Century 21 sonne l’alarme sur les prix de l’immobilier en France

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Avec 8,5 % de hausse au premier semestre, les prix immobiliers en France ont quasiment retrouvé leur niveau d’avant la crise, affirme mardi le réseau d’agences Century 21 qui pointe les dangers et les limites de cette évolution.

“Nous sommes très inquiets de cette hausse brutale des prix de l’immobilier. On est à la limite de ce que les acheteurs peuvent payer. On est au bout du bout, l’élastique est tiré à fond.” Une fois n’est pas coutume, l’alerte vient des agences immobilières par la voix de Laurent Vilmont, président du réseau Century 21, qui faisait mardi un bilan du marché à la mi-2010. Au premier semestre, il constate en effet un rebond des prix de 8,48 % par rapport à la même période de 2009. Soit 3.243 euros le m² pour une maison et autour de 2.000 euros pour un appartement.

Autrement dit, ils ont retrouvé des niveaux à peine inférieurs de 1,6 % à ceux de l’année précédant la crise. Car le marché est redevenu très dynamique : les ventes affichent une progression de 11,3 % sur un an, tandis que le délai moyen pour trouver un acquéreur est descendu à 48 jours. Résultat : les stocks ont diminué.

Cette tendance est particulièrement appuyée à Paris, où la pénurie de biens a conduit, selon Century 21, à une hausse des prix de 15 % sur un an. Le prix du m² culmine désormais à 7.079 euros, un nouveau record historique. C’est 5,4 % de plus que son précédent record en 2008. L’Ile-de-France est un peu au-dessous de la moyenne nationale, avec une augmentation de 7,6 %, devant Lyon et sa région. La troisième agglomération française, Marseille, se distingue par une hausse plus modérée de 2 ,8 % sur un an, et même une baisse de 2 % par rapport au deuxième semestre de 2009. Ailleurs en France, les plus fortes hausses sont enregistrées en Poitou-Charentes (+ 15,56 %), Provence (+ 11 %) et Bretagne (+ 8,5 %).

“Acheter un bien immobilier est devenu un geste de bon père de famille !”

Pour Century 21, ces prix soutenus sont d’abord alimentés par les achats de certaines catégories comme les cadres (en hausse de 12 %) et les retraités de 60 à 70 ans. “L’immobilier a retrouvé une fonction de valeur refuge absolue, analyse Laurent Vilmont. Acheter un bien est devenu un geste de bon père de famille, une manière de constituer un patrimoine pour les enfants ou de se préparer à compenser une retraite moins assurée.”

De fait, la quête d’une plus-value ne fait plus partie des motivations citées par les acquéreurs. Ces derniers ont encore profité des taux d’intérêt au plus bas pour compenser les hausses de prix et maintenir aussi bien le budget que la taille du bien acheté (80,95 m² en moyenne, par exemple, pour un appartement).

Gare cependant à un retour à la hausse des taux, qui pousserait forcément à acheter moins grand, moins bien situé ou moins rapidement. Dans cette hypothèse et avec un tel niveau de prix, les catégories sociales moins aisées, tels les ouvriers et employés, risquent même d’être carrément exclues du marché immobilier. C’est déjà le cas à Paris, où même les catégories moyennes sont évincées puisque moins d’un ménage francilien sur trois a aujourd’hui les moyens d’acheter un logement. L’Insee, organe officiel français des statistiques et études économiques, rappelait voici peu que les prix l’immobilier ancien ont augmenté deux fois plus vite que les revenus entre 2000 et 2007.

Pour Century 21, les hausses de prix de l’immobilier français ont atteint un plafond

Century 21 estime toutefois que le mouvement de hausse a maintenant atteint ses limites. “Si le marché de l’ancien tend à fermer la parenthèse de la crise immobilière, il ne retrouvera en aucun cas la frénésie des huit années qui l’ont précédée, écrit le réseau d’agences dans son dossier de presse. En effet, à l’exception de Paris, une ligne de résistance semble exister sur laquelle butent systématiquement les prix. Elle se situe autour de – 5 % du niveau de prix atteint au premier semestre de 2008. Dès que les prix franchissent ce seuil, les ventes se grippent, contraignant le marché à réajuster ses prix à la baisse afin que l’activité redémarre.”

Résultat : Century 21 prédit une croissance du marché immobilier “selon le schéma de la tôle ondulée”. Il anticipe ainsi une hausse des prix sur l’ensemble de l’année de 6 %, inférieure à celle du premier semestre.

Léa Lejeune, L’Expansion.com

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