Nouveau visage du Heysel : les grandes man½uvres débutent

© KCAP

La Ville et la Région de Bruxelles ont choisi le bureau néerlandais KCAP pour dessiner le nouveau visage des quelque 60 hectares du plateau du Heysel. Un habitué des chantiers de taille, puisqu’il travaille déjà sur le redéploiement en cours du quartier du port à Hambourg et sur le site des JO de Londres.

“Rien n’a filtré jusqu’à la dernière minute, assure Freddy Thielemans, bourgmestre de Bruxelles, au lendemain de la réunion extraordinaire du collège qui a avalisé le choix. C’est déjà un signe. Ce concours international a été exemplaire à tout niveau et une grande partie du mérite en revient sans doute au président du jury, Kristiaan Boret, bouwmeester d’Anvers. Il a permis au débat de voler haut en toute indépendance tout en restant réaliste.”

Ils étaient sept – et rien que du beau linge – à concourir pour pouvoir dessiner le nouveau visage des quelque 60 hectares du plateau du Heysel. Des deux bureaux restant en lice à l’issue de la première sélection, le belge SUM et le néerlandais KCAP (Kees Christiaanse), c’est finalement ce dernier qui a su convaincre le jury sur le fond et faire l’offre de services la plus réaliste pour l’autorité publique de tutelle, Ville de Bruxelles (Freddy Thielemans, PS) et Région (Charles Picqué, PS), enfin réunies dans une union sacrée de circonstance, à la mesure de l’enjeu.

“Notre chance et notre luxe ? Nous sommes propriétaires de l’ensemble du foncier, y compris le parking C, dont nous avons racheté les derniers morceaux manquants à la Région flamande, résume-t-on en haut lieu à la Ville, dont la responsabilité sera engagée à hauteur de l’autonomie. La surface globale est suffisamment étendue pour nous permettre tous les scénarios, sans être coincés, quoi qu’on décide. Y compris sur les deux îlots encore incertains à l’heure actuelle : le stade et le Trade Mart, propriété d’AG Real Estate (Ndlr, ex-Fortis RE).”

“On y verra déjà plus clair le 3 décembre prochain, quand le pays hôte de la coupe du monde de football 2018 sera désigné, nous précise-t-on encore. Si ce n’est pas nous, le projet du futur stade bruxellois sera localisé à Schaerbeek. Mais dans le cas contraire, on pourra faire avec.”

Oui, mais quand ?

Sur la question la plus concrète, celle du début – voire de la fin – des grands travaux, on reste plus évasif. Et à juste titre : il faut à présent respecter la procédure administrative sans brûler les étapes.

Seule échéance précise : celle du printemps prochain. Le lauréat devra alors remettre le plan masse (plan d’aménagement général) aux autorités de tutelle et au jury. Et l’on pointe d’emblée deux dates-butoir contraignantes, pour lesquelles il faudra bétonner les fondations du dossier au niveau du suivi politique : les élections communales d’octobre 2012 et les régionales de 2014. “Tout était déjà dans l’accord de gouvernement de 2009 ; donc, on devrait pouvoir avancer rapidement…”, se rassure-t-on.

Reste qu’il faudra sans doute passer par une modification du Plan régional d’affectation du sol (PRAS) tout en préparant les demandes de permis en parallèle. Au mieux, la première pierre pourrait être posée en 2015 et les travaux “phasés” sur plus de 10 ans.

Au collège de la Ville de Bruxelles, on affiche sa priorité : la construction du centre de congrès dont la capitale a un besoin urgent. Mais on sait qu’il faudra séduire les partenaires privés en rendant l’offre de promotion alléchante. Et l’on pense sérieusement à une société d’économie mixte (publique-privée)… suffisamment financée, cette fois, pour ne pas reproduire le flop de Bruxelles-Midi.

… and the winner is : KCAP Architects & Planners (NL)

Le concepteur du nouveau visage du plateau du Heysel est donc connu : c’est le bureau néerlandais KCAP, fondé voici 20 ans à Amsterdam. Il a su se faire une carte de visite dans la réalisation de projets de taille (quartiers de ville) et se targue de jouer le respect de l’espace, de l’architecture et de l’urbanisme existants.

Parmi ses projets majeurs récents, on citera le redéploiement en cours du quartier du port, à Hambourg (Hamburg Hafencity, 153 ha), le site des JO de Londres (Olympic Legacy, 300 ha – 2014) et le Stadionpark à Rotterdam (160 ha – 2009/2028). D’énormes chantiers où l’expertise urbanistique et le phasage dans la durée sont des arguments qui ont convaincu le jury bruxellois.

Philippe Coulée

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