuent quelque peu le coup reçu en plein ventre mercredi dernier par communiqué officiel et distillé par la presse depuis.

“A ce jour, j’ai sans doute permis à plus de 5.000 personnes de trouver un toit qui leur convenait. Et la toute grande majorité m’en remercie. J’ai dépensé depuis 2006 plus de 10 millions d’euros rien qu’en publicité pour soutenir le développement de ma marque, qui marche du tonnerre. Quand vous vous êtes fait seul, en travaillant 18 à 20 heures par jour honnêtement et en donnant du travail, très correctement rétribué, à des centaines de personnes, quand vous avez des contrats publicitaires en cours qui vous engagent pour des centaines de milliers d’euros et qu’on traîne ainsi dans la boue votre nom, qui est aussi une marque déposée qui cartonne, vous vous dites que quelque chose ne tourne décidément pas rond dans ce pays”, résume l’intéressé.

Sans se démonter, celui-ci parle de kabbale contre lui parce qu’il a inventé à force de talent et de travail, et en toute légalité insiste-t-il, des pratiques nouvelles très concurrentielles qui prennent des parts de marché aux courtiers immobiliers bien établis, fragilisés de surcroît par la crise économique actuelle. Et il continue à tancer l’IPI, auquel il n’a jamais manqué de dire franchement ce qu’il pensait de ses manquements quitte à lui déplaire… et qui le lui rend bien aujourd’hui. “Il s’agit d’un ‘machin’ d’un autre âge qui, sous couvert de protéger et réglementer la profession, sert d’abord les petits copains en son sein. Qu’on se comprenne bien : j’ai rencontré à l’IPI des gens bien, qui font un boulot de fond remarquable. Mais certains dirigeants se servent de cette vitrine plutôt que de servir la profession. J’en ai la preuve et ne manquerai pas de le faire savoir !”, assène-t-il alors même qu’il réunit les pièces à verser au dossier auprès de son nouveau conseil.

Sans prendre pour argent comptant tous les propos du bouillant courtier, on doit bien admettre que le cas ‘Rossato’ est le premier en date à avoir une publicité médiatique personnalisée, jugée d’ailleurs “incorrecte et inadmissible” par Olivier Vigneron, un ancien président de la structure, qui a pris depuis ses distances. La récente démission forcée du dernier président en date de l’IPI, Michel Dussart, qui avait dénoncé, au sein même de la structure qu’il présidait et connaît comme sa poche, des contrats commerciaux irréguliers et des conflits d’intérêt, apporte également de l’eau au moulin d’Olivier Rossato.

Plus récemment encore, c’était le président du Syndicat national des propriétaires et copropriétaires, Olivier Hamal, qui portait l’escouade en parlant de “l’incurie de l’IPI en matière de suivi des litiges”. De là à dire que, soumise à des feux croisés, la structure est pour l’instant vacillante, il n’y a qu’un pas… que certains courtiers de la place n’hésitent plus à franchir. “C’est l’arroseur arrosé : l’IPI devait faire un exemple pour tenter de se refaire un semblant de virginité. Mais cette manoeuvre de surface ne suffira pas !”, promet l’agent immobilier radié.

On ajoutera d’ailleurs que ce malaise interne ne date pas d’hier Depuis près de quinze ans déjà, des querelles intestines entre forces syndicales en présence au sein de l’organisation professionnelle, souvent communautarisées, minent son travail de fond. Plusieurs ministres de tutelle ont d’ailleurs eu sur leur bureau d’épais dossiers dénonçant des dysfonctionnements au sein de la structure, portés par les uns et les autres, dont la fédération professionnelle ‘Réflexions immobilières’, active dans l’opposition avant de prendre la présidence de l’IPI en 2005 en espérant faire bouger les choses de l’intérieur. Sabine Laruelle, en charge des Classes moyennes depuis 2003 déjà, fait partie de ces ministres qui ont suivi de près les projets de réforme de l’organisation professionnelle. C’est aussi elle qui a transmis il y a un an déjà au Parquet l’affaire dénoncée par Michel Dussart. “Le dossier est toujours en information judiciaire. Mais il est important de rappeler que les membres du Conseil national de l’IPI sont élus. Faute de poursuites (et à fortiori de condamnation), ces membres sont donc seuls habilités à diriger la structure”, rappelle-t-on au Cabinet de la ministre. A suivre donc.

Philippe Coulée

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