Pourquoi le TouchPad de HP n’est pas une menace pour l’iPad

© HP

Un système d’exploitation avec de bonnes idées, mais des faiblesses techniques et un catalogue d’applications riquiqui. La tablette de HP sous WebOS a du potentiel, mais difficile de penser que ce sera suffisant. Test en vidéo et analyse des forces et faiblesses.

HP vient de lancer sa première tablette sous le système d’exploitation WebOS, le TouchPad. Contrairement à la majorité des concurrents de l’iPad qui fonctionnent sous l’OS de Google Android, HP compte sur son propre OS, celui de Palm (racheté en 2010), pour se différencier. Ses spécificités seront-elles suffisantes pour faire préférer HP aux consommateurs?

L’écran du TouchPad mesure 9,7 pouces, soit presque exactement la taille que l’iPad 2 (9,5 pouces), et un peu plus petit que le Galaxy Tab et le Xoom (10,1 pouces). Il sera vendu 479 euros pour la version Wi-Fi 16Go, et 599 euros pour la version Wi-Fi 32 Go.

Les points forts

Avec WebOS, HP promet “un vrai multitâches”. Il est possible de laisser ouvertes plusieurs applications simultanément, qui tournent en arrière plan et se regroupent par type d’activité. Par exemple : un groupe de pages de navigateur, ou un groupe constitué de la boîte email et des pages web ouvertes via des liens contenus dans les mails.

Une barre de recherche toujours accessible permet de démarrer une tâche sans ouvrir d’application. Il suffit ensuite de cliquer sur une ou plusieurs applications pour déclencher l’action. Exemple : effectuer une recherche sur le web en choisissant le moteur de recherche, envoyer un mail avec l’objet prérempli en choisissant la messagerie, effectuer une recherche dans la mémoire de la tablette, etc.

Un système baptisé Synergy rassemble et synchronise des données venant de divers endroits : les photos postées sur Facebook, Snapfish et Photobucket dans l’application photos ; les contacts de Facebook et Skype dans le carnet d’adresses ; les événements Facebook dans le calendrier ; les messages SMS sont stockés au même endroit que les conversations en messagerie instantanée Google Talk ; on peut répondre aux commentaires d’une photo postés sur Facebook directement dans l’application Photos ; etc.

Le TouchPad est capable de communiquer “par induction”, au contact d’un autre matériel. Cela permet de recharger la batterie sans branchement (79 euros le chargeur), ou de transférer des données sur un smartphone WebOS.

La tablette de HP prend en charge le Flash et dispose d’un port USB standard. L’autonomie de la batterie est bonne.

Les points faibles

HP se repose un peu trop sur les “bientôt” : bientôt la 3G (d’ici fin 2011), plus tard l’élargissement des circuits de distribution (dans un premier temps, en France, la tablette ne sera disponible que sur internet et dans les Fnac), dans un deuxième temps la possibilité de modifier des documents Office (dans un premier temps, on ne peut que les consulter), dans un avenir proche la croissance du catalogue d’applications…

Le TouchPad se révèle plus lent que l’iPad pour ouvrir des applications ou basculer de la lecture verticale à la lecture horizontale.

Avec un poids de 740g, on sent vraiment la différence avec les 601g de l’iPad2, et les moins de 600g du nouveau Galaxy Tab (dans sa version la plus grande).

Une tablette ne sert à rien sans applications : or, malgré les efforts louables de HP, comme celui de développer lui-même une application Facebook adaptée à sa tablette (ce que n’a pas l’iPad), celle-ci est lancée avec un catalogue de 300 applications spécifiques, et 7500 applications disponibles au total. L’iPad en a 100 000 (500 000 avec les applications iPhone) et les développements sont rapides (+65 000 depuis avril avril), et Android en propose 1300 (200 000 avec les applications smartphone). A son lancement, le TouchPad ne proposera que 26 applications en Français (dont Lastminute, Allociné, des titres de presse, Facebook, Angry Birds et de la VoD en streaming made in Warner).

Sur la musique, HP est faible. Un service de musique en streaming et en téléchargement sera proposé au départ aux Etats-Unis seulement. En face, il y a les services cloud de Google Music et iTunes. Les clients de HP n’auront pas d’autre choix que de synchroniser leur bibliothèque musicale avec leur ordinateur. Toujours sur les contenus, beaucoup de formats vidéo et musicaux ne sont pas supportés, comme le DivX.

Le transfert de contenus entre un smartphone sous WebOS et la tablette, simplement en touchant les deux appareils, est alléchant. Malheureusement, pour l’instant seuls deux smartphones peu vendus sont compatibles : le Pre 3 et le Veer.

Enfin, il est impossible de prendre des photos ou des vidéos avec le TouchPad. Vu la qualité des photos prises par l’iPad 2 ce n’est pas un vrai inconvénient, mais cela peut démotiver certains acheteurs.

HP dispose-t-il d’atouts suffisants pour déclencher l’acte d’achat ?
La plupart des tests s’accordent à dire que WebOS montre de bonnes idées. Cependant, il en faudrait plus pour que le TouchPad soit un concurrent sérieux de l’iPad, qui s’est vendu à 25 millions d’exemplaires.

HP déclare mener une “stratégie de long terme”, affirmant vouloir porter WebOS sur l’ensemble de ses matériels et réfléchir à commercialiser des licences. Mais les consommateurs, eux, ne réfléchissent pas comme ça quand ils achètent une tablette.

Ce n’est probablement pas la campagne de communication qui s’annonce assez énorme, avec David Guetta pour incarner le produit en télévision, qui amènera le grand public vers le TouchPad. Hp devra avant tout compter sur sa part de marché dans les ordinateurs fixes et portables, qui s’élevait à 27,6% en France au 1er trimestre. Les consommateurs pourraient être tentés de rester fidèle à la marque. A cet égard, HP réfléchit à sa stratégie de commercialisation en magasins. Les tablettes seront peut-être mises en scène avec les ordinateurs et non les tablettes.

HP a peut-être une meilleure carte à jouer avec les professionnels. “Les responsables des systèmes d’information ne peuvent pas intégrer n’importe quel terminal, explique Pascale Dumas, directrice générale de HP pour les Systèmes personnels. La notion de cohésion est importante pour les grands clients.” Les pros apprécieront la possibilité d’effacer les données de la tablette à distance en cas de perte ou de vol, sachant qu’elles peuvent être récupérées grâce aux sauvegardes automatiques effectuées dans le cloud.

C’est certainement parce qu’il est conscient de toutes ces difficultés que HP ne se mouille pas en n’annonçant aucun objectif chiffré, se contentant de viser le top 3 (alors que pour l’instant le marché se résume peu ou prou à Apple et Samsung).

Le TouchPad sera disponible ultérieurement cette année en Italie, en Espagne, en Autriche, à Hong Kong, en Nouvelle Zélande et à Singapour.

Par Raphaële Karayan et Emmanuel Paquette

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