L’Energy Observer, un véritable laboratoire flottant

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Bastien Pechon Journaliste

Les lacs, les mers et les océans sont remplis d’un carburant propre, durable et inépuisable : l’hydrogène. Un gaz qui pourrait remplacer à terme l’essence des voitures ou le fioul des bateaux, stocker le surplus des énergies renouvelables ou chauffer les bâtiments.

Une ressource illimitée

C’est le carburant de l’Energy Observer, un navire piloté par les Français Victorien Erussard et Jérôme Delafosse. Malgré leur abondance, ces molécules d’hydrogène se trouvent rarement seules à l’état naturel. Combinées à l’oxygène, elles forment l’eau (H2O). En générant un courant électrique dans l’eau de mer, préalablement désalinisée et déminéralisée, les molécules sont séparées les unes des autres : l’oxygène est renvoyé dans l’air, l’hydrogène est stocké puis utilisé pour la propulsion du bateau.

Un “smart grid” flottant

Ce bateau, autonome en énergie