“Il faut se préparer à un contre-exode urbain !”

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“Pour un nombre croissant de gens, habiter hors ville est devenu impayable en termes de déplacements notamment”, soutient Philippe Henry, ministre wallon de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement.

Le logement est sans doute l’affectation immobilière où le travail à accomplir est le plus titanesque et le plus dilué à l’échelle régionale…

Le besoin est sans doute moins criant qu’à Bruxelles. Mais par endroits, j’admets qu’il y a matière à s’alarmer. Nous avons actuellement au gouvernement une discussion de fond sur la notion même de noyau d’habitat. Et je pense pour ma part qu’on doit se préparer à un contre-exode urbain, un retour des habitants vers la ville. Pour un nombre croissant de gens, habiter hors ville est devenu tout bonnement impayable en termes de déplacements notamment. Là aussi, le Schéma de développement de l’espace régional est un outil stratégique.

Les professionnels du secteur du bâtiment critiquent le manque d’ouverture des responsables régionaux et des décideurs locaux face aux nouveaux types de logements, de matériaux et de techniques. Quel est votre sentiment ?

C’est vrai. Il y a un travail de sensibilisation et de formation à intensifier. Et plus globalement, dans le cadre de la révision programmée du Code wallon de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et du patrimoine (Cwatup), il faut déverrouiller les choses. On observe par exemple, au sein de certaines commissions consultatives communales d’aménagement du Territoire (CCAT), des décisions à tomber raide : certaines refusent les constructions en bois et imposent la pierre au motif de privilégier des matériaux locaux… La plupart de ces pierres viennent d’Asie et on refuse le bois de nos forêts, bien plus correct sur le plan environnemental. Pour le moment, on place au second rang les préoccupations environnementales en s’appuyant sur des contraintes architecturales parfois trop figées. Or, il y a une urgence énergétique qui contraint à repenser l’ensemble du cadre réglementaire.

Tout le secteur de la construction se plaint de l’incohérence voire de l’incompétence de certains décideurs locaux quasi incontournables. Comment comptez-vous faire changer les choses sans crisper ces décideurs ?

D’abord, il faut utiliser le canal des architectes et des écoles pour faire évoluer les mentalités. Puis, travailler sur la législation en parallèle pour ne pas rendre les premiers encore plus malheureux. Il faut aussi sensibiliser les responsables communaux à un maximum d’enjeux. Nous le faisons, mais pas assez intensivement. Pour faire bouger les choses sur le terrain, une des pistes serait de désigner de nouveaux lotissements dédiés où les règlements régionaux seraient appliqués de façon moins drastique, en mettant au moins sur le même pied préoccupations environnementales et questions architecturales.

Propos recueillis par Philippe Coulée

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