Quand le babysitting devient un business numérique

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Le tsunami numérique bouscule toujours plus de domaines de notre quotidien. Depuis plus de deux ans, la start-up belge Bsit nourrit l’ambition de simplifier la vie des jeunes parents en digitalisant la pratique traditionnelle du babysitting. Décryptage d’un “business model” novateur.

Prendre son GSM et téléphoner à la fille du voisin pour lui demander de venir garder vos enfants quand vous partez au théâtre ? Ce geste pourrait bien être totalement relégué au rang de vieux souvenir. En effet, le grand tsunami numérique s’empare progressivement du marché du babysitting. Et l’application mobile remplace, là aussi, le numéro de téléphone. Au même titre que l’on n’appellera bientôt plus pour commander une pizza, on dégainera son appli pour trouver la babysit’ pour le week-end. C’est en tout cas ce qu’espère la start-up bruxelloise Bsit, pionnière du créneau qui donne accès, en quelques clics, à 52.000 babysitters en Belgique.

Deux ans après son lancement, Bsit – qui emploie aujourd’hui 22 personnes – revendique “quelques milliers” de babysitting par mois.

Dans l’application Bsit, les parents peuvent facilement trouver quelqu’un pour garder leur enfant. Une fois leur période de recherche introduite et la rémunération proposée, ils peuvent lancer une demande automatique à toute une série de babysitters (appelés les sitters dans l’appli) : soit leurs babysitters habituels, qu’ils ont intégrés à la plateforme, soit ceux renseignés par leurs amis et ” validés ” par la communauté. Le mécanisme fonctionne sur la confiance : les parents feront plus facilement appel à quelqu’un qu’ils connaissent ou quelqu’un recommandé par des amis (via des systèmes de notation des prestations). Les babysitters sélectionnés reçoivent tous une notification et peuvent rapidement répondre ou décliner l’offre. Dès qu’une demande est acceptée, elle disparaît de la plateforme. Les parents ne doivent donc plus téléphoner en cascade à tous leurs contacts : l’appli leur permet de joindre en un coup plusieurs sitters. Le paiement peut avoir lieu via l’application ou en cash, au moment du babysitting.

Donatienne van Houtryve et Géraldine Biebuyck, cofondatrices de Bsit
Donatienne van Houtryve et Géraldine Biebuyck, cofondatrices de Bsit© Photos PG

1,75 million d’euros levés en 2016

Ce concept, en apparence très simple, a été développé dès 2015 par de jeunes parents entrepreneurs : Donatienne van Houtryve, Géraldine Biebuyck et Dimitri De Boose pour ” simplifier la vie des parents “. Si elle s’est développée sur fonds propres au démarrage, la firme Subleeme, derrière la marque Bsit, a néanmoins levé pas moins de 1,75 million en 2016 pour son développement.

Son business model s’articule autour de plusieurs axes. A la base, Bsit tirait essentiellement ses revenus des babysittings organisés par son intermédiaire : elle empochait en effet le tarif payé pour les 15 premières minutes du babysitting, soit environ de 1,5 à 2 euros. Un business nécessitant de très gros volumes. Mais depuis mi-novembre toutefois, la jeune pousse a adapté son modèle et est passée à un système d’abonnement payé par les parents à la recherche de babysitters. L’abonnement coûte, pour un mois, ” l’équivalent d’une heure de babysitting “, détaille Dimitri De Boose, le patron de Bsit. Un montant qui varie selon ce que chaque parent a l’habitude de payer. ” Cela varie fortement selon la zone géographique, enchaîne Dimitri De Boose. De 5 euros en moyenne en Flandre à 10 ou 12 euros à Paris. ” Ce passage vers l’abonnement, la start-up l’a opéré pour plusieurs raisons. D’abord, cela lui assure (en théorie) une certaine prédictibilité de revenus. Ensuite, ” les gens utilisent plus Bsit, note le patron de la start-up. Quand ils ont un abonnement, la majorité d’entre eux ont tendance à continuer à l’utiliser “. Aujourd’hui, les rentrées sur les babysitting représentent encore deux tiers des revenus de la start-up.

Dimitri De Boose, cofondateur et CEO de Bsit.
Dimitri De Boose, cofondateur et CEO de Bsit.

Séduire… les entreprises

Mais cette proportion devrait baisser dans les mois à venir car Bsit a aussi commencé, en 2017, à développer d’autres sources de rentrées. D’abord, des services BtoB. La start-up propose aux entreprises son service Bsit Care. En gros, elle permet aux entreprises la mise en place en interne de l’application (co-brandée) moyennant un abonnement de l’ordre d’un euro par employé et par mois. Une occasion d’empocher des revenus récurrents et de générer rapidement des volumes. L’argument évoqué par la jeune pousse ? Simplifier la vie et augmenter le confort des employés. ” Un employé heureux est en moyenne 31 % plus efficace et 55 % plus créatif “, argument la start-up sur son site. Pour déployer ce modèle, Bsit a recruté un ancien responsable de LinkedIn Benelux et a déjà signé avec plusieurs grands groupes en France ou dans le Benelux. Les responsables de Bsit évoquent les noms d’Axa en France, ou le groupe Adneom, etc.

Enfin, dernier axe de développement : la garde régulière d’enfants. Courant 2017, Bsit a commencé à proposer un abonnement, baptisé Bsit Plus, destiné aux parents qui ne cherchent pas seulement des gardes occasionnelles, lorsqu’ils sortent le soir, mais qui ont besoin de manière plus régulière de gardes d’enfants. Pour revenir de l’école, emmener les enfants à leurs activités extra-scolaires, etc. Ici aussi, des revenus récurrents qui intéressent la jeune pousse.

Force est de constater que la start-up (initialement baptisée AirBSit mais renommée Bsit à la demande d’Airbnb) rencontre un certain succès. D’audience en tout cas. Deux ans après son lancement, Bsit – qui emploie aujourd’hui 22 personnes – revendique ” quelques milliers ” de babysitting par mois et compte une communauté de 215.000 personnes dont un peu plus de la moitié en Belgique. Car la jeune pousse s’est déjà internationalisée, en France notamment. Au niveau de ses revenus, la jeune pousse se montre assez discrète mais soutient avoir déjà reversé pas moins de 2 millions d’euros aux babysitters. Le patron de l’appli se contente de préciser que son activité a été multipliée par 10 entre décembre 2016 et décembre 2017. Et qu’il vise encore une très forte progression en 2018 pour atteindre un chiffre d’affaires d’un million d’euros pour l’année en cours. Pour continuer sa croissance, Bsit prévoit une nouvelle levée de fonds… qu’elle espère annoncer dans les semaines à venir.

Maintenir les utilisateurs dans l’appli

Quand le babysitting devient un business numérique

Empêcher les parents de continuer à faire appel à une babysitter trouvée dans Bsit sans passer par l’application : un enjeu pour la jeune pousse. Dimitri De Boose soutient que l’objectif consiste à rendre l’appli tellement pratique qu’il devient plus facile de l’utiliser que de la contourner. Par ailleurs, Bsit développe une série d’avantages, tant pour les parents que pour les sitters. Il est, par exemple, possible de souscrire une assurance le temps de la garde d’enfant. Et la start-up a aussi mis en place un programme de fidélité en offrant des ” boonies ” ou des ” sitties ” permettant ensuite de faire des emplettes dans un ” shop ” : bon de réduction chez Uber ou Pootsy, lunettes pour enfants, pull, paquets de langes, etc.

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