Anderlecht refuse le stade national: coup de poker ou coup de maître ?

/ © Jaspers-Eyers Studio

Le Conseil d’administration du Sporting d’Anderlecht, qui devrait être le club résident au futur Eurostadium, a rejeté jeudi soir le projet actuel d’occupation du stade. Une manière d’obtenir un accord plus avantageux ? À Moins que le club n’ait déjà obtenu ce qu’il voulait.

“Le Conseil d’administration a évalué de manière approfondie tous les éléments du dossier actuel et il a décidé que celui-ci n’était plus conciliable avec sa vision du développement à long terme du club”, précise le club dans un communiqué.

Le Sporting d’Anderlecht continuera cependant “de travailler afin de disposer d’installations modernes dans lesquelles les supporters pourront encourager leur équipe favorite dans les meilleures conditions”, précise le communiqué.

Coup de poker ?

Entre les lignes, les Mauves lancent donc un signal aux concepteurs du projet qui devront revoir leur copie s’il veulent attirer le club phare du football bruxellois, condition qui semblait sine qua non pour boucler leur dossier. Et rapidement, s’il ne veulent pas que le développement du projet d’un stade national sur le parking C prenne du retard.

“Notre porte est toujours ouverte et une reprise des négociations est donc toujours possible”, a en effet déclaré à cette occasion le porte-parole du club David Steegen.

C’est évidemment le prix demandé pour la location, jamais officiellement communiqué mais évalué à dix voire onze millions d’euros annuels, qui pose problème. “Le projet n’est pas à portée d’Anderlecht, ni financièrement, ni structurellement”, a précisé David Steegen. “Nous avons le devoir de rester rationnels dans cette affaire. C’est l’avenir du club qui est en jeu et vous pouvez dès lors évaluer l’importance de la décision finale qu’il faudra un jour prendre…”

Le président Roger Vanden Stock avait déjà tapé sur le clou lors de la présentation de l’équipe en juillet. “Il est ici question d’une location à un prix inédit en Europe”, avait-t-il souligné à l’époque. “Vous comprenez bien que dans ces conditions, on veut de solides garanties et aussi d’abord savoir ce qu’on va recevoir pour notre argent. L’engagement doit être à long terme. On a toujours l’ambition de nous installer dans cet Eurostadion, mais certainement pas à n’importe quel prix…”

Anderlecht avait signé, en juin, un pré-accord avec l’association BAM/Ghelamco visant à l’occupation dès la saison 2019-2020 de l’Eurostadium. Les parties devaient cependant encore se mettre d’accord sur les détails liés à cette occupation à long terme.

Coup de maître ?

Une autre éventualité serait que les ‘Mauve et Blanc’ ont déjà obtenu ce qu’ils voulaient. Dans la foulée de l’annonce de pré-accord entre la Ville et le club, on apprenait que la commune d’Anderlecht donnait son feu vert pour l’extension du stade Constant Vanden Stock.

Cette demande avait été formulée depuis des années et semblait perdue dans les méandres de l’administration. Le timing de cette autorisation a donc fait penser qu’il y avait un lien entre les deux décisions, malgré les propos du bourgmestre d’Anderlecht Eric Tomas (PS): “Nous avons traité ce dossier d’un point de vue urbanistique indépendamment de ce qui se déroule du côté de Grimbergen puisque le Sporting n’avait pas retiré sa demande de permis. Nous n’avons pas voulu fermer la porte. Le Sporting d’Anderlecht a désormais le choix d’aller à Grimbergen ou de transformer son stade.”

L’avenir nous dira si Anderlecht évoluera finalement à l’Eurostadium, auquel cas son coup de poker aura marché. Ou bien si les Mauves resteront dans leur enceinte Constant Vanden Stock, rénovée et agrandie, grâce à ce probable coup de pression sur les pouvoirs publics, ce qui devrait alors être considéré comme un coup de maître…

Cette dernière option ne compromettrait pas pour autant l’érection du nouveau stade. Le constructeur, Ghelamco, a en effet des garanties de partenaires privés pour le financement. Et puis, il sera facile d’arguer qu’il ne s’agit finalement que d’une perte d’occupation d’une trentaine de jours par an. Mais le temps presse, l’Euro 2020 démarre dans à peine quatre ans et demi.

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