Sébastien Deletaille (Medispring): “Avoir 10% de part de marché pour se lancer, c’est le rêve”

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Après avoir quitté Riaktr, scale-up bruxelloise en vue dans les télécoms, Sébastien Deletaille se lance à l’assaut du secteur de la santé en prenant la tête de Medispring, coopérative de logiciel médical.

Vous venez d’une start-up active dans les télécoms, mais surprenez en changeant de secteur et en prenant la direction de Medispring, coopérative organisée pour maintenir en fonction un logiciel de gestion de dossier médical menacé d’être désactivé après son rachat par un concurrent belgo-néerlandais. Pourquoi avoir pris cette décision ?

J’étais intéressé par le secteur de la santé car, aujourd’hui, le numérique est adopté dans de nombreuses industries, mais pas dans la santé, le législatif ou l’éducation. Le potentiel y est donc énorme. J’ai d’ailleurs pu le constater dans ma vie privée. Lorsque mon père a dû être hospitalisé, j’ai été choqué par les contradictions, le manque de données, le manque de digital et la mauvaise expérience des patients. Je sais donc à quel point les choses doivent évoluer dans ce secteur. Par contre, c’est vrai que je n’avais pas prévu de rentrer dans un modèle coopératif. Mais j’y découvre toute l’attractivité du modèle : le concept de l’utilisateur/propriétaire est très en ligne avec les boîtes tech et la recherche de la meilleure expérience utilisateur. Le mode de gouvernance bien plus participatif où chacun a un droit de vote exclut, par contre, la dynamique de recherche de financement extérieur pour accélérer le business.

Vous intervenez à un moment de crise, où l’objectif est de faire perdurer un logiciel qui risquait de disparaître. Cela ne ressemble pas non-plus au meilleur pitch pour une start-up…

La crise est temporaire. Ce qui est important, c’est le fondement. Il est très intéressant de constater que c’est un mouvement qui vient de la base ( grass roots) en opposition à une consolidation du marché. Mille médecins sont représentés, ce qui correspond à 10% du marché. Avoir dès le départ 10% et un cash-flow positif… c’est le rêve, si on compare avec le marché des télécoms où l’on parle de quatrième entrant. Et cela nous donne l’espoir réel de changer la dynamique du marché en Belgique. Et peut-être ailleurs.

Quelle est justement votre ambition avec Medispring ?

Pour être honnête, je n’ai pas encore formulé ma vision stratégique, étant donné l’urgence dans laquelle nous étions. Dans les six prochains mois, nous allons mettre la priorité sur l’amélioration du logiciel et, par la suite, nous allons nous diriger vers des chantiers comme la fusion des data bases, du machine learning, etc. Medispring a pour ambition d’apporter l’innovation technologique au médecin généraliste que l’on veut inscrire dans un changement profond des soins de santé où, par certains aspects, la Belgique est malheureusement à la traîne.

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