La location éphémère d’un bâtiment, un concept encore assez rare chez nous

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Utiliser un bâtiment inoccupé pour proposer une location de courte de durée. Si l’idée n’est pas révolutionnaire, elle est pourtant très utile. Très développé chez nos voisins néerlandais, ce concept est encore assez rare chez nous.

Rentabiliser le temps perdu

” En Belgique, nous sommes cinq sur le marché, mais on est la seule entreprise belge. Toutes les autres viennent des Pays-Bas “, explique Dries Vanneste, le fondateur d’Entrakt, une société bruxelloise qui a fait de ce concept son core business. Lors de la vente d’un bâtiment, il existe souvent un délai d’attente entre l’acquisition et la mise en place d’un nouveau projet. ” Parfois l’idée exacte de ce que veulent faire les nouveaux propriétaires n’est pas totalement aboutie. En plus, il faut souvent attendre les permis et autres autorisations avant de pouvoir occuper les lieux. Sur nos projets, on a alors, en général, un délai de 14 mois exploitables. Mais c’est parfois plusieurs années sur les gros projets “, explique le dirigeant, qui profite donc de ce moment ” d’entracte ” pour proposer les lieux à d’autres projets éphémères. ” Cela a plusieurs avantages : ça évite le vandalisme et entretient le bâtiment, comme du gardiennage, explique Dries Vanneste. On évite ainsi au propriétaire de devoir faire appel à des services externes. “

La location éphémère d'un bâtiment, un concept encore assez rare chez nous
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Loyer imbattable

Entrakt gère actuellement la location éphémère d’une soixantaine de bâtiments de toutes sortes. ” Les projets sont très variés. On a aussi bien des maisons, pour de l’hébergement, que des bureaux, des hangars, etc. “, explique Dries Vanneste, le fondateur d’Entrakt. Avec une telle offre, les demandes de location sont donc aussi forcément très variées : de l’artiste à l’entrepreneur en manque d’espace en passant par le jeune couple aux moyens limités. L’avantage de ces locations précaires, en raison de leur durée très courte, est le loyer. ” On s’est fixé de ne jamais dépasser la moitié du prix du marché “, précise-t-il. Entrakt est actif partout en Belgique, même si la Flandre et Bruxelles sont des régions plus porteuses pour la société. ” Il y a une pression sur l’immobilier qui est très importante, ce qui fait que les bâtiments sont rentabilisés au maximum, poursuit le responsable d’une équipe de quatre personnes. En Wallonie, c’est moins le cas et le concept est aussi moins connu. Mais on s’y intéresse de plus en plus. On cherche d’ailleurs deux personnes pour agrandir l’équipe. “

En chiffres

22.000 m2 est la surface occupée temporairement à Citygate à Anderlecht, soit le plus grand bâtiment actuellement exploité de la sorte en Belgique.

14 mois. C’est la durée moyenne de ces baux express. “C’est parfois plus long, précise Dries Vanneste, le fondateur d’Entrakt.

60 bâtiments. Entrakt gère actuellement la location temporaire d’une soixantaine de bâtiments.

Concept testé en interne

Si l’entreprise est aujourd’hui bien installée, les débuts ne furent pourtant pas simples. ” Quand j’ai commencé, il fallait une cinquantaine d’appels téléphoniques pour espérer un rendez-vous, se souvient le directeur. Mais d’un côté, je peux comprendre que ma proposition était un peu déroutante. J’appelais les nouveaux propriétaires en disant : ‘Bonjour, je souhaite occuper votre bâtiment avant que vous vous y installiez. Je ne vous paie pas de loyer, mais c’est positif pour vous’. ” Aujourd’hui, les acteurs du marché comprennent bien plus facilement l’intérêt d’une telle occupation. ” On a même des propriétaires qui nous contactent spontanément. Lors d’appels d’offre, on est parfois intégré dans le dossier. C’est presque devenu un argument de vente “, ajoute encore le responsable, qui a lui-même mis en pratique le concept. ” J’ai commencé en 2009, en occupant seul 300 m2 dans un très beau bâtiment des années 1950, mais impossible à chauffer, raconte Dries Vanneste. Ça m’a permis de connaître les contraintes car, forcément dans ce cas, on ne peut pas appeler le propriétaire pour se plaindre. “

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Le pari fou de Citygate

Si les projets sont de taille variable, Entrakt s’est lancé un sacré défi il y a un an en exploitant le bâtiment de Citygate II à Anderlecht, où un énorme projet de rénovation est prévu dans trois ans. En attendant, Entrakt se charge donc de faire vivre les 22.000 m2. ” On a remis toute l’électricité à neuf et fait beaucoup d’aménagements pour pouvoir accueillir une multitude de projets. L’un de nos problèmes est que les volumes sont trop grands. On doit donc segmenter l’espace. ” Actuellement, 18 projets ont déjà pris possession d’une partie des lieux. ” Il y a des artistes qui se sont réunis, des menuisiers, et un skatepark a même été installé “, énumère le responsable, qui espère que les lieux soient occupés à 35 % pour la fin de l’année. ” On aura prochainement un bar, un torréfacteur, et plusieurs ASBL sont très intéressées, continue encore le responsable d’Entrakt qui s’est lancé un sérieux challenge avec l’exploitation d’un tel bâtiment. Il s’agit du plus grand bâtiment occupé de manière temporaire en Belgique. C’est un pari un peu fou, mais il fallait le faire. ”

Par Arnaud Martin.

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