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‘Une belle leçon de résilience et un démenti au défaitisme ambiant’

En mai prochain, le groupe télécom Orange lancera officiellement sa banque en France, avant de la lancer chez nous en 2018. Ce sera la première fois en Europe qu’un opérateur quittera son business traditionnel pour aller taquiner les banques sur leur propre terrain.

Quitter son territoire pour aller chercher des revenus ailleurs est devenu une mode aujourd’hui. Amazon ou Google l’ont très souvent démontré. Apple également, car après tout, si au départ l’iPhone était un téléphone intelligent, il a en fin de compte tué plusieurs fabricants d’appareils photo, de CD, de DVD, de livres, de GPS et que sais-je encore. Bref, l’iPhone ou le smartphone est petit, mais c’est un serial killer, un assassin silencieux.

S’ubériser soi-même plutôt que d’attendre le coup fatal d’un nouvel Uber

Par ailleurs, les grandes entreprises savent aujourd’hui qu’elles ne sont plus à l’abri d’une start-up qui, à tout moment, peut les évincer de leur marché ou leur tailler des croupières. Les compagnies aériennes traditionnelles se battent chaque jour contre les compagnies low cost. Quant au groupe hôtelier Accor, qui regroupe des marques aussi différentes que Formule 1, Ibis, Mercure ou Sofitel, il se bat chaque jour contre les Booking.com et autre AirBnb. Accor le fait en rachetant des start-up prometteuses, donc en acceptant de s’ubériser soi-même plutôt que d’attendre qu’un nouvel Uber de l’hôtellerie ne lui donne le coup fatal.

Dans le même registre, BNP Paribas et toutes les banques savent qu’elles ne peuvent pas se faire ubériser du jour au lendemain. Le secteur est trop compliqué, trop réglementé et trop basé sur la confiance pour qu’une start-up, de type Uber, surgisse de nulle part et détruise entièrement le métier. En revanche, des centaines de start-up spécialisées dans le domaine financier – on les appelle des Fintechs – ont compris qu’elles pouvaient s’intercaler entre la banque et ses clients, en leur proposant de nouveaux usages à des prix concurrentiels. Bref, à défaut de prendre le business de la banque, ces Fintechs peuvent prendre une partie plus ou moins juteuse de ce business bancaire.

C’est le cas du Compte-Nickel, un compte bancaire sans banque. Ouvert en France auprès de tous les buralistes, ce Compte-Nickel était destiné au départ aux exclus bancaires, mais il a réussi à séduire une clientèle plus large. Au point que BNP Paribas vient de le racheter pour une somme inconnue, mais que certains estiment à un milliard d’euros. Ce rachat, sans doute la plus grosse opération du genre en Europe, démontre que des mastodontes comme BNP Paribas n’hésitent pas à acheter les compétences et les marchés qu’elles ne possèdent pas.

Au passage, je tiens à féliciter les deux fondateurs de Compte-Nickel. Hugues Le Bret était l’ancien responsable communication de la Société Générale et il s’est lancé à son propre compte avec Ryad Boulanouar, qui reste discret dans ce deal, mais qui a mis ses talents informatiques et mathématiques au service de Compte-Nickel, une prouesse en matière de paiements électroniques instantanés. Les voilà aujourd’hui tous les deux multimillionnaires. L’un fils d’immigrés algériens et l’autre Français de souche, mais qui a su rebondir après les déboires de l’affaire Kerviel dont il avait dû s’occuper lorsqu’il dirigeait la com de la Société Générale. Chapeau bas, car dans les deux cas c’est une leçon de résilience et un démenti au défaitisme ambiant !

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