Spotify, Deezer et Simfy : qui va gagner la guerre du streaming?

Les sites légaux d’écoute musicale débarquent en Belgique. Leurs offres commerciales sont quasiment identiques. Le match se gagnera sur des détails.

Coup sur coup, Simfy, Deezer et Spotify viennent d’annoncer leur arrivée sur le territoire belge. Jusqu’à présent inaccessibles dans notre pays, ces platesformes proposent de la musique en ligne, à écouter en streaming (lecture continue). Contrairement aux nombreuses plates-formes pirates qui pullulent sur le net, ces sites sont dans les clous légaux. Ils ont en effet signé des accords avec la Sabam (Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs) afin de reverser des droits d’auteur aux artistes diffusés en ligne. Pour proposer un catalogue alléchant, ils ont aussi dû négocier avec les majors, qui détiennent le pouvoir dans l’industrie du disque. Universal, Sony Music, EMI et Warner Music ont imposé leurs conditions aux sites de streaming. Résultat : les catalogues (13 millions de titres) de Simfy, Deezer et Spotify sont en tous points identiques. Et les tarifs des abonnements se ressemblent comme trois gouttes d’eau (voir tableau).

Comment ces frères siamois, champions locaux dans leur pays d’origine, parviendront-ils à se départager sur un marché belge du streaming musical devenu en quelques semaines hyper concurrentiel ? “C’est vrai que nous avons tous quasiment le même catalogue au même prix, reconnaît Fabrizio Gentile, directeur de Deezer Benelux. Ce qui nous différencie de nos concurrents, c’est l’interface, les recommandations que nous adressons à nos utilisateurs. Deezer est géré par des amoureux de la musique. Je confectionne moi-même les suggestions de radios musicales.” Cet ancien du label belge PIAS met aussi en avant l’absence de publicité dans l’offre de Deezer. En France, le site propose pourtant une version gratuite, avec coupures publicitaires entre les chansons. Changement de cap pour les développements à l’étranger, en Belgique et au Royaume-Uni : Deezer ne proposera que des offres payantes. “C’était plus facile pour arriver à un accord avec les maisons de disques”, explique Fabrizio Gentile.

Spotify est marié avec Facebook

Simfy et Spotify proposent de leur côté un “produit d’appel” (20 heures de streaming gratuit par mois) avec l’espoir de convertir un maximum d’utilisateurs. Du côté de Spotify, on met aussi en avant la “facilité de créer et gérer des playlists”, mais aussi de les “partager”. Le site suédois, présent dans une douzaine de pays, a en effet conclu un partenariat avec le géant américain Facebook. Pour ouvrir un compte Spotify, obligation de passer par le réseau social. Un principe qui peut énerver, mais qui a permis de propager rapidement la notoriété du site de streaming. Dès l’annonce de ce partenariat, il n’a fallu que quelques jours à Spotify pour gagner un million de nouveaux utilisateurs. A l’échelle belge, Deezer a fait un calcul plus ou moins comparable. Le site français s’est associé avec Belgacom, premier opérateur télécom en Belgique, “pour bénéficier de sa force de frappe”, indique Fabrizio Gentile. Belgacom, partenaire exclusif de Deezer, devrait intégrer dans certains de ses abonnements l’offre de streaming.

Si Simfy paraît moins bien positionné, Deezer et Spotify semblent avoir les meilleures cartes en main pour dominer le marché belge… mais aussi le marché mondial. Un marché en forte progression, qui compte aussi une kyrielle d’acteurs alternatifs comme Musicme, Grooveshark ou Jiwa. D’après le consultant Gartner, le marché du streaming musical progressera de 50 % en 2011 pour atteindre 532 millions de dollars.

GILLES QUOISTIAUX

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