L’immobilier londonien, paradis du blanchiment d’argent

© Burberry

Le marché de l’immobilier londonien, en pleine expansion, est devenu un paradis pour le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, selon un rapport de Transparency International publié mercredi.

L’association de lutte contre la corruption affirme que la capitale britannique est devenue un “refuge pour l’argent volé à travers le monde”, en s’appuyant sur les chiffres du cadastre et de la cellule anticorruption de Scotland Yard.

Elle a recensé à Londres 36.342 propriétés, couvrant une surface cumulée de 3,6 km2, qui sont détenues par des sociétés enregistrées dans les paradis fiscaux, un procédé permettant de cacher la véritable identité du propriétaire.

Presque une propriété sur dix située dans le quartier gouvernemental de Westminster est ainsi possédée via des sociétés offshore basées essentiellement dans les îles Vierges britanniques, Jersey, l’île de Man et Guernesey.

Si l’anonymat des propriétaires est souvent justifié par des impératifs de confidentialité, il sert aussi à masquer des pratiques moins avouables, allant de l’évasion fiscale au blanchiment d’argent.

“Les indices s’accumulent pour montrer que le marché immobilier britannique est devenu un refuge pour du capital corrompu volé à travers le monde. Et cette tendance est facilitée par une législation qui autorise de posséder une propriété à travers des sociétés offshore secrètes”, déplore Robert Barrington, directeur exécutif de Transparency International.

L’association souligne ainsi que 75% des propriétés dont les détenteurs font l’objet d’une enquête pour soupçons de corruption ont été acquises via des sociétés offshore.

La valeur totale de ces propriétés s’élève à 180 millions de livres (près de 250 millions d’euros). Mais Jon Benton, directeur de la cellule anticorruption de Scotland Yard, estime qu’il ne s’agit “probablement que de la partie émergée de l’iceberg”.

Transparency International appelle le gouvernement de David Cameron à davantage de transparence pour éviter que la Grande-Bretagne ne devienne “la destination privilégiée du blanchiment d’argent”.

Selon le rapport, la pratique a aussi un effet domino pervers en contribuant à la flambée des prix de l’immobilier à Londres, où la difficulté de se loger s’annonce comme l’un des grands enjeux des élections législatives en mai.

Partner Content