Office est-il vraiment menacé par les logiciels en ligne ?

Microsoft a lancé mercredi Office 2010, la nouvelle version de sa suite bureautique, qui comprend pour la première fois des fonctionnalités de travail en ligne. Un produit crucial pour maintenir la formidable rentabilité de l’éditeur…

Microsoft a lancé mercredi une nouvelle version très attendue de sa suite bureautique Office. Les entreprises ont la primeur du millésime 2010, qui succède au 2007 ; le grand public devra attendre le mois de juin. Si Word est désormais capable d’éditer des photos, si PowerPoint permet de manipuler les vidéos et si Excel peut gérer des millions de données, ce sont surtout les fonctionnalités Web, mobiles et de collaboration qui font la nouveauté du produit et suscitent le plus de commentaires.

Car Microsoft lancera parallèlement des versions en ligne de ses applications, baptisées Office Web Apps, avec des fonctionnalités beaucoup plus basiques mais accessibles et modifiables depuis n’importe quel appareil. Y compris sur des téléphones mobiles équipés d’Office Mobile 2010. Une version gratuite financée par la publicité est également dans les tuyaux.

Une réponse directe au succès des services équivalents depuis longtemps lancés par Google et autres Zoho. Reste à savoir si la gratuité est compatible avec un produit qui est l’une des deux vaches à lait de Microsoft, avec Windows… Office réalise en effet 90 % de l’activité de la division logiciels pour entreprise, laquelle a dégagé un bénéfice opérationnel de 8,5 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l’exercice. Soit 47 % de l’ensemble des profits de Microsoft (et 29 % de son chiffre d’affaires). De quoi effectivement réfléchir avant de mettre un tel pactole en danger. Mais le risque est-il vraiment aussi élevé ?

Office est-il vraiment menacé par les logiciels en ligne ?

Pour l’instant, la réponse est toujours “non”. Office est toujours le leader incontesté des logiciels bureautiques avec 500 millions d’utilisateurs, contre seulement 25 millions pour Google Apps, principal représentant des applications bureautiques en ligne. Ses positions restent notamment très fortes auprès des entreprises : 81 % d’entre elles utilisent Office 2007, selon une étude Forrester Research, alors que le service de Google n’en aurait séduit que 4 %.

Le moteur de recherche fait donc le forcing auprès des entreprises en leur disant qu’il serait plus économique pour elles de garder Office 2007 et d’utiliser les fonctionnalités Internet et collaboratives de Google Apps. Tout l’enjeu est bien de savoir si elles dispenseront se de migrer vers la nouvelle version, de la même façon qu’elles avaient rechigné à basculer sur Windows Vista. Là encore, Forrester se montre rassurant : un tiers des responsables interrogés dans son étude envisage un passage à Office 2010 dès les 12 mois à venir.

Si tous les analystes ne partagent pas ce degré d’optimisme, Microsoft peut en tout cas compter sur le succès du déploiement du système d’exploitation Windows 7, qui incite à mettre à jour en même temps les applications. Le comparatif avec les applications en ligne, en termes de sécurité, n’est pas non plus à son désavantage, à en juger par les mésaventures de Twitter l’année dernière avec la fuite d’un document confidentiel sur Google Docs. Or, c’est un critère essentiel pour les entreprises.

Reste la question du prix. Un critère qui a joué un rôle dans le choix, fait par plusieurs administrations, de renoncer à Office pour passer au logiciel libre OpenOffice. La version la plus perfectionnée d’Office coûte 639 euros (version professionnelle) et 139 euros (version plus basique destinée aux familles et aux étudiants). En comparaison, Google réclame 50 dollars par utilisateur et par an pour la version payante de Google Docs.

L’Expansion.com

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