Héliopolis, une folie de baron en plein désert

Aîné des sept enfants d’un modeste instituteur de Beloeil, Edouard Empain débute comme dessinateur dans une société qui travaille pour les chemins de fer, y prend rapidement du galon puis, sûr de sa valeur, lance ses propres affaires. Carrier, banquier, constructeur de trams, exploitant de chemins de fer, il est sur tous les fronts et acquiert une notoriété internationale avec la construction du métro de Paris : 150 millions de voyageurs transportés dès 1905.

Aîné des sept enfants d’un modeste instituteur de Beloeil, Edouard Empain débute comme dessinateur dans une société qui travaille pour les chemins de fer, y prend rapidement du galon puis, sûr de sa valeur, lance ses propres affaires. Carrier, banquier, constructeur de trams, exploitant de chemins de fer, il est sur tous les fronts et acquiert une notoriété internationale avec la construction du métro de Paris : 150 millions de voyageurs transportés dès 1905.

En Egypte, il tombe amoureux du site d’Héliopolis, voisin du Caire, et décide de construire dans ce désert une ville-jardin. A sa manière, en grand. Avec 400 chambres et 200 mètres de façade, l’Héliopolis Palace Hôtel est “l’un des plus vastes et plus luxueux du monde”. Pour lui-même et sa famille, Edouard Empain rêve d’une “folie” au sens du 18e siècle. Ce sera le fameux “palais hindou” né de sa rencontre avec un architecte aussi talentueux qu’opportuniste.

Chargé de réaliser, dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris, un pavillon digne de la florissante Compagnie des messageries maritimes, l’architecte français Alexandre Marcel imagine un assemblage de plusieurs édifices articulé sur trois tours imposantes : une japonaise, une hindoue et une portugaise. Avec un indéniable sens du marketing, il refile de nombreux éléments de la première à notre roi Léopold II et l’intégralité de la deuxième à Edouard Empain. La tour hindoue est reconstruite en plein désert et intégrée dans une villa aux dimensions d’un palais. La ville elle-même se couvre de constructions remarquables, parmi lesquelles une basilique, modèle réduit de Sainte-Sophie de Constantinople, dans la crypte de laquelle Edouard Empain choisira de se faire inhumer.

C’est l’histoire de ce lieu extraordinaire que conte cet ouvrage abondamment illustré. Un livre qui montre combien nous avons pu être entreprenants – entre 1895 et 1913, les Belges étaient troisièmes investisseurs en Egypte ! – et se referme sur une autre “folie de baron”, la villa Empain de Bruxelles. Construite dans les années 1930 par Louis, fils cadet d’Edouard, ce chef-d’oeuvre de l’Art déco a été un temps propriété de l’Etat belge, qui jamais n’a tenu ses engagements. Après des années d’abandon, elle est aujourd’hui restaurée par la fondation Boghossian.

Guillaume Capron

Héliopolis, sous la direction de Marie-Cécile Bruwier et Anne Van Loo, Editions Mercator, 240 pages, 60 euros.

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