Pourquoi HP a décidé de garder ses PC

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Interview-vérité sur la valse-hésitation de HP concernant l’avenir de sa division PC : Todd Bradley, responsable de la division, tacle Léo Apotheker et explique pourquoi le spin-off était impossible. Il croit aux tablettes HP… sous Windows 8.

Marche arrière toute. Trois mois après l’annonce de son désengagement du marché des PC, HP décide finalement d’y rester. C’est la première décision majeure de Meg Whitman, l’ancienne n° 1 d’eBay qui a remplacé Léo Apotheker à la tête du premier groupe informatique mondial en septembre dernier. Il faut dire que Personal System Group (PSG) est la plus grosse division de HP, avec un chiffre d’affaires d’environ 30 milliards de dollars sur les neuf derniers mois et 1,8 milliard de profits. En exclusivité pour LExpansion.com, Todd Bradley, le responsable de la division PC chez HP, revient sur cette saga qui a commencé cet été.

Pourquoi garder votre division PC ?

Apres quatre semaines d’analyse intense, on s’est rendu compte que cela reviendrait beaucoup trop cher pour HP d’essayer de séparer la division PC du reste du groupe. On estime ce coût initial à environ 1,5 milliard de dollars. Cette somme prend en compte la création d’une nouvelle marque, d’une entité légale séparée, d’un nouveau système informatique, etc. Bref, tout ce qui est nécessaire pour créer une nouvelle entreprise de toutes pièces. Ensuite, il y a les synergies au sein de HP, qui sont évaluées à 1 milliard de profits annuels. Des synergies liées à l’achat des composants et aux coûts de fabrication, mais aussi à la vente de systèmes informatiques aux entreprises. Le fait de fabriquer des PC nous permet d’entrer plus facilement chez un client pour ensuite lui proposer des serveurs, du logiciel et des services. Une offre de bout en bout attirante pour nos clients.

Avez-vous considéré la vente de cette division, évaluée par certains analystes à 8 milliards de dollars ?

Nous n’avons pas eu besoin d’aborder le sujet durant notre analyse. Les coûts pour HP d’une telle séparation étaient prohibitifs, sans compter les perturbations chez nos clients et nos partenaires.

Sachant cela, pourquoi avoir même émis l’idée d’arrêter de faire des PC ?

Je vous avouerai que je n’avais pas été consulté lorsque la décision initiale (par Léo Apotheker, NDLR) a été prise. Mais mon but aujourd’hui, est qu’une telle erreur ne se reproduise plus. Je le dois à mes collègues, aux clients et aux actionnaires.

HP va-t-il aussi revoir sa stratégie concernant les tablettes et les smartphones ?

Le marché des tablettes est évidemment très important. Et nous y sommes déjà présents avec une tablette Windows pour le marché de l’entreprise, la Slate (dont une nouvelle version est sortie cette semaine, NDLR). Mais ce qui m’enthousiasme le plus, c’est l’arrivée de Windows 8, qui va nous permettre de proposer une gamme de tablettes vraiment compétitives grâce aux fonctions tactiles directement intégrées au sein du système d’exploitation de Microsoft. Chez PSG, on parie sur Windows 8 pour l’année prochaine. Quant au retour des smartphones, c’est encore trop tôt pour en parler.

Et webOS ?

Le futur de webOS au sein de HP se décidera très bientôt. Rien n’est encore arrêté à son sujet et les développements autour du logiciel continuent.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Su, dans la Silicon Valley

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