Knokke : un audacieux coup de poker

Présent au Mipim de Cannes, le bourgmestre de Knokke a annoncé le lancement d’une série de projets immobiliers luxueux dans sa commune.

La station balnéaire la plus chic de la côte belge a de l’ambition : un nouveau parcours de golf (27 trous) et 2.000 chambres d’hôtels. Le promoteur immobilier Ghelamco, dirigé par Paul Gheysens, est à la manoeuvre pour la première tranche de ce fastueux projet. Il présentait à Cannes la maquette de son hôtel de 350 chambres, flanqué d’un nouveau centre de congrès, de plusieurs restaurants, de chemins pédestres et hippiques, ainsi que d’un nouveau golf, pour ce qui doit être la première étape de la transformation du Zoute appelée de ses voeux par le bourgmestre Léopold Lippens.

Dont coût : environ 100 millions d’euros, d’après les premières estimations. “Nous travaillons dans un esprit très positif avec la commune, dans la lignée de leur master plan, indique l’administrateur délégué de Ghelamco. Nous voulons mettre sur le marché une offre mêlant sport, leisure et business. Nous estimons que le potentiel est énorme ici.”

Désertée par les hôtels (de 36.000 à 17.000 lits en 10 ans !), la station balnéaire ne possède aucune infrastructure de congrès. “Notre projet est une première réponse à ce manque, poursuit Paul Gheysens. Nous visons une clientèle haut de gamme.”

Monaco belge ?

La transformation de Knokke vers un “Monaco belge” reste encore à l’état de mirage : aucune demande de permis de construire n’a encore été déposée auprès de l’administration communale. Le projet de Ghelamco n’est en fait pas plus abouti qu’un autre dossier emblématique de la station balnéaire : la rénovation du casino de Knokke, dont la tour (le phare ?) dessinée par l’architecte américain Steven Holl a suscité le courroux des voisins. “C’est vrai, le projet n’est pas encore officiellement déposé, reconnaît Maxim Willems, échevin du Tourisme à Knokke. Mais on travaille dessus. La difficulté est de trouver des investisseurs.”

Pour parvenir à concrétiser le coup de poker de Léopold Lippens, la ville compte donc (notamment) sur le groupe flamand Ghelamco, bien implanté en Pologne, et très actif ces dernières années à Knokke. Mais reste-t-il suffisamment de terrains disponibles dans une station déjà fortement urbanisée ? Jan Jassogne, administrateur délégué de CIB Littoral, et fin connaisseur des dossiers immobiliers à la côte belge, n’y voit aucun obstacle. “Cela fait 20 ans qu’on dit qu’il n’y a plus de place à Knokke. C’est comme à Bruxelles, où on prétend qu’il n’y a plus de place pour construire des bureaux, témoigne-t-il. Je ne sais pas exactement où ils comptent implanter leur projet, mais ça ne devrait pas poser de problèmes.”

Plus aiguë, selon Jan Jassogne, est la problématique des infrastructures. Si Knokke doit s’orienter vers le (très) haut de gamme via des chambres d’hôtel grand luxe – le terme “six étoiles”, un grade inconnu en Belgique, a été évoqué par le bourgmestre dans L’Echo – l’attractivité doit être au rendez-vous.

“Au niveau des commerces, Knokke est bien pourvue, poursuit Jan Jassogne. Toutes les grandes marques s’y trouvent. Par contre, il faudrait plus de restaurants haut de gamme, un nouveau casino, etc. Si les infrastructures suivent, le pari sera réussi.”

Gilles Quoistiaux

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