MySpace, le loser du web fait son come-back

© MySpace

Le réseau social musical MySpace espère enrayer son déclin en sortant une toute nouvelle version de son site. Mais le retard accumulé sur ses concurrents sera difficile à combler.

” Ceci est MySpace. ” C’est via un tweet lapidaire que le chanteur Justin Timberlake, actionnaire minoritaire du réseau social, vient d’annoncer le ” nouveau ” MySpace. La vidéo de lancement laisse entrevoir une interface profondément remodelée. La présentation emprunte visiblement à Pinterest, le nouveau réseau social à la mode, basé sur le principe du tableau de bord virtuel, et dont le business model est axé sur l’e-commerce. Les captures d’écrans rappellent aussi la plateforme de blogging Tumblr, ou même Flipboard, sorte de magazine social permettant d’agréger du contenu. MySpace emprunte donc à tous ces nouveaux réseaux sociaux qui ont fleuri sur le web, tout en affirmant rester fidèle à ses origines : la découverte et le partage de musique.

Si MySpace ne faisait plus beaucoup parler de lui ces derniers temps, c’est tout simplement parce que le site connaît un profond déclin depuis trois ans. A son apogée, en décembre 2008, MySpace attirait 76 millions de visiteurs uniques mensuels rien qu’aux Etats-Unis, d’après Comscore. En août dernier, il plafonnait à 28 millions de visiteurs uniques. Par comparaison, Facebook rassemblait au même moment 152 millions de visiteurs uniques ! Alors que Facebook et MySpace pesaient plus ou moins le même poids en 2008, le réseau de Mark Zuckerberg a depuis lors littéralement écrasé le réseau musical.

Ce désintérêt des internautes s’est rapidement traduit par une chute des rentrées publicitaires. En 2011, d’après les dernières estimations d’eMarketer, MySpace aurait généré 184 millions de dollars de revenus publicitaires. La même année, Facebook engrangeait 3,1 milliards de dollars grâce à la pub.

Qu’est-il arrivé à MySpace ? L’ancienne coqueluche des ados, rachetée en 2005 par News Corp, pour la somme de 580 millions de dollars, a mal négocié son intégration dans l’empire de Rupert Murdoch. D’après une enquête fouillée de Bloomberg magazine, le rachat par News Corp a entraîné une pression croissante sur MySpace pour monétiser une audience en forte croissance, au détriment du développement de l’expérience utilisateurs. Parallèlement, de multiples controverses ont éclaté au sujet de l’utilisation de la plateforme comme site de rencontres pour ados. En 2009, la justice américaine s’intéresse même au site, qui décide de retirer 90.000 profils de ” prédateurs sexuels “.

Racheté pour une bouchée de pain

Dans le même temps, de nombreuses questions en matière de protection des données voient le jour (ça ne vous rappelle rien ?), décrédibilisant un peu plus la plateforme. En 2011, MySpace renvoie près de la moitié de son personnel. La même année, News Corp revend le site pour une bouchée de pain – on parle de 35 millions de dollars – à la régie publicitaire Specific Media, ainsi qu’à Justin Timberlake.

Depuis ce rachat, MySpace fait des efforts pour redresser la barre. En février, le réseau social annonçait une augmentation d’un million de membres sur un mois, ce qui lui permettait de repasser le cap des 25 millions de profils (955 millions d’utilisateurs pour Facebook). Tout ça grâce à une nouvelle intégration des profils Facebook et Twitter. La nouvelle version de MySpace fait d’ailleurs la part belle à ces deux réseaux sociaux, gros pourvoyeurs de trafic en ligne. MySpace pourrait se relancer en devenant une sorte de succursale musicale de Facebook. Mais ses rêves de conquête du web social semblent être définitivement enterrés.

Gilles Quoistiaux

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