Alphabet: la nouvelle grammaire de Google

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Le géant du Web revoit sa structure: il crée un holding du nom d’Alphabet pour abriter ses différents business qui seront organisés en une “collection” d’entreprises. Pourquoi ce mouvement ?

Les créateurs de Google aiment créer la surprise. C’est ce qu’ils ont une nouvelle fois fait, ce lundi, en annonçant une nouvelle structure et… un nouveau nom. Leur groupe (jusqu’ici Google Inc.) portera désormais le nom d’Alphabet et deviendra un holding regroupant une “collection” d’entreprises séparées. Un peu sur le modèle de Berkshire Hathaway de Warren Buffett. Parmi elles, le core business restera le moteur de recherche, YouTube, Android, Chrome et les datacenters qui seront logés dans un Google, filiale d’Alphabet, au périmètre plus délimité. Google aura aussi un nouveau CEO en la personne de Sundar Pichai, déjà en place dans les faits, depuis octobre. À côté de Google, Alphabet abritera aussi les activités parallèles et “futuristes” comme la Google Car, les activités dans la santé (Calico et Life Sciences), la robotique, les objets connectés de Nest, etc. Larry Page deviendra CEO d’Alphabet tandis que Sergey Brin en sera président.

Pourquoi ?

Plus de lisibilité

Les patrons du géant du Net entendent répondre aux souhaits de nombreux investisseurs qui revendiquaient plus de lisibilité dans les activités de Google. Jusqu’ici, Google Inc était une pieuvre avec une série de bras sans logique particulière où les voitures connectées, les lentilles de contact et la pub en ligne coexistaient. Et certains investisseurs se montrent dubitatifs face à l’étonnante diversification du géant du Net. Bien sûr, au final, le résultat global du groupe sera le même, mais le marché y verra plus clair dans les différentes activités. Un bémol peut-être ? Cette nouvelle structure imposera à Alphabet de publier plus de détails dans ses résultats financiers… et mettra d’autant plus en évidence le fait que seules les activités dans l’Internet rapportent de l’argent. La publicité assure toujours l’essentiel de ses 66 milliards de dollars de chiffre d’affaires (2014).

Miser sur l’innovation et les projets fous

Larry Page et Sergey Brin n’étaient déjà plus totalement impliqués dans le day to day de Google. Et n’intervenaient plus dans le prix du pay-per-clic ou les changements de la boîte e-mail Gmail, bien sûr. Ce qui les intéresse, c’est le développement stratégique de nouvelles activités. Fort de leur manne financière impressionnante, ils aiment “changer le monde”. D’où leur entrée sur des marchés aussi variés que les voitures sans chauffeurs, la génétique, etc. Ils sont convaincus que cette nouvelle structure leur permettra de se consacrer à ces “moonshots”, ces projets fous, comme la Silicon Valley les appelle.

Isoler les activités … pour en revendre ?

Google procède plus à des acquisitions qu’à des reventes. On est d’accord. Mais en créant un holding au-dessus d’une série d’entreprises par activité qui auront chacune un CEO dédié, le groupe apporte de la clarté. Tant dans la structure que dans les chiffres. Et, selon certains observateurs, cela permettrait le cas échéant de céder plus facilement certaines divisions si cela s’avérait nécessaire…

Reste qu’au sein d’Alphabet, Google (donc les activités Web) conserve, pour sa part, son organisation. Autrement dit, le moteur de recherche continuera d’exister avec l’ensemble des autres services que sont YouTube, Android,… et l’ensemble des services verticaux comme les comparateurs de prix. Or, ici en Europe, c’est bel et bien ce qui pose problème à de nombreux acteurs concurrents et à la Commission européenne. Google est à la fois juge et partie dans la recherche et peut, comme il semble le faire selon la Commission européenne, avantager ses propres services dans son moteur de recherche au détriment des concurrents. La nouvelle structure de Google ne répond pas du tout à cette problématique. Alors, tant qu’à se donner une nouvelle “grammaire” avec Alphabet, n’aurait-ce pas été la bonne occasion de conjuguer autrement ses activités online également ?

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