L’intelligence est-elle soluble dans PowerPoint ?

Dans un livre intitulé La Pensée PowerPoint : Enquête sur ce logiciel qui rend stupide, Franck Frommer questionne l’impact du logiciel de présentation de Microsoft sur notre mode de pensée. Une critique qui n’est pas neuve, mais les choses auraient même empiré.

PowerPoint nous rendrait-il stupides ? C’est la question que pose Franck Frommer, ancien journaliste entré en communication il y a une vingtaine d’années, dans son livre La Pensée PowerPoint : Enquête sur ce logiciel qui rend stupide, paru le 7 octobre.

Il y dénonce les effets insidieux de ces présentations formatées sur notre façon de penser : une nouvelle culture business où la forme prend le pas sur le fond, la simplification est la règle, la manipulation de l’auditoire une discipline qui s’apprend. Son propos n’est pas une critique du logiciel, mais de l’usage qui en est fait et des travers qu’il révèle sur le monde de l’entreprise.

“Pour faire entrer ce que l’on veut dire dans le cadre très contraignant de la dizaine de maquettes proposées, il faut couper, recouper les phrases, éliminer tous les liens logiques. Bon nombre d’ingénieurs, de managers, de financiers se plaignent de passer des heures à “faire de la slide” plutôt que de se consacrer à leur activité de base”, explique l’auteur dans une interview au journal Le Monde.

Cela fait en effet bien longtemps que les présentations Powerpoint ne sont plus réservées aux seuls consultants. Les cadres, comme les créateurs d’entreprise, en sont passé maîtres pour vendre leurs idées. Ainsi Rafi Haladjian, cofondateur de Violet (créateur du Nabaztag), écrivait en 2003 dans un livre intitulé Devenez beau, riche et intelligent, avec PowerPoint, Excel et Word, qui revenait sur son aventure de pionnier de la nouvelle économie : “PowerPoint était l’outil par excellence pour lyophiliser votre projet et le servir chaud en quarante-cinq minutes à ceux qui tenaient les cordons de votre avenir. Selon le ratio traditionnel de trois minutes par slide, la complexité du monde et du business devait pouvoir se décrire en quinze tableaux, écrits en grand. En quinze pages écrites en grand, toutes les histoires ressemblent à des livres pour enfant de trois ans.”

Ses critiques à l’égard de l’outil de présentation de Microsoft sont les mêmes que celles de Frommer aujourd’hui. “De clic en clic, il passe de slide en slide et ses petits rots de pensée s’emboîtent. Son discours semble évident, automatique. La présentation PowerPoint devient un outil de domination et d’anesthésie. Si la religion était l’opium du peuple, PowerPoint est celui du cadre.” En résumé, “De tous nos outils, PowerPoint est aujourd’hui celui qui structure le plus notre façon de penser.”

Etes-vous d’accord avec cette analyse ? Avez-vous fait les mêmes expériences ? Pensez-vous que les logiciels que nous utilisons au bureau ont un effet structurant sur notre façon pensée ? Pensez-vous au contraire qu’ils ne sont rien de plus que de simples outils ? Donnez votre avis dans les commentaires.

L’Expansion.com

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