Pourquoi Facebook fait tant saliver Wall Street

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Si Facebook était valorisé 100 milliards de dollars, comme l’affirme le Wall Street Journal, son introduction en Bourse pourrait être l’une des plus grosses de l’histoire. Retour sur une cotation très attendue.

Qui détient Facebook aujourd’hui ?

Avec environ 24 % des titres, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, détient la plus grosse part individuelle du capital de l’entreprise, les salariés s’en partageant 30 %. Plusieurs grands acteurs se répartissent le reste du capital, à l’image du fonds d’investissement russe Digital Sky Technologies (10 %), d’Eduardo Saverin (cofondateur, 5 %), ou encore de Microsoft (1,7 %) entré au capital de la firme en 2007.

Il est aussi possible de se procurer des actions Facebook ailleurs, sur ce qui est appelé le marché gris. Concrètement, ces plateformes en ligne, comme Sharepost et SecondMarket, permettent aux détenteurs d’actions (Facebook, Twitter, LinkedIn) de les mettre en vente sur un marché parallèle. Etant donné le succès de Facebook (580 millions d’utilisateurs) et les rumeurs de rentabilité exceptionnelle qui l’entourent, les investisseurs ne se font pas attendre. Dernier en date, le fonds d’investissement General Atlantic est entré début mars, selon la chaîne CNBC, au capital du site en rachetant 2,5 millions d’actions à d’anciens salariés.

Facebook veut-il vraiment s’introduire en Bourse ?

Vu la spéculation qui entoure le groupe en ce moment, Facebook n’a pas forcément intérêt à se conformer trop rapidement aux exigences de transparence des sociétés cotées. Le groupe parvient facilement à lever des fonds quand il en a besoin. En décembre dernier notamment, il levait 1,5 milliard auprès de Goldman Sachs, dont l’objectif était de revendre une partie de ses actions à ses clients privilégiés.

Une pratique pas forcément appréciée de la SEC, qui s’agace de plus en plus de voir Facebook multiplier les actionnaires sans entrer en Bourse. Début janvier, le gendarme boursier américain a lancé une enquête sur l’utilisation, par certaines sociétés, du marché gris pour contourner les obligations légales de transparence. Voilà qui pourrait précipiter les choses.

Récemment, l’entreprise annonçait qu’elle commencerait à publier des comptes financiers au plus tard d’ici le 30 avril 2012. Jusqu’à présent, le groupe s’est bien gardé de prendre une position officielle sur la question de son entrée en Bourse, laissant les rumeurs courir sur sa valorisation… Quoi qu’il en soit, Facebook sera un jour bien obligé d’ouvrir les portes de Wall Street. Selon la loi fédérale, toute entreprise qui compte plus de 500 actionnaires est tenue de publier ses résultats financiers. Ne pas être coté en Bourse serait alors beaucoup moins intéressant.

Pourquoi sa valorisation boursière est aussi exponentielle ?

En quelques mois, la valorisation de Facebook est passée de 34 milliards à 50 milliards de dollars en janvier dernier. A cette date, c’est l’investissement de Goldman Sachs dans la firme qui avait permis d’aboutir à ce chiffre, en multipliant le prix d’acquisition d’une action par le nombre total de titres.

Néanmoins, il est très difficile d’estimer précisément le montant de la valeur du site, déjà parce que les introductions en Bourse sont soumises à de nombreux facteurs extérieurs pouvant moduler leur valeur. Et surtout parce que, contrairement à ses utilisateurs, Facebook en dit très peu sur sa vie privée, et notamment sur ses résultats financiers. L’année dernière, le chiffre d’affaires du site – assuré à 99 % par la publicité – était estimé à 2 milliards de dollars, et le bénéfice net à 500 millions de dollars. Soit une très belle marge nette de 25 %.

Selon le Wall Street Journal , qui expérimente une autre méthode de calcul, Facebook afficherait une croissance telle de ses bénéfices en 2011 que cela pourrait justifier une valorisation boursière de plus de 100 milliards de dollars. Le bénéfice net avant impôt du célèbre réseau social pourrait, selon le quotidien, excéder 2 milliards d’euros sur l’année 2011. Soit beaucoup plus que les estimations qui avaient été réalisées au moment de l’entrée au capital de Goldman Sachs, voici seulement cinq mois.

En considérant que ces chiffres soient crédibles, il faudrait donc que Facebook convainque ses actionnaires qu’il vaut 50 fois ses bénéfices. A titre de comparaison, lorsque Google est entré en Bourse en 2004, il réalisait 400 millions de dollars de bénéfices et avait réussi à être valorisé 25 milliards de dollars lors de son introduction (soit 67,5 fois son bénéfice, et 8,4 fois son chiffre d’affaire). L’hypothèse ne semble donc pas complètement irréaliste.

Pour ce faire il faudra quand même que le groupe parvienne cette année à multiplier par 4 son bénéfice net, et par 6 son chiffre d’affaires. Si l’on s’en tient aux dernières levées de fonds et échanges d’actions sur les marchés secondaires (notamment l’entrée de General Atlantic en mars dernier), Facebook vaudrait actuellement entre 65 milliards et 70 milliards de dollars.

Julie de la Brosse, L’Expansion.com

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