Les Belges de TagTagCity à la conquête du monde mobile

© Hani Kanaftchian

Fondée il y a deux ans à peine avec 6.000 euros, la start-up bruxelloise TagTagCity vient de lever 1,5 million d’euros auprès d’investisseurs majoritairement néerlandais et français. Son “business model” ? Offrir des sites web mobiles aux commerçants et aux communes à un prix très concurrentiel.

Comme souvent dans les business prometteurs, l’idée de départ est simple et repose sur le pari d’une véritable révolution technologique : celle de l’hyper-mobilité et d’un consommateur constamment connecté qui veut disposer d’une information pertinente et immédiate sur son téléphone portable, quel que soit le lieu où il se trouve. Pour le satisfaire, la société TagTagCity imagine donc un monde “idéal” où tous les commerces, tous les services communaux et tous les bâtiments historiques affichent sur leur façade un petit code QR, cette espèce de mosaïque aux carrés noirs et blancs qui révèle des informations supplémentaires dès l’instant où elle est scannée avec un smartphone. Site internet mobile, informations pratiques, photos, vidéos, formulaires à télécharger, bons de réduction… L’éventail de services est large et entend satisfaire immédiatement le “mobinaute” curieux.

Reste à convaincre les commerçants et les administrations communales d’apposer ce genre de code QR sur leur porte et, surtout, d’y relier un contenu pertinent. Et c’est là que TagTagCity met en avant toute son audace et son savoir-faire. En l’échange d’une somme modeste de 5 euros par mois, la start-up bruxelloise propose en effet aux intéressés un site web mobile qui peut être activé en une minute à peine et qui peut donc se lire via ce fameux “tag” noir et blanc. Le secret ? “Nous prémâchons le travail en développant déjà, en amont, le site web mobile du commerçant avec des informations existantes, précise Olivier Poulaert, CEO et cofondateur de TagTagCity. S’il marque son accord, le site peut être directement activé et donc accessible en moins d’une minute.”

Le potentiel est énorme. Selon une étude de Gartner, la moitié des recherches sur le Net se fait aujourd’hui via un support mobile. Or, 90 % des petits commerces ne disposent toujours pas de sites web spécifiquement adaptés à une navigation sur tablette ou sur smartphone. Plus inquiétant : toujours selon la même étude, 76 % des “mobinautes” quittent immédiatement un site qui n’a pas été optimalisé pour les supports mobiles et qui ne les satisfait donc pas. D’où l’intérêt pour les commerçants de combler cette lacune en s’offrant au moins un service de base, histoire de ne pas rater le train du Web mobile. “Nous apportons quelque chose de très concret pour des gens qui n’ont pas nécessairement les moyens, enchaîne Geoffroy Simon, COO et cofondateur de TagTagCity. Il y a une notion démocratique dans notre service (5 euros par mois) et c’est pour cette raison que j’aime dire que nous sommes l’easyJet du Web mobile. Car oui, nous faisons du low cost et ce n’est nullement péjoratif !”

Viser les 4 millions de références

Fondée il y a deux ans à peine par les Bruxellois Olivier Poulaert et Geoffroy Simon (photo ci-dessus) avec 6.000 euros, TagTagCity compte aujourd’hui 10 employés et développe ses activités autour de deux business models bien distincts : le service aux communes via le concept des villes intelligentes avec son partenaire Belfius et le service aux commerçants via le développement de sites web mobiles à prix concurrentiel. Ambitieuse, la start-up a rapidement débordé des frontières belges pour activer des points d’intérêt un peu partout dans le monde. Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 2,5 millions de références concrètes pour des sites mobiles qu’elle compte sur sa propre carte numérique, espérant même passer à 4 millions d’ici la fin de l’année. Avec toujours le même objectif : convaincre un maximum d’acteurs concernés par les références encodées de souscrire à ce fameux abonnement de 5 euros par mois pour disposer d’un vrai site mobile.

Sur le territoire belge, TagTagCity a déjà répertorié 185.000 points d’intérêt dont 7.000 ont été réellement activés par les commerçants. Les espoirs sont donc conséquents. “Le vrai déclencheur de notre business sera la conversion en ligne, tranche le CEO Olivier Poulaert. Si nous arrivons à transformer ne fût-ce que 0,5 % de nos 4 millions de points d’intérêt en des sites web mobiles activés par les petits commerces, nous entrerons alors dans une belle phase de développement. Car aujourd’hui, TagTagCity est en train de devenir la plus grosse base de données ‘small businesses’ après Google et Facebook.”

Une phase tellement importante que le plus célèbre des réseaux sociaux s’intéresse de près à la petite start-up belge. Pour faire évoluer son business model, Facebook lorgne en effet de plus en plus les innovations en matière de solutions “SoLoMo” (social, local, mobile) qui exploitent au mieux les données géographiques de l’environnement local et donc commercial du “mobinaute”. La stratégie de TagTagCity s’inscrit à fond dans cette tendance et les fondateurs de la société belge ont donc été invités en juin prochain à San Francisco pour présenter leur projet aux troupes de Mark Zuckerberg. L’idée d’un futur partenariat avec le géant américain n’est donc pas de l’ordre du fantasme…

Une impressionnante levée de fonds

En attendant ce voyage d’affaires aux Etats-Unis, les fondateurs de TagTagCity poursuivent leur aventure mobile en Europe, portés par la confiance de nouveaux investisseurs néerlandais et français. Evénement rare pour une start-up belge : la société vient en effet de lever 1,5 million d’euros suite à sa participation récente au Startupbootcamp d’Amsterdam, “un programme d’accélération de business” qui permet aux start-up retenues de bénéficier de conseils, de fonds et du support de quelques mentors pour mieux développer leur affaire. “Ce programme de trois mois nous a permis non seulement d’augmenter notre visibilité globale et d’affiner notre business model, mais surtout de rencontrer de nombreux investisseurs potentiels”, se réjouit Geoffroy Simon, COO de TagTagCity.

Résultat des courses : dès la fin du Startupbootcamp, la start-up bruxelloise a convaincu le fonds d’investissement néerlandais Javest (qui se cache notamment derrière le site de réservation d’hôtels www.eurobookings.com) d’entrer dans l’aventure mobile à hauteur de 731.000 euros. “TagTagCity suit une stratégie dans laquelle nous croyons énormément : mettre en ligne l’information locale des petites entreprises, explique Stefan Bary, directeur général de Javest Investment Fund. C’est un marché très important, en pleine croissance, et qui a besoin de solutions faciles à utiliser pour les commerçants locaux, les musées, les restaurants, etc. TagTagCity utilisera donc ces nouveaux moyens financiers pour agrandir son équipe, des développeurs informatiques aux commerciaux.”

Dans la foulée, les cofondateurs Olivier Poulaert et Geoffroy Simon ont réinvesti chacun 117.000 euros dans la société et ont également séduit deux autres investisseurs français, les frères Cyrique et Matthieu Gallienne (cousins de Ian Gallienne, le beau-fils d’Albert Frère et administrateur délégué de GBL), qui ont eux-mêmes injecté 550.000 euros.

Forte de cette importante levée de fonds de 1,5 million d’euros au total, la start-up compte optimaliser son moteur de recherche géolocalisé et se développer à l’international. Son chiffre d’affaires, qui était de l’ordre de 250.000 euros en 2013, pourrait bien atteindre 1,2 million d’euros pour l’exercice 2014, selon les intéressés. La société belge vient d’ailleurs de signer un contrat avec MasterCard pour un projet commercial pilote à Madrid. Bref, l’aventure TagTagCity ne fait que commencer.

Frédéric Brébant

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