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“If you can leave Belgium, run !”

La scène s’est déroulée vendredi dernier, lors du Trends Lunch qui se tenait dans un grand hôtel bruxellois. Patrick De Maeseneire, patron belge du premier groupe mondial d’intérim Adecco, était l’invité du jour. Traditionnellement, ces rencontres exclusives sont l’occasion, pour les CEO, de présenter leur société. Cette fois l’orateur, basé en Suisse, a souhaité également livrer son regard sur la Belgique.

La scène s’est déroulée vendredi dernier, lors du Trends Lunch qui se tenait dans un grand hôtel bruxellois. Patrick De Maeseneire, patron belge du premier groupe mondial d’intérim Adecco, était l’invité du jour. Traditionnellement, ces rencontres exclusives sont l’occasion, pour les CEO, de présenter leur société. Cette fois l’orateur, basé en Suisse, a souhaité également livrer son regard sur la Belgique.

Il n’y est pas allé par quatre chemins ! “If you can leave Belgium, run !”, a-t-il asséné. “J’emploie cette phrase à dessein, car il faut agir de toute urgence pour renforcer la position concurrentielle de la Belgique”, a-t-il confirmé à la chaîne de télévision Canal Z. L’information reprise sur Trends.be a fait l’objet d’un petit buzz et a alimenté largement les sites d’actualité et les forums de discussions.

Cette sortie isolée – en appelant notamment à une baisse de la fiscalité – mais préméditée, tombe au moment où le gouvernement commence à plancher sur un plan de relance économique. Elle fait mal à tous ceux et celles qui se battent pour protéger l’image de la Belgique. Détail piquant : celui qui conseille aux entreprises de quitter notre pays a été anobli en 2007… La formule peut paraître choquante ; sera-t-elle pour autant “électro-choquante” ?

Bien sûr, Patrick De Maeseneire ne vit plus dans notre pays. De là à penser qu’il n’est plus au fait de la réalité belge… Le baron alostois peut s’enorgueillir d’un curriculum affichant Arthur Andersen Consulting, Wang Belgium, Apple, Sunair, Airtour, VTM, Adecco une première fois et Barry Callebaut ; voilà qui donne de la crédibilité. Il a ses entrées dans bien des cénacles et est un des rares Belges à occuper une telle fonction dans une multinationale de cette envergure.

Dans une interview qu’il nous accordait en 2008, il affirmait qu’il reviendrait en Belgique, “un pays où il fait bon vivre”. Et d’ajouter alors que “les Belges pensent que les entreprises vont continuer à les apprécier parce qu’ils sont travailleurs” alors que “les Chinois travaillent très dur et se posent moins de questions” faisant allusion, par exemple, à la pertinence de maintenir dans le pays un double pécule de vacances et un treizième mois, inexistant pour les indépendants en Belgique ou pour les salariés en Suisse.

“Nous ne sommes pas suffisamment compétitifs et le chômage des personnes peu qualifiées est un gros problème auquel il faut s’attaquer”, a-t-il expliqué devant l’assistance invitée par Trends, en affirmant que seules la Grèce, l’Italie et l’Espagne font moins bien que la Belgique. L’Office Statistique Fédéral allemand a en outre indiqué mardi que, de toute l’Union européenne, c’est dans notre pays que le coût du travail est le plus élevé.

Fort de sa vision internationale, Patrick De Maeseneire affirme tout haut ce que d’aucuns pensent tout bas. Il est évidemment beaucoup plus libre dans ses propos que les patrons installés ici, majoritairement à la tête de petites entreprises, donc plus vulnérables, et très régulièrement liées au monde politique. Difficile dans ces conditions d’aller isolément à l’encontre de ses décideurs.

Cette sortie n’a en tout cas pratiquement pas généré de réactions dans les rangs politiques, tout à l’inverse des forums de discussions où les internautes se sont déchaînés en nombre. Il en ressort, un peu à l’instar des débats animant la campagne présidentielle française, que la société belge se morcelle, tant les visions exprimées sont opposées. Même si ce type d’espace virtuel n’a aucune valeur d’échantillon scientifique, il n’en demeure pas moins que la colère gronde, quel que soit le modèle de société souhaité, que le découragement gagne du terrain, et que les témoignages des entrepreneurs exilés dénotent dans cette morosité ambiante. Comme pour donner raison à la formule lapidaire de Patrick De Maeseneire. Attention, il y a urgence !

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