Les portes de l’internet mobile se ferment pour Google en Chine

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L’arrêt de l’autocensure de Google sur son moteur de recherche chinois place l’entreprise dans une position très inconfortable vis à vis de ses projets dans le mobile. Les opérateurs télécom et les fabricants devraient lui préférer des moteurs “validés” par le gouvernement chinois.

L’arrêt de l’autocensure de Google sur son moteur de recherche chinois place l’entreprise dans une position très inconfortable vis à vis de ses projets dans le mobile. Les opérateurs télécom et les fabricants devraient lui préférer des moteurs “validés” par le gouvernement chinois.

Avec la fermeture de son site en Chine, Google a compromis plus que son rôle dans l’internet “traditionnel” dans ce pays : il pourrait bien s’être fermé des portes sur le marché très concurrentiel et d’avenir de l’internet sur téléphonie mobile. Opérateurs télécoms chinois et fabricants de téléphones mobiles tourneraient aujourd’hui le dos au géant américain, qui a transféré sa recherche en ligne en chinois à Hong Kong pour contourner la censure imposée par Pékin.

Les experts voient mal comment les mastodontes publics China Mobile et China Unicom pourraient continuer avec un moteur de recherches mis au ban. “Pour les compagnies d’Etat, c’est probablement un must (d’abandonner Google). Pour les compagnies privées, une décision pratique”, souligne Eric Wen, de Mirae Asset à Hong Kong. “Si Google.com.hk est instable ou susceptible d’être fermé, un choix logique est de ne pas travailler avec Google”, ajoute-t-il.

China Unicom –fort de 150,5 millions d’abonnés– confirme sa préférence pour des acteurs respectant les lois chinoises. “Nous ne coopérons pas directement pour la recherche en ligne avec Google, les moteurs étant choisis par les fabricants”, a indiqué une porte-parole à l’AFP. Mais si China Unicom devait choisir les partenaires, “ce serait en fonction des lois chinoises”, a-t-elle ajouté.

China Mobile, premier opérateur au monde avec 532,9 millions de clients, qui utilise le moteur de Google sur sa page d’accueil, se refuse à confirmer qu’il pourrait annuler leurs accords. Mais “même sans annonce officielle, cela semble inéluctable”, souligne Patrice Nordey, spécialiste de la haute technologie en Asie pour l’Atelier BNP Paribas.

Alors, s’ils veulent complaire aux opérateurs, certains équipementiers vont devoir exclure Google de la recherche sur leurs téléphones dotés d’un système d’exploitation que l’américain a lui-même développé : Android. Ce serait déjà le choix fait par l’américain Motorola pour ses téléphones vendus en Chine, selon des informations de presse que le groupe a refusé de commenter.

Car Android est un système d’exploitation ouvert prévu pour fonctionner avec n’importe quel partenaire, même si Google en a été le pilote depuis son rachat en 2005 de la startup qui l’a conçu. Pour le promouvoir, le géant américain a fédéré 65 compagnies –dont China Mobile et Unicom– au sein de l’Open Handset Alliance. “Android, c’est le bras armé de la stratégie à long terme de Google pour arriver sur l’internet mobile et inonder le marché” avec sa panoplie de services, explique Patrice Nordey. Un peu comme Microsoft avec Internet Explorer pré-installé gratuitement ou ses anti-virus également gratuits… “Google en avait fait son cheval de Troie, parce qu’il a compris que si le premier milliard d’internautes s’est connecté par le PC, le 2e milliard le sera par le portable. Sur ce marché très concurrentiel, Google avait bien besoin de la Chine, premier pays en termes de téléphones équipés d’Android”, ajoute l’expert.

Grand cas a été fait sur la petite place actuelle de la Chine dans les revenus de Google, mais nul ne peut mesurer le coût à long terme de cette perte d’opportunité. Qu’un autre devrait saisir : “Je pense que le vrai gagnant sera Microsoft avec Bing”, estime Shaun Rein, directeur de China Market Research. “De nombreux téléphones seraient en train de passer à Bing…”, ajoute-t-il. Bing a une part de marché inexistante, mais une version chinoise; et Microsoft a largement les moyens de pousser ses pions s’il le souhaite.

Les acteurs chinois ne manquent pas non plus, à commencer par le premier d’entre eux, Baidu, qui domine l’internet chinois et a “une vraie expérience technologique”, selon M. Nordey, contrairement à de nombreux concurrents locaux.

Trends.be, L’Expansion.com

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