Biens neufs: Charleroi peine toujours à décoller

Ce projet de revitalisation urbaine, développé par Equilis rue Rouge-Croix à Seneffe, comprendra 85 appartements d'ici 2020. © AGUA ET GUILLISSEN & ROBA

La périphérie montoise tire le marché hainuyer vers le haut. Sa croissance en matière de prix est impressionnante ces dernières années (+ 19 % en trois ans). A contrario, le renouveau carolo ne se matérialise toujours pas sur le terrain. L’offre en matière d’appartements neufs reste bien faible.

Le marché hainuyer n’évolue guère de trimestre en trimestre mais les tendances qui le guident s’accentuent par contre toujours plus, démontrant un marché à deux vitesses. Charleroi ne parvient toujours pas à boxer dans la même catégorie que Mons et Tournai. Et les prix des communes situées à la frontière du Brabant wallon (Silly, Enghien, Braine-le-Comte, Soignies et Seneffe) sont les plus élevés de la province.

Le stock disponible reste toujours relativement faible avec 815 appartements en cours de commercialisation. Mons et sa périphérie restant le plus important vivier en la matière. Le prix moyen pour un appartement de 80 m2 est de 2.075 euros/m2. Soit 166.000 euros hors TVA. Les prix sont en hausse par rapport à l’an dernier (+ 2,5%) et connaissent une légère croissance de 9 % par rapport à 2013. Une hausse soutenue, même si elle est moins élevée qu’en Brabant wallon et à Namur, mais qui lui permet par contre de rattraper la province de Liège. Les deux bassins industriels wallons font désormais jeu égal en matière de prix.

La ville de Mons connaît toujours les prix moyens les plus élevés. Ils croissent d’une manière régulière. S’ils ne grimpent que d’1 % par rapport à l’an dernier, la hausse est de 11,5 % par rapport à 2013. Ce qui n’est pas négligeable. Son nombre d’appartements disponibles sur le marché est par contre stable (174). ” Mons est aujourd’hui devenue un important pôle immobilier du Hainaut, confie Michaël Zapatero, analyste auprès du bureau de Crombrugghe & Partners. Il faut toutefois noter qu’il y a de grandes différences de prix entre ses quartiers. Mons reste en tout cas un pôle commercial majeur en périphérie, ce qui peut justifier son attractivité. ” Notons que le centre de Mons connaît par contre bien plus de difficultés sur le plan commercial, ce qui commence à avoir un certain impact au niveau résidentiel. En matière de projets, relevons Les Clairières de Nimy (Delzelle Résidentiels), Le Maisières (BW Promo), la Résidence Magnolia (Lixon) ou encore Au fil des Grands Prés (Atenor). C’est ce dernier qui affiche les prix les plus élevés (2.300 euros/m2).

Une offre toujours riche dans le Tournaisis

Pour le reste, c’est toujours dans la périphérie montoise que l’on retrouve le plus important stock d’appartements mis en vente, puisqu’elle concentre un tiers du stock hainuyer. La hausse des prix y reste soutenue avec une progression de 4 % par rapport à l’an dernier et de 19 % par rapport à 2014 ! Le prix moyen atteint aujourd’hui 2.050 euros/m2, tiré vers le haut par certaines promotions développées à Braine-le-Comte et commercialisées à 2.350 euros/m2 ou Soignies (2.400 euros/m2). Parmi les projets en cours, citons les Terrasses de Braine (Delzelle Résidentiels), les Jardins d’Arenberg (Sotroba) et le Champ du Moulin (CD Belgium) à Braine-le-Comte, les Jardins de Soignies (CDI) et le Domaine des Arts à Seneffe.

Du côté de Tournai et de sa périphérie, les prix tendent à se rapprocher de ceux de Mons. Ils connaissent une légère hausse par rapport à l’an dernier (+ 2,5%), un rien davantage par rapport à 2013 (+ 5%). Seuls deux projets d’envergure sont actuellement mis sur le marché, à savoir la résidence Les Chartreux et l’Ilot Desclée, ce dernier est développé par Klarys Promotion et propose 30 lofts basse énergie dans une ancienne imprimerie.

Pour ce qui est du district de Tournai, qui dispose d’un important stock avec ses 206 unités développées principalement à Ath, Mouscron et Leuze-en-Hainaut, les prix y sont très stables. On y retrouve des projets tels que les Terrasses d’Ath (Thomas & Piron), Les Deux Dendres (Equilis) et les Haleurs (DCB) à Ath ou encore les projets Manet et le Clos des Impressionnistes (DCB) à Mouscron. Les prix les plus élevés se trouvent à Ath (2.275 euros/m2).

Charleroi attend son envol

Enfin, du côté de Charleroi, le renouveau carolo se fait attendre. Si les grandes manoeuvres ont été lancées ces dernières années par le bouwmeester et ses acolytes, les promoteurs ne suivent pas encore sur le terrain. Le nombre d’appartements neufs mis sur le marché est toujours ridiculement bas avec 42 unités. Le prix moyen de 1.750 euros/m2 est en hausse par rapport à l’an dernier (+ 3%) mais est par contre en baisse de 3 % si on le compare aux prix de 2013. Ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle. Ajoutons qu’il s’agit des prix les plus bas de Wallonie et de Belgique. Les projets en cours sont développés par M&A Property Investors (Résidence Cartier) et Evillas (Résidence Champ Bernard). Alors que des dizaines d’unités sont attendues dans les prochains mois dans le cadre des projets River Towers, Rive Gauche, Ilot Zoé Drion et Left Side Business Park. Il sera temps. ” Le marché carolo tarde vraiment à décoller, note Michaël Zapatero. On ne voit toujours rien venir. Mais, vu les investissements et aménagements effectués par les pouvoirs publics, cette ville est bien évidemment à suivre de près. Et compte tenu des prix actuellement pratiqués, elle présente de fortes perspectives de plus-value. ” Quant à la périphérie carolo, l’offre reste également faible et est essentiellement centrée sur Courcelles, Châtelet et Fleurus.

Projet à la loupe : Les Haleurs à Ath

Ce projet développé par DCB est situé à Ath, le long de la chaussée de Mons, en bordure du canal Blaton-Ath. Ce nouveau quartier proposera 22 maisons dans la première phase et 36 appartements dans une seconde phase, dispersés dans quatre blocs d’appartements. Il a été dessiné par le bureau d’architectes A33, en collaboration avec le bureau Syntaxe. Le chantier a débuté en juillet et devrait être terminé au printemps 2019. L’ensemble du projet s’articule autour d’un parc paysager aménagé. Il est composé d’espaces verts, de larges zones de prairie naturelle, de sentiers et d’aires de jeu. ” Le cadre verdoyant et les vues sur le canal séduisent vraiment les candidats acquéreurs, précise Marjory Durieux, de l’agence Athimmo. On le voit par le fait que 75 % des logements ont déjà trouvé preneurs. C’est un projet d’envergure pour la région. ”

Xavier Attout

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