Le BlackBerry de la dernière chance

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Research In Motion a dévoilé le prototype de sa prochaine génération de smartphones, fonctionnant sous son futur système d’exploitation BlackBerry 10. Objectif : convaincre à tout prix les développeurs de créer des applications pour lui.

Graphiquement, la plateforme se rapproche enfin de ses rivaux (Apple iOS, Google Android et Microsoft Windows Mobile), avec une interface entièrement tactile et fluide. Cinq après l’iPhone ! Dans sa démonstration, Thorsten Heins, le nouveau patron de RIM, a même montré son prototype avec une interface qui reprend celle de Windows Mobile (Metro) et ses “tuiles”. Le clavier virtuel a également été revu et propose un système exclusif pour taper avec une seule main, en glissant-déplaçant les lettres du clavier vers le haut de l’écran.

Même si le premier smartphone sous Blackberry 10 sera dépourvu de clavier, le constructeur prévoit d’en proposer d’autres avec un clavier physique. “Le clavier du Blackberry est le meilleur du monde et nous n’allons pas l’abandonner”, affirme Thorsten Heins.

Un prototype sans fonctions téléphone ni 3G/4G

Sur le salon, RIM a offert ce premier prototype à tous les programmeurs pour qu’ils commencent d’ores et à se familiariser avec BlackBerry 10 et à concevoir de nouvelles applications. C’est la première étape de séduction.

“C’est la première fois qu’un constructeur de mobiles donne un prototype aussi tôt dans le processus de lancement d’une nouvelle plateforme”, insiste Christophe Lefort, le DG de RIM France.

Toutefois, au-delà d’une version préliminaire du système Blackberry 10 et d’un navigateur web, le prototype est dépourvu de fonctions téléphone ou d’accès 3G/4G. “Sans le côté données 3G/4G, ce prototype n’est pas vraiment utilisable pour créer une application vraiment mobile”, explique Evan Kirchhoff, le co-fondateur Qubop, un éditeur de logiciels pour mobile. “C’est d’ailleurs assez inquiétant de voir qu’à cinq mois du lancement, RIM n’a toujours pas quelque chose de plus complet”. Mais malgré les critiques, le canadien n’a pas d’autre choix que d’y croire encore.

Un investissement considérable pour attirer les développeurs

La deuxième étape de la séduction est financière. Cette année, RIM va investir plus de 100 millions de dollars pour encourager les programmeurs à créer des applications pour BlackBerry 10. Le canadien prendra également un risque financier en assurant un revenu minimum de 10 000 dollars pour toutes les applications BlackBerry 10 ayant atteint entre 1000 et 10 000 dollars de revenus, après un an de présence dans sa boutique App World, avance Ronjon Nag, le responsable d’App World.

RIM pourra aussi compter sur les aspects différenciants de son OS. “C’est tout de même la plateforme la plus ouverte du marché puisqu’elle accepte aussi les applications écrites en HTML5 et Android/Java”, souligne l’analyste Jack Gold.

L’opération de la dernière chance

Les premiers smartphones équipés de BlackBerry 10 sortiront à l’automne. La rentrée sera critique pour eux, le lancement coïncidant normalement avec celui du nouvel iPhone et de Windows 8. “Si RIM est en retard, si le produit est bugué ou si le smartphone n’attire pas les foules, ce sera la fin”, prédit l’analyste Rob Enderle.

“Blackberry 10 n’est pas seulement un système pour smartphone ou tablette, mais une nouvelle plateforme informatique que l’on verra aussi dans les automobiles et ailleurs”, se félicite Thorsten Heins.

Sauf que, si RIM ne marque pas l’essai, c’en est fini car RIM est avant tout un fabricant de téléphones. Les autres activités (logiciels, serveurs…) ciblant les entreprises représentent moins de 20% de son chiffre d’affaires.

Jean-Baptiste Su, envoyé spécial à Orlando (L’Expansion.com)

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