Public cible : 2,2 milliards de mordus de foot

© Photonews

Près d’un an après le lancement de son réseau social consacré au ballon rond, la start-up belge BlueTalk peut se targuer de compter Benfica et l’AS Roma parmi ses membres. Supporters, clubs, sponsors : tout le monde s’y retrouve. Mais BlueTalk parviendra-t-elle à suivre le rythme ?

Voici près d’un an, BlueTalk, spécialiste des applications mobiles, ferrait son premier gros poisson. Benfica était en effet le premier club de foot à intégrer le réseau social belge TeamBlogger.eu, un produit de BlueTalk, au bénéfice de ses quinze millions de fans dans le monde. Le club portugais avait rapidement été imité par l’AS Roma, le club turc Bursaspor et un autre club portugais, Braga.

Plus de 10.000 mordus de foot chattent quotidiennement sur le réseau et sont informés en temps réel des résultats, cartons jaunes et autres nouvelles de leur club favori. Le nombre de fans et membres du réseau promet d’exploser cette année. Quatorze grands clubs européens négocient en effet leur affiliation.

Dans la cour des grands

Frederic Schroyens, le fondateur de BlueTalk, et Luc Jacobs, business development & strategy manager, ont d’emblée visé haut en s’adressant aux grands clubs de foot. “Un club qui compte moins d’un million de fans ne présente aucun intérêt pour nous”, déclare Luc Jacobs. “Nous faisons néanmoins une exception pour les clubs belges.” Comment le duo s’y prend-il pour atteindre le président d’un club comme Barcelone ? “Au cours des dix-huit derniers mois, nous avons accumulé les contacts dans le milieu du foot. Et de contact en contact, nous arrivons à grimper les échelons, en exploitant au mieux les possibilités de LinkedIn, en achetant des fichiers reprenant les données des décideurs dans le secteur et en entrant en relation avec les agents les mieux placés.”

Le système permet aux clubs de communiquer avec leurs fans, argumente Luc Jacobs. “Le président de Barcelone nous a révélé que son club compte plus de 300 millions de fans dans le monde, mais qu’hélas, il ne connaît pas leur profil. Un réseau social fournit cette information et offre aux clubs la possibilité de vendre du contenu à leurs supporters.”

Les fans des clubs régionaux, provinciaux ou non affiliés peuvent faire du networking via le TeamBlogger général. “Dès qu’un club compte 5.000 supporters, par exemple, nous pouvons lui proposer la création d’un réseau personnalisé.”

Une plate-forme pour les sponsors

La possibilité de rassembler des données sur les habitudes et les préférences des supporters constitue sans aucun doute une perspective plus intéressante encore pour les sponsors. “Certes, un sponsor tel qu’AB Inbev peut atteindre un large public, mais il lui manque des informations de qualité sur ce groupe-cible. Sur notre plate-forme, il peut communiquer avec les amateurs de foot et soutenir ainsi ses ventes.”

A eux seuls, les chiffres relatifs au groupe-cible sont des plus alléchants. La Fifa estime à 2,2 milliards le nombre de mordus de foot dans le monde et l’Europe en compterait 400 millions. Qui paie pour les atteindre ? Tout dépend du deal : tantôt l’utilisateur, tantôt un sponsor ou TeamBlogger même. “C’est un peu comme pour les droits de retransmission télé. Il s’agit surtout de conclure un bon contrat avec les clubs et les détenteurs de licence. Ils fournissent par exemple la communication et leur marque, nous mettons notre technologie à leur disposition.”

Un train auquel accrocher son wagon

La plate-forme, basée sur la technologie Facebook, a coûté jusqu’à présent la bagatelle de 2 à 3 millions d’euros, financés par les fondateurs, des investisseurs privés et les revenus générés par l’entreprise. A présent que le nombre d’utilisateurs augmente, BlueTalk doit multiplier les serveurs. De plus, chaque nouvel accord avec un club requiert du temps et de l’argent.

Par ailleurs, BlueTalk peut réaliser des économies sur le plan de la communication puisqu’outre les clubs de foot, Nokia investit désormais dans TeamBlogger, à qui elle réserve une place prééminente dans sa boutique en ligne. Et l’application footballistique devrait jouer un rôle de premier plan dans la nouvelle plate-forme de développement logiciel Qt. Cet investissement s’inscrit dans la stratégie générale de Nokia.

A la recherche de 3 millions d’euros

Il est clair que le duo d’entrepreneurs n’a pas peur des limites. Le logiciel contient toutes les leçons que BlueTalk a tirées au cours des projets de marketing auxquels elle a été associée ces dernières années. Il est convivial, rapide, et il peut supporter des millions de connexions simultanées dans plusieurs langues, pour des sports et des communautés différents. Mais l’entreprise nominée pour les Technology Fast50 par Deloitte ne s’emballe pas : “Nous avons été approchés par les détenteurs des droits de plusieurs compétitions américaines, et nous sommes en contact avec la fédération mondiale de badminton et avec la formule 1. Bien que tous ces projets soient parfaitement réalisables, nous nous concentrons pour le moment sur le seul football européen.”

L’équipe de dix collaborateurs a déjà du mal à suivre le rythme. L’entreprise cherche d’urgence à embaucher trois ou quatre programmeurs supplémentaires pour mener les projets en cours à bonne fin. Pour faire face au multilinguisme du système, elle recherche notamment des collaborateurs parlant l’arabe, le turc ou le thaï.

Pourtant, les grands projets ne doivent pas rester trop longtemps au frigo. D’ici trois à six mois, BlueTalk prévoit de lancer un nouveau tour de financement. Et comme elle cherche à lever 1,5 à 3 millions d’euros, elle est contrainte, affirme-t-elle, de s’adresser à des investisseurs étrangers. “Pour un capital-risqueur belge, 250.000 euros constituent déjà une somme considérable. Il suffit de prendre le Thalys pour décrocher, à Paris, un million d’euros au moins.” Lorsque le financement sera bouclé, il ne faudra plus longtemps à l’entreprise pour réaliser son rêve et ouvrir des bureaux dans la Silicon Valley et en Asie. BlueTalk veut être rentable dès le début de 2012.

Hans Hermans

Zamante.com : le futur LinkedIn du foot ?

Si TeamBlogger ambitionne de devenir le Facebook du foot, Zamante a fait le choix de calquer LinkedIn. Cette start-up, lancée voici trois mois par Kurt Tuypens et Wim Walraevens, deux anciens créatifs de Duval Guillaume, entend stimuler les carrières dans le foot et favoriser les transferts en ligne. Joueurs actifs, entraîneurs, agents, collaborateurs des clubs et recruteurs peuvent se créer une page de profil, se mettre sous les feux des projecteurs ou contacter des joueurs prometteurs. Aux côtés de quelques particuliers comme Bart Becks (SonicAngel), les fondateurs ont investi au total 500.000 euros. A terme, les revenus devront provenir des annonceurs, dont la communication ne pourra concerner que le monde du football, des membres premium (50 euros de cotisation par an) et des clubs (150 euros par an).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content