Nokia lance sa contre-offensive dans les smartphones

La marque a présenté de nouveaux modèles destinés à lui faire regagner des parts de marché sur le segment des smartphones. Bien qu’elle soit toujours leader, elle perd en effet rapidement du terrain sur ses concurrents et ne décolle pas aux Etats-Unis.

Nokia, qui a nommé la semaine dernière un nouveau patron venu de chez Microsoft pour reprendre la main sur le marché des smartphones, a donné, lors de sa conférence Nokia World, un aperçu de ce renouvellement attendu.

La contre-offensive passe pour l’instant par le lancement de nouveaux terminaux, une nouvelle version du système d’exploitation Symbian, et un lifting de la boutique d’applications pour smartphones.

Du côté de l’innovation

Nokia arrive avec plusieurs nouveaux smartphones, prévus d’ici à la fin de l’année : le C6 (399 euros, hors subvention), le C7 conçu pour les réseaux sociaux (499 euros), le N8 qui est très attendu (450 euros) et l’E7 (729 euros), dérivé du N8 à clavier coulissant, ciblant notamment les professionnels. Il y en a donc pour tous les goûts et tous les budgets.

Tous sont équipés du système d’exploitation Symbian 3, la nouvelle version de l’OS maison. Celle-ci doit simplifier le travail des développeurs, qui n’ont pas été très motivés jusque-là, puisque la boutique d’applications du constructeur ne comporte que 6.000 titres, contre près de 250.000 pour Apple et 50.000 pour Android. L’interface serait par ailleurs plus agréable pour l’utilisateur, et le nouvel OS vient avec un nouveau navigateur Web.

En revanche, Nokia n’a pas donné de nouvelles de MeeGo, son projet de système d’exploitation conçu avec Intel. La presse a néanmoins appris que le groupe suédois avait recruté le responsable de l’interface du Palm Pre pour MeeGo.

Nokia lifte aussi son Ovi Store, sa plateforme d’applications. L’utilisateur pourra désormais payer une partie des applications par le biais de sa facture télécom. Ovi Maps, le système de navigation inclus dans les smartphones de la marque, s’enrichit d’une fonction “check-in”, calquée sur les systèmes Foursquare et Facebook Places.

Quel retard Nokia doit-il rattraper ?

Au deuxième trimestre de 2010, les mobiles équipés de Symbian sont toujours leaders du marché mondial selon Gartner, avec 41,2 % de part de marché, devant BlackBerry (18,2 %), Android (17,2 %) et Apple (14,2 %). Mais Symbian est également utilisé par d’autres fabricants, dont Samsung. Et il a énormément reculé, de 8,8 points sur un an. L’institut d’études estime qu’Android pourrait rattraper Symbian en 2014, accordant environ 30 % de part de marché à ces deux systèmes à cette date. En 2011, Symbian tomberait déjà à 34,2 % de part de marché, devant Android à 22,2 %.

Par marque et non plus par système d’exploitation, IDC estime à 38,1 % la part de marché mondiale de Nokia dans les ventes de smartphones au deuxième trimestre de 2010 (- 2,2 points sur un an), devant BlackBerry (17,8 %) et Apple (13,3 %).

L’effritement des parts de marché de Nokia sur le segment des smartphones a eu des conséquences sur les résultats financiers de la firme finlandaise. Au deuxième trimestre, Nokia a publié un bénéfice net en recul de 40 % sur un an, un résultat inférieur aux attentes des analystes. Le chiffre d’affaires, lui, progresse très peu, de 1 %, à 10,0 milliards d’euros. Le prix de vente moyen des smartphones de la marque, autour de 143 euros, est inférieur à celui des BlackBerry et de l’iPhone, et ne tire pas le chiffre d’affaires vers le haut.

Ces mauvais résultats financiers, ponctués par plusieurs avertissements sur résultats, ont eux-mêmes un impact très négatif sur le cours de l’action. Le titre a perdu 23 % depuis un an, et plus de 70 % en trois ans. La capitalisation, qui s’élève actuellement à environ 37 milliards de dollars, a tellement baissé que cela a fait craindre une OPA cet été.

Le retard que doit rattraper Nokia varie selon les régions. Il est particulièrement critique aux Etats-Unis, le point faible de Nokia, qui n’a jamais réussi à y percer (3 % de part de marché sur tous types de mobiles). Le constructeur, qui ne propose aucun mobile à la norme CDMA (celle utilisée par Verizon et Sprint), travaille cependant à des modèles de smartphones spécialement conçus pour le marché américain, à la norme LTE. Ce qui, pour un analyste cité par Computer World, revient à “escalader l’Everest”.

En Europe, au premier trimestre, les ventes de smartphones Nokia ont progressé de 11 % sur un an, selon IDC. Une hausse nettement moindre que celle de ses concurrents Apple (+ 233 %), BlackBerry (+ 118 %), et HTC (+ 125 %), qui a fait chuter la part de marché de Nokia de 16 points, à 40,8 % des ventes.

Pour reprendre du poil de la bête, Nokia compte sur une équipe renouvelée, notamment le nouveau dirigeant (nord-américain), et un nouveau responsable de l’activité smartphone puisqu’Anssi Vanjoki, directeur de l’activité “solutions mobiles”, a démissionné cette semaine.

Il voit aussi à long terme, comme le montre la création de son laboratoire de recherche finlandais, en association avec Intel, qui travaille notamment à la mise au point d’interfaces 3D, qui permettront par exemple “d’afficher en 3D un hologramme de la personne à qui l’on parle au téléphone”. On espère pour le Finlandais qu’il aura redressé la barre avant l’avènement des hologrammes.

Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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