La condamnation de Google en Italie inquiète les défenseurs de la liberté d’expression

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La condamnation de dirigeants de Google pour avoir hébergé une vidéo retirée par la suite, verdict sans précédent en Europe concernant un hébergeur, porte un risque de filtrage a priori des contenus postés sur Internet. Google envisage de bloquer l’accès à Youtube et Blogger en Italie.

www.lexpansion.com/economie/actualite-high-tech/la-condamnation-de-google-en-italie-inquiete-les-defenseurs-de-la-liberte-d-expression_227654.htmlLa condamnation de trois dirigeants de Google Italie à des peines de prison avec sursis, suite à la diffusion sur Google Vidéos d’images d’un adolescent handicapé victime de brimades par des camarades de classe, suscite de vives réactions. Cette vidéo est restée en ligne pendant deux mois avant d’être retirée par les administrateurs du site.

“Il s’agit d’une attaque contre la liberté en ligne et les principes fondamentaux qui sont à la base d’Internet”, a déclaré le porte-parole de Google, Marco Pancini. Cette décision pourrait contraindre Google à modérer a priori sa plate-forme de vidéos, ou à bloquer l’accès à YouTube en Italie. Sa plate-forme de blogs Blogger ou sur ses autres services pourraient également être concernés.

“Bien entendu, nous condamnons la diffusion d’une telle vidéo, mais les véritables coupables sont les auteurs des brimades et ceux qui les ont filmées puis mises en ligne. Ils ont déjà été condamnés. Google a, de son côté, retiré rapidement la vidéo après qu’elle lui a été signalée. Si les juges ont l’intention de lancer ainsi un débat sur le respect de la vie privée sur Internet, un sujet important, ils choisissent mal leur cheval de bataille”, a déclaré Reporters sans frontières. “Surtout, cette condamnation instaure de facto un contrôle a priori sur la publication de vidéos. C’est un coup dur pour la liberté d’expression. Ceci est d’autant plus symbolique qu’il affecte un pays démocratique.”

Cette condamnation intervient en plein débat sur le nouveau projet de décret déposé en janvier 2010 par le ministre délégué aux Communications, relève Reporters sans Frontières. Ce décret est destiné à obliger les sites de diffusion de vidéos à obtenir une licence officielle. “Sous couvert de protéger les droits d’auteur, notamment les chaînes de télévision contrôlées par le président du Conseil Silvio Berlusconi, le gouvernement s’arrogerait un contrôle direct sur les télévisions indépendantes diffusées sur le Web. Leur existence dépendrait alors d’une licence accordée par le ministère et non par un juge”, souligne l’association.

“Nous contestons le fait que les fournisseurs de services sur Internet sont responsables a priori du contenu posté par les utilisateurs. Le principe fondamental de la liberté d’Internet est vital pour les démocraties qui accordent de la valeur à la liberté d’expression”, a de son côté déclaré l’ambassade américaine à Rome.

“L’Italie confirme sa reputation de pays qui met en danger la liberté des medias, elle cherche à imposer sa myopie au reste du monde. Ce verdict met en péril la viabilité d’Internet, et j’espère qu’il sera contredit en appel”, a pour sa part indiqué Jo Glanville, de l’Index of Censorship.

Trends.be, L’Expansion.com

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