Plus de jobs malgré l’automatisation?

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Alors que l’intelligence artificielle, les robots et l’automatisation qui en découlerait alimentent toujours plus de fantasmes, le cabinet McKinsey s’est penché sur le sujet. Et ses conclusions se révèlent particulièrement optimistes.

L’automatisation doublée de l’intelligence artificielle peut… créer de l’emploi. Contre-intuitif ? Ce sont pourtant les conclusions d’une étude publiée en début de semaine par le cabinet McKinsey sur le ” futur du travail “. De quoi tordre le cou aux observateurs pessimistes et aux études qui évaluent à quelque 50 % le nombre d’emplois voués à disparaître sous les coups de boutoir de l’IA et des robots. Pour les experts de McKinsey, qui se sont penchés sur le sujet dans neuf pays européens, dont la Belgique, l’automatisation et l’IA ” pourraient contribuer à 1 % de croissance du PNB par an et créer 200.000 emplois dans de nouvelles catégories de métiers d’ici 2030. Ajoutés aux emplois créés par l’augmentation de la productivité, la création totale de nouveaux emplois compenserait non seulement la perte des emplois existants remplacés par l’automatisation, mais résulterait en une croissance nette de l’offre d’emploi d’environ 1 %, soit 40.000 emplois d’ici 2030 “.

On est donc loin de l’automatisation qui laminerait tous les jobs d’ici quelques années, même si McKinsey se montre moins optimiste que le Boston Consulting Group qui, voici un an, évaluait à 300.000 le nombre de jobs créés grâce au numérique d’ici 2020. Pour McKinsey, l’automatisation pourrait toucher jusqu’à 94 % des professions existantes mais ” seuls ” 21 % des employés en Belgique occuperaient des postes automatisables à 70 %. Et le cabinet de consultance soutient que ” la majorité des emplois sera réorganisée dans le sens d’un remplacement des tâches routinières (- 6 % par an) par des tâches de gestion (+ 3%), de l’expertise technique (+ 5%) et des tâches de coopération (+ 4%) “. Reste que cet optimisme demeure conditionné à un niveau de compétences adéquates (compétences créatives et sociales, aptitudes en résolution de problèmes ainsi que de nouvelles compétences techniques nécessaires pour maîtriser l’IA) sans lesquelles cette évolution technologique mènerait à une diminution de la croissance et une augmentation du chômage.

Pour Laurent Alexandre, auteur de La guerre des intelligences et observateur spécialisé du monde de l’intelligence artificielle, ” cette étude décrit un monde sans frottement et a été conçue à la condition que l’on fasse les bons choix et ce qu’il faut au niveau de la formation. Mais la réalité risque d’être toute autre : 6 % de remplacement annuel des tâches routinières, ce n’est pas rien. On risque d’avoir un sérieux problème de rythme et rien n’indique que les gens les moins bien formés pourront s’adapter. Le risque concerne plus ces catégories de gens-là que les clients de McKinsey et leurs employés au niveau d’étude plus élevé. L’enjeu se situe sur les catégories de population les moins éduquées. ”

Le ministre Alexander De Croo, en charge de l’Agenda numérique, analyse avec intérêt l’étude de McKinsey. ” Les auteurs mettent en avant la nécessité d’investir dans l’apprentissage tout au long de la carrière (reskilling), nous glisse le ministre. L’Etat fédéral participe activement à cet investissement, via des projets tels que le Digital Belgium Skills Fund ou BeCentral. Par ailleurs, je plaide pour que notre modèle social évolue afin que chaque individu puisse consacrer l’équivalent de deux années de carrière à l’apprentissage tout au long de sa vie professionnelle. ”

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