Tablettes : la Playbook est-elle pour vous ?

RIM, le fabricant du BlackBerry, a tenté sa chance sur le marché des tablettes avec un produit baptisé Playbook. Jusqu’ici, les ventes sont décevantes. Nous avons tenté de voir comment se comporte cet outil à l’usage.

Difficile de faire face au raz de marée Apple sur un secteur que la marque à la pomme a quasiment inventé : les tablettes. Le succès des iPad ne tient pas tant à la qualité de leur matériel qu’au vaste marché applicatif disponible via un App Store bien fourni. Toutefois, la concurrence s’organise. Des constructeurs tels Samsung, Acer ou bien LG se sont lancés dans l’aventure, faisant appel au système d’exploitation Android, dont le respectable Market Place (son marché d’applications) reste cependant en deçà de son potentiel.

Alors, quand Research in Motion (RIM) présente une tablette – la BlackBerry Playbook – basée sur un système d’exploitation alternatif, dénommé QNX pour lequel aucune application n’existe vraiment, des voix inquiètes se font entendre quant à la viabilité de la chose. Et on les comprend.

Pourtant, la Playbook (dont le prix devrait être prochainement revu à la baisse) possède quelques atouts.

Un côté pro évident

Dès la prise en main, on sent que la Playbook est bien mal nommée. Robuste et austère, elle ne donne pas franchement envie de jouer. Le fait est qu’elle plaira en premier lieu à ceux qui cherchent une tablette sérieuse pour leur activité professionnelle. Le choix du système d’exploitation QNX, directement dérivé des OS temps-réel exploités dans l’automobile, l’aéronautique et l’automatisation industrielle, est plus que révélateur. Sa stabilité est à toute épreuve.

A l’essai, la machine se montre des plus fiables, même en lançant de multiples lectures de films HD en parallèle de jeux vidéo en 3D. Au bout d’un certain temps à ce régime évidemment, le système multitâche commence à ralentir, mais sans jamais handicaper l’utilisateur. C’est vraiment impressionnant.

Côté connectivité, RIM a fait un choix original également. La connexion 3G requiert un téléphone BlackBerry à proximité. La sécurité des données est en effet le principal mot d’ordre du constructeur. Ainsi la connexion, appelée BlackBerry Bridge, exige de l’utilisateur qu’il scanne un QR-code (code barre 2D) avec son téléphone puis entre un code secret afin d’associer les jeux. Si vous perdez votre tablette, pas de souci : les données ne sont plus accessibles sur la Playbook dès que le téléphone s’éloigne, un raffinement qui séduira indéniablement les utilisateurs en entreprise.

Côté applications, BlackBerry est à la traîne. On en trouve environ 1.500 vraiment dédiées à la tablette sur le magasin en ligne de la marque. Le constructeur a cependant annoncé la mise à disposition d’un outil de portage des applications Android sous QNX, qui devrait faciliter la vie des éditeurs de logiciels.

A l’épreuve du terrain

Au delà de notre essai, rien de tel qu’un retour utilisateur pour se faire une idée des capacités de l’engin. Nous avons rencontré Serge Van Belle, chef de projet indépendant chez Complexis Management et utilisateur de cette fameuse tablette. “Je n’étais pas enclin à céder à une mode ou à un objet trendy, j’utilise essentiellement un terminal pour un usage professionnel et les produits RIM correspondent plus à mes spécificités”, confie-t-il.

Par rapport à l’iPad, “l’aspect sécurité a joué un rôle primordial dans mon choix. En cas de perte, agenda, mails et contacts restent inaccessibles”. Autre atout important, “la taille de la tablette la rend moins encombrante, plus maniable. Elle semble aussi plus solide face à un choc éventuel.”

A l’usage, tout n’est pas parfait. Notre interlocuteur reconnaît que la tablette est “parfois lente”. La Playbook hérite également de l’ergonomie déroutante des téléphones BlackBerry. “La structure de menu n’est pas toujours évidente. Il manque par exemple un simple bouton d’ouverture de menu contextuel. Ou, quand on fait une faute de frappe, la possibilité d’avoir une flèche pour se déplacer facilement dans le texte. Autre détail absurde, l’application “Message” ne permet pas de lire ou envoyer des SMS. Si on reçoit un texto, on doit toujours sortir son téléphone pour le lire et y répondre.” C’est franchement dommage.

Quid du marché applicatif ? Pour Serge Van Belle, “l’offre d’applications s’est singulièrement enrichie. La structure de l’App World de BlackBerry s’est étoffée et j’ai trouvé toutes celles dont j’avais besoin ; mais je ne suis pas non plus un geek absolu…”

Un processeur Nvidia

La tablette Playbook cache dans ses entrailles plus d’une originalité. Alors que la plupart des tablettes Android utilisent un processeur Nvidia, RIM a fait appel à une puce ARM Cortex A9, cadencée à 1 GHz. Côté mémoire de travail, on a droit à 1 GB, de quoi faire tourner la plupart des applications. Le stockage varie selon le modèle : de 16 à 64 GB, mais attention, il n’est pas possible de l’étendre faute d’emplacement pour carte mémoire.

Pour le reste, on trouve une connexion Wi-Fi, une puce GPS et quelques connecteurs pratiques, comme une prise micro-HDMI, bien utile quand il s’agit de connecter un vidéoprojecteur en réunion et une entrée USB. Reste à parler de l’écran : avec ses 1.024 x 600 points, la tablette affiche une finesse de rendu très appréciable. Sans être excessive, la luminosité est suffisante pour une lecture en plein jour. Enfin, sachez que l’autonomie oscille entre six et sept heures selon l’usage.

Benoît Dupont

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