Prêt à payer plus pour votre tablette ?

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Les tablettes s’imposent comme “le” joujou high-tech de 2012. Tout bénéfice pour les constructeurs qui proposeront des appareils point trop coûteux. Car le prix, plus que jamais, sera le nerf de la guerre d’un segment qui pourrait bien phagocyter tous les autres.

On savait que le possesseur d’une tablette électronique dépensait, en moyenne, davantage que les autres internautes sur les sites d’e-commerce. On sait désormais que l’amateur de gadgets électroniques est prêt à mettre de plus en plus d’argent sur la table pour s’offrir sa prochaine tablette.

Le consommateur européen est prêt à débourser entre 250 et 350 dollars pour une tablette numérique, selon une étude du Boston Consulting Group. Soit 100 dollars de plus qu’un an plus tôt (2010). Il n’est même pas le plus généreux – ou le plus dispendieux, c’est selon – des geeks du monde, puisque les Chinois – ceux que le BCG a interrogés, du moins : des internautes situés dans les grandes villes – forts de leur classe moyenne de plus en plus aisée et assoiffée de produits occidentaux, mettraient 280 à 440 dollars pour l’objet de leur désir, soit 185 dollars de plus qu’en 2010.

Le consommateur américain, du coup, fait pâle figure, avec un fourchette de 140 à 240 dollars (+ 35 dollars). Le prix reste donc bien le nerf de la guerre pour les produits high-tech. Ce que confirme Dominic Field, partner au sein du Boston Consulting Group et co-auteur de l’étude : “L’iPad est génial mais cher pour beaucoup de gens. Les premiers chiffres indiquent que le Kindle Fire d’Amazon, affiché à 199 dollars aux Etats-Unis, a trouvé la bonne niche.”

D’autres fabricants ciblent cette zone, cependant, ainsi qu’on l’a pu remarquer au dernier salon CES de Las Vegas, avec des tablettes dévoilées à des prix compris entre 170 et 250 dollars. Loin, très loin de l’iPad qui, s’il crée toujours l’engouement auprès du public, se commercialise à 499 dollars pour le modèle d’entrée de gamme.

Conclusion : même si les consommateurs revoient leurs possibiltiés financières à la hausse, les fabricants doivent consentir un effort supplémentaire pour faire baisser la facture finale et rencontrer leur public.

Les 2 obstacles à l’expansion des tablettes dans les entreprises

L’enjeu est de taille. Car les tablettes et autres e-readers (du type Kindle) commencent sérieusement à entamer les parts de marché des PC, ordinateurs portables et autres netbooks, révèle encore l’étude du BCG. La moitié des consommateurs interrogés prévoient ainsi de s’offrir une tablette plutôt qu’un netbook, un tiers plutôt qu’un PC ou qu’un portable. La proportion est un peu moindre pour les liseuse électroniques.

Parmi les actuels propriétaires d’une tablette, entre le tiers et la moitié jugent que celle-ci remplacera, à terme, leurs autres matériels informatiques.

Si Apple devrait, selon le cabinet d’analystes Forrester, vendre pour 15 milliards d’euros de matériel (iPad et Mac) aux entreprises cette année, deux gros obstacles se dressent pour une utilisation vraiment professionnelle de la tablette, toujours selon le Boston Consulting Group : l’absence de plateforme proprement Windows et la vitesse de ces appareils, encore trop faible au goût des sondés.

Plus d’un Américan sur quatre possède une tablette ou une liseuse électronique

Cela n’a pas empêché les tablettes et e-readers de voir leurs ventes flamber durant les fêtes de fin d’année 2011. Selon l’enquête du Pew Research Center, plus d’un Américain sur quatre détient au moins l’un de ces deux appareils multimédias : 29 %, pour être plus précis. Soit un bond de 11 points entre décembre 2011 (18 %) et janvier 2012.

Cette quasi-épidémie est surtout présente parmi la population affichant les meilleurs niveaux d’éducation et celle dont les revenus dépassent 75.000 dollars. Par exemple, plus du tiers des Américains vivant dans un foyer gagnant plus de 75.000 dollars détiennent une tablette. Les ventes de liseuses électroniques ont par ailleurs crû plus drastiquement chez les femmes (21 % en possèdent une) que chez les hommes (16 %).

Selon Pew, ces résultats “ont des implications majeures pour les entreprises actives dans les médias, et particulièrement les maisons d’éditions, celles actives dans le business de la connaissance, et certains institutions-clés comme les bibliothèques. Ils montrent à quel point de radicalité les plaques tectoniques de la création et de la dissémination de l’information se déplacent sous nos pieds.”

De quoi donner raison à Apple, qui vient de l’ancer l’iBooks 2 for iPad. Une application gratuite supposée, rien de moins, révolutionner le secteur des manuels scolaires. Et, pourquoi pas, la manière d’apprendre dans un monde hautement connecté et tactile. Un secteur où Amazon est déjà bien présent mais que la firme à la pomme pourrait quasiment s’approprier.

Vincent Degrez

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