Cinq conseils pour investir dans une résidence secondaire

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Comment choisir entre la qualité de vie italienne, le soleil espagnol, la proximité française ou l’accessibilité portugaise ? ” Trends-Tendances ” vous donne quelques clés. Même si le critère majeur reste souvent le coup de coeur.

Qui n’a jamais rêvé de disposer d’une résidence secondaire à l’étranger ? Un havre de paix au soleil pour se ressourcer et oublier un quotidien effréné. De plus en plus de Belges y songent sans toutefois franchir le cap.

Selon le bureau WES Research & Strategy, disposer d’un pied à terre en France, en Espagne, en Italie, au Portugal voire en Turquie, les destinations les plus appréciées des Belges, est un idéal vers lequel tendent aujourd’hui près de 170.000 Belges. Un chiffre en hausse constante. En 2000, seuls 95.000 Belges disposaient d’un appartement ou d’une villa à l’étranger. Un rêve de moins en moins inaccessible donc. Il y en a d’ailleurs pour toutes les bourses. Selon l’agence immobilière Zapinvest, spécialisée dans le marché immobilier de la résidence secondaire espagnole, il est aujourd’hui possible de trouver aisément un appartement deux chambres de 80 m2 avec piscine commune sur la Costa del Sol (Marbella, Malaga, etc.) à partir de 80.000 euros. Même s’il connaît actuellement une remontée des prix due à la diminution de l’offre, on sait bien que le marché espagnol s’est écroulé depuis 2008 et qu’il est propice aux affaires intéressantes. Quoi qu’il en soit, avec les taux hypothécaires historiquement bas, l’horizon se dégage pour bon nombre d’investisseurs. Même pour ceux qui n’avaient jamais imaginé pouvoir profiter d’une retraite dorée dans le sud de l’Europe.

Vous faites partie de ceux prêts à franchir le pas ? Voici quelques clés pour enfin investir les quelques économies accumulées et quitter cette météo belge capricieuse. Direction un environnement bien plus agréable. Reste que l’affaire n’est pas simple pour autant. Car les possibilités sont multiples et variées. Comment choisir entre la qualité de vie italienne, le soleil espagnol, la proximité française ou l’accessibilité portugaise ? Trends-Tendances passe en revue avec vous les quelques critères à prendre en compte pour ne pas se tromper. ” Car on n’achète pas une seconde résidence pour investir mais avant tout pour se faire plaisir, fait remarquer Pierre Nyssens, administrateur délégué de l’agence Newton Immo. Cela n’empêche pas que l’on peut louer son bien quelques semaines par an pour rentrer dans ses frais et payer les différentes taxes. Mais l’investisseur trouvera une meilleure rentabilité en mettant la main sur un appartement deux chambres à Bruxelles. ”

1. Le soleil

L'Espagne reste le marché le plus abordable, devant le Portugal, l'Italie et la France.
L’Espagne reste le marché le plus abordable, devant le Portugal, l’Italie et la France.© Belgaimage

” Le Belge cherche avant tout le dépaysement et ce qu’il ne peut pas avoir chez lui, fait remarquer Jean Houtart, de l’agence Les Viviers. Une seconde résidence en Belgique, c’est bien. Mais le changement n’est pas radical. Tandis que quand vous vous réveillez avec une vue sur les collines de Toscane ou sur la mer Méditerranée, c’est quand même autre chose. L’Italie a particulièrement la cote actuellement. Elle possède le même attrait que Marrakech il y a quelques années. ”

Le sud de la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal vous permettront en tout cas de synthétiser aisément votre quota de vitamine D d’avril à octobre. ” Mais seule l’Espagne (et dans une moindre mesure le Portugal) vous permettra de vous balader en novembre ou décembre sur la plage, fait remarquer Jonathan Buchet, directeur commercial de Zapinvest. C’est un atout indéniable qui valorise l’investissement. La météo y est clémente toute l’année. ”

2. La qualité de vie

Avec les taux hypothécaires historiquement bas, l’horizon se dégage pour bon nombre d’investisseurs.

” La qualité de vie prime, bien avant le prix, note Pierre Nyssens. Souvent, l’acheteur porte son dévolu sur une région qu’il connaît. Il y a déjà été et souhaite y posséder un pied à terre. ” Cet élément est incontournable. Et arrive bien devant les aspects financiers qui, s’ils balisent la nature et la situation du bien, ne remplaceront pas l’aspect émotionnel et qualitatif de ce choix espéré depuis de longues années. ” Souvent, les gens ne savent pas précisément dans quelle région ils souhaitent habiter, lance Pierre Nyssens. Ce qui est radicalement différent du marché résidentiel belge. On parle de Sud-Ouest, de Provence ou encore de la Méditerranée, mais sans avoir beaucoup de certitudes. Il faut alors les guider, savoir s’ils veulent être proches de la mer ou non. Car si, en vacances, certains veulent se retrouver au milieu de nulle part pour être au calme, ce n’est pas toujours la solution la plus appropriée. D’autres veulent au contraire être proches de leurs amis. Bref, il faut trouver un bon compromis. ” Enfin, ajoutons que l’environnement, la langue, la qualité des services et des équipements ou encore la restauration sont autant d’éléments qui doivent également être pris en compte. ” Il ne faut pas non plus négliger les différences de saisons. Dans certaines régions de France ou du Portugal, l’automne, l’hiver et le début du printemps peuvent être franchement déprimants. ”

3. La distance

Le sud de la France reste bien évidemment la destination la plus accessible en voiture. ” Certains acquéreurs ne veulent par exemple pas de résidence secondaire à plus de 1.000 km, de manière à ce que leur famille puisse les rejoindre aisément, note Jean Houtart. Cela leur permet aussi d’amener du matériel ou un bateau plus aisément. ” Les vols low cost ont toutefois modifié cette approche. Le sud de l’Espagne ou de l’Italie sont dorénavant accessibles en un peu plus de deux heures, à un prix démocratique. L’horizon s’est donc largement élargi sur ce point.

