Uber accusé de sexisme: l’enquête confiée à un ex-ministre d’Obama

© Reuters

Le service américain de réservation de voiture avec chauffeur Uber a recruté Eric Holder, ex-ministre de la Justice de Barack Obama, pour enquêter sur les conditions de travail dans l’entreprise et tenter d’endiguer le scandale créé par les accusations d’une ancienne salariée.

Susan Fowler, une ingénieure ayant travaillé jusqu’à la fin d’année dernière pour Uber, avait publié dimanche un article sur son blog personnel expliquant pourquoi elle en était partie, disant avoir été victime de harcèlement sexuel et dénonçant le sexisme au sein de l’entreprise. Le patron-fondateur d’Uber, Travis Kalanick, avait immédiatement annoncé une “enquête urgente”.

Dans un courriel envoyé lundi aux salariés et consulté par l’AFP, Travis Kalanick précise qu’Eric Holder et une autre avocate du cabinet Covington & Burling, Tammy Albarran, vont mener “un examen indépendant des problèmes spécifiques liés à l’environnement de travail soulevés par Susan Fowler, ainsi que plus généralement sur la diversité et l’inclusion (sociale) chez Uber”.

Ils seront aidés par Arianna Huffington, qui siège au conseil d’administration, ainsi que par deux responsables de l’entreprise, Liane Homsey (à la tête des ressources humaines depuis quelques mois) et Angela Padilla (chargée des questions légales).

Sexisme à la Silicon Valley

Susan Fowler a raconté avoir reçu des propositions sexuelles d’un supérieur qui, malgré son signalement aux ressources humaines, n’a pas été sanctionné. Elle dit avoir entendu par la suite d’autres salariées raconter des histoires similaires, affirme avoir été découragée de signaler d’autres comportements ou commentaires sexistes, et avoir vu sa promotion bloquée par des modifications sans justification de ses évaluations.

D’après elle, le pourcentage de femmes dans le service est passé de 25% à 3% entre son arrivée et son départ, en conséquence notamment du “sexisme au sein de l’organisation”.

Travis Kalanick a indiqué pour sa part lundi que dans les fonctions d’ingénierie, de gestion de produit et scientifiques, 15,1% des salariés d’Uber sont des femmes. Ce taux “n’a pas changé substantiellement sur l’année écoulée”, assure-t-il, le comparant à 17% chez Facebook, 18% chez Google et 10% chez Twitter.

L’affaire relance les débats sur le sexisme supposé de la Silicon Valley, régulièrement critiquée pour son manque de diversité sociale. Comme les noirs et les hispaniques, les femmes sont sous-représentées parmi ses salariés du secteur technologique comparé à leur part dans la population.

Uber est habitué des controverses, mais les accusations de Susan Fowler ont relancé les appels à ce que les utilisateurs suppriment leurs comptes et se tournent vers d’autres services similaires, en particulier sur Twitter avec le mot clé #DeleteUber.

Ce dernier avait déjà été utilisé plus tôt ce mois-ci pour dénoncer la réponse jugée trop tiède d’Uber au décret anti-immigration de Donald Trump, conduisant Travis Kalanick à démissionner d’un forum stratégique de dirigeants d’entreprises chargé de conseiller le président américain.

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