Les gérontechnologies, technologies pour “vieux”, secteur en pleine expansion

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Les nouvelles technologies destinées à un public âgé, appelées aussi “gérontechnologies”, apparaissent de plus en plus sur le marché. Destinées à rendre la vie des aînés plus confortable, en tenant compte de leurs difficultés, elles sont généralement accueillies avec enthousiasme par les premiers concernés.

Le marché des gérontechnologies “est un marché qui se développe très fort”, selon Jean-Baptiste Dayez, chargé d’études chez Eneo, le mouvement social des aînés. A l’avenir, les seniors seront d’ailleurs de plus en plus familiarisés avec ces technologies.

Parmi ces nouveaux outils, outre les escaliers électriques, les baignoires à porte ou les téléphones à grandes touches, apparaissent davantage des technologies “communicantes”, qui transmettent directement des données aux proches, comme “des détecteurs de chute, à placer au niveau des hanches”.

Pour Damien Van Achter, spécialiste des nouvelles technologies, le développement de ces outils est un “créneau assez porteur”. “On voit par exemple que les sociétés qui réalisent des investissements dans la technologie ont le souci de se tourner vers le secteur de la santé”, auquel de plus en plus d’applications mobiles sont par exemple liées, notamment à la suite du vieillissement de la population. Des prototypes de ces gérontechnologies fleurissent sur le marché, souligne-t-il, citant notamment le compagnon digital développé par la spin-off wallonne CareSquare. Ce produit, un ordinateur simplifié, assure un suivi médical (tension, glycémie), permet l’échange de courrier électronique et offre des divertissements tels que des jeux adaptés et un explorateur internet sécurisé.

Mais pour Damien Hubaux, directeur du Centre d’Excellence en Technologies de l’Information et de la Communication (CETIC), si ces nouveaux outils et applications suscitent l’intérêt de tous les acteurs du secteur (maisons de repos, médecins, mutualités), des freins existent néanmoins à leur expansion, principalement leur coût de développement et prix d’achat (un peu plus de 800 euros par exemple pour le compagnon).

Enfin, quelques craintes naissent aussi face à cette expansion, avance mercredi Eneo, qui a réalisé une étude auprès d’une vingtaine de seniors, comme le risque de voir ces derniers s’isoler. Les aînés accueillent souvent “ces nouveaux produits avec enthousiasme”, explique Jean-Baptiste Dayez. Ils voient notamment dans ces technologies “le moyen de pouvoir rester chez eux, en évitant ainsi la maison de repos et en gardant une certaine autonomie”. Cependant, nuance-t-il, ces technologies posent aussi des questions éthiques. Ainsi, ces outils, et surtout ceux destinés à faciliter la communication entre différents interlocuteurs, doivent pouvoir “garantir la confidentialité des informations et des données” transmises, telles que la géolocalisation.

La question “du consentement” se pose encore. “Le choix d’opter pour la technologie doit rester un choix éclairé et le plus neutre possible. Cette question du consentement est moins évidente pour les personnes vulnérables”, poursuit le chargé d’études, qui craint également qu’on abuse de ces outils quand “ce n’est pas toujours nécessaire”.

La plus grande crainte reste l’isolement que pourraient engendrer les nouveaux produits, conclut Jean-Baptiste Dayez. Il faut donc éviter que ces gérontechnologies, qui donnent en effet aux seniors plus d’indépendance, “ne mènent à la perte de contact humain”.

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