Mega remplacera-t-il Megaupload?

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Le nouveau site de Kim Dotcom, le fondateur de Megaupload, est en ligne depuis ce week-end et compterait déjà 1 million d’inscrits. De simples fans du stockage de données cryptées? Le point sur les fonctionnalités de Mega.

Le nouveau service de stockage en ligne Mega, lancé par Kim Dotcom un an jour pour jour après la descente de police dans son manoir et la fermeture de Megaupload, aurait déjà dépassé le million d’inscrits, après avoir totalisé 250 000 inscriptions en seulement deux heures. Mais Mega n’est pas exactement un successeur de Megaupload, qui fut un des sites les plus populaires de l’histoire du piratage en ligne. Les détails de la nouvelle entreprise de Kim Dotcom, qui cherchera en mars à éviter une extradition vers les Etats-Unis.

Mega, comment ça marche ? Mega est un site de stockage distant sur internet (cloud), à l’image de Dropbox et de Google Drive. Mais il est beaucoup moins cher que les concurrents. Son offre d’appel gratuite propose la bagatelle de 50 Go d’espace pour uploader des fichiers. Soit 10 fois plus que Google, par exemple. Mais il est possible d’obtenir davantage d’espace ainsi qu’une garantie de bande passante en payant un abonnement mensuel. Des formules qui, là encore, cassent les prix.

Le site présente plusieurs différences avec Megaupload. Il ne permet pas de visionner des contenus en streaming, et surtout les contenus uploadés sont encryptés avant d’arriver sur les serveurs de Mega, l’encodage se faisant par le biais du navigateur de l’utilisateur. Une clé privée de déchiffrement est associée automatiquement à chaque fichier. Dans l’immédiat, le service, développé en HTML 5, fonctionne de manière optimale seulement avec le navigateur Chrome.

La sécurité et la confidentialité sont les deux arguments principaux mis en avant par Mega pour vanter les mérites de son offre. “Tous les gens impliqués dans la construction du site ont un passé dans la sécurité de l’information”, a déclaré Kim Dotcom. Cependant, toutes les données ne sont pas chiffrées. C’est notamment le cas de l’e-mail, de l’adresse IP, et des informations bancaires des utilisateurs, que Mega s’autorise à transmettre à la justice en cas d’injonction.

Lors de l’upload d’un fichier, le stockage se fait sur au moins deux serveurs dans deux pays différents. Aucun fichier n’est hébergé sur des serveurs américains, et les États-Unis n’ont pas accès au service.

Peut-on s’en servir pour pirater ? Si Mega ne dispose d’aucun répertoire public des fichiers uploadés sur ses serveurs, ni de moteur de recherche, il est possible de générer un lien correspondant à un fichier, ou de créer un répertoire partagé avec d’autres inscrits à Mega dont on entre l’adresse email. Ce qui permet d’échanger avec d’autres internautes les contenus stockés sur Mega. Chaque lien est associé à une clé publique de déchiffrement, qui débloque l’accès au fichier. On trouve déjà des sites répertoriant des liens vers des fichiers sur Mega, avec leurs clés. Donc oui, il est possible d’utiliser le site pour partager des oeuvres copyrightées.

Le site est-il légal ?

Kim Dotcom a déclaré dans une interview à Reuters que “sur le plan légal, il n’y a absolument rien qui pourrait être utilisé pour nous faire fermer. Ce site est tout aussi légitime et a autant le droit d’exister que Dropbox, Boxnet ou d’autres concurrents”. Un des avocats du site a pour sa part expliqué qu'”il y a un procédé de retrait des fichiers très robuste sur Mega. Il y a un formulaire automatisé, ainsi qu’une procédure par email”. Il s’agit des possibilités offertes aux ayants droit pour contacter le site et demander le retrait express d’un fichier qui violerait le droit d’auteur. Kim Dotcom est tellement persuadé d’être intouchable, avec son nouveau site, qu’il dit espérer un jour l’introduire en Bourse en Nouvelle-Zélande.

Les conditions d’utilisation de Mega stipulent d’ailleurs que l’échange de contenus protégés par le droit d’auteur est strictement interdit, et qu’un compte pourra être suspendu en cas d’infractions répétées au copyright. Les contenus concernés peuvent être retirés sans avertissement préalable. Les utilisateurs sont prévenus, Mega pourra collaborer avec la justice. Si le site lui-même passe au travers des mailles juridiques – ce dont doute encore la MPAA, qui représente les intérêts d’Hollywood -, attention, les utilisateurs, eux, sont donc susceptibles de tomber dans ses filets.

Quel est son modèle économique ?

Le site va commercialiser des espaces publicitaires et vendre des abonnements mensuels aux utilisateurs qui souhaitent davantage d’espace de stockage et de bande passante : 9,99 euros par mois pour 500 Go d’espace et 1 To de bande passante, 19,99 euros pour 2 To d’espace et 4 To de bande passante, et 29,99 euros pour 4 To d’espace et 8 To de bande passante. Mega pourrait en outre licencier sa technologie à des tiers et en tirer une rente.

Par Raphaële Karayan

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