4. Le prix

L’Espagne reste le marché le plus abordable, devant le Portugal, l’Italie et la France. L’exercice de comparaison est toutefois bien périlleux, tant les disparités régionales et les différences entre les biens peuvent influer sur cette question.

Dans certaines régions de France ou du Portugal, l’automne, l’hiver et le début du printemps peuvent être franchement déprimants.

L’Espagne connaît actuellement une tension sur son marché, avec une remontée des prix. ” Nous assistons en effet à une hausse conséquente des prix depuis un an, fait remarquer Jonathan Buchet, de Zapinvest. Sur la Costa Blanca, un appartement deux chambres est passé en un an de 105.000 à 125.000 euros (+ 19%). Simplement à cause d’un déficit d’offres. Une situation qui n’est pas généralisée pour tout l’immobilier espagnol. Mais pour celui qui nous concerne, sur les côtes, le recul de l’offre est sérieux. Les Espagnols commencent à racheter des habitations comme première résidence. ” Notons que le Belge opte essentiellement pour un bien neuf. Et que les revenus locatifs y sont traditionnellement bien faibles.

En Italie, les prix sont en recul en 2015 (- 3%). L’immobilier italien peut sembler accessible mais l’accès se restreint dès que l’on s’approche des régions touristiques.

En France, le marché immobilier connaît un rebond après des années de vaches maigres. ” Les neuf premiers mois de l’année sont vraiment très bons, explique le notaire Pierre Bazaille, de l’Institut notarial de droit immobilier. Le nombre de transactions est à la hausse. La baisse des taux d’intérêt et des prix – 20 % de moins par rapport à 2011 – expliquent cette situation. ” Au niveau des prix, une maison avec piscine dans les terres est accessible à partir de 300.000 euros. ” En France, la différence entre une maison dans les terres ou au bord de la Méditerranée va du simple au triple, tranche Pierre Nyssens. Le Luberon, qui est très demandé, est cher. ”

5. Fiscalité et coûts

Le prix d’achat n’est pas tout. La fiscalité peut sérieusement plomber ou avantager votre investissement. Alors que les charges peuvent également avoir une influence sur votre rendement. Il ne faut donc pas négliger cet aspect. En résumé, il faut ajouter au prix d’acquisition les droits de mutation, les frais de notaire et, annuellement, diverses taxes locales.

A ce petit jeu, l’Italie n’est pas le pays le plus intéressant pour mettre la main sur une résidence secondaire, avec des frais représentant entre 10 à 15 % de la valeur du bien. Même topo en France, où la fiscalité pénalise également les acquéreurs. Ces derniers doivent se soumettre à la taxe sur le foncier (revenu cadastral) et la taxe d’habitation.

En Espagne, les frais s’élèvent en moyenne à 14 % du montant de l’achat. Ils comprennent le droit de timbre, les honoraires des notaires et avocats, les droits d’enregistrement – ou TVA pour un bien neuf. Notons que ces droits de mutation diffèrent selon les régions. Les charges varient quant à elles de 2.500 à 3.500 euros pour un appartement classique. On y retrouve le précompte immobilier, l’impôt des non-résidents, la taxe communale, l’assurance du bien et les charges de copropriété.

Son voisin ibérique, le Portugal, est bien mieux loti fiscalement. Les droits de mutation y sont plus faibles. Et, de plus, l’impôt sur les revenus locatifs a été réduit de 28 à 3,75 %. Alors que les retraités qui y séjournent plus de 183 jours par an sont exonérés d’impôts sur leur pension et autres revenus étrangers. ” Quoi qu’il arrive, le choix d’une seconde résidence est particulier, note Jean Houtart. Car on ne veut pas se tromper. Cela prend donc beaucoup de temps ! ”

87% des prêts concernent l’espagne, la France et les Pays-Bas

BNP Paribas Fortis vient de dévoiler son traditionnel baromètre de la seconde résidence. On y relève que la banque estime que 410.000 Belges possèdent une seconde résidence en Belgique ou à l’étranger. Un bien qui est destiné à des fins récréatives. C’est-à-dire que l’objectif n’est pas d’en retirer des revenus locatifs. L’Espagne, la France et les Pays-Bas absorbent 87 % des prêts hypothécaires liés à l’achat d’une seconde résidence. Ce qui est assez énorme. Si la place de la France et de l’Espagne n’est guère étonnante, le fait que les Pays-Bas ont poussé l’Italie hors du podium est plutôt surprenant. “Le nombre de transactions y était peu élevé”, précise Hans Marien, de BNP Paribas Fortis. Pour le reste, durant le premier semestre 2016, la banque a octroyé 4 % de crédits en moins que l’an dernier. “L’intérêt se maintient mais à un rythme moins effréné.” Le nombre de prêts hypothécaires a connu une hausse de 11 % en un an pour un bien espagnol, de 2,5 % pour une résidence secondaire en France et de 44 % aux Pays-Bas. Les montants moyens empruntés s’élèvent à 100.771 euros en Espagne et 138.290 euros en France. Une tendance baissière se dessine sur ces deux segments. Enfin, précisons que seul 1 % des prêts hypothécaires destinés à l’achat d’une seconde résidence à l’étranger a pour objectif de dégager des revenus locatifs.

Par Xavier Attout.

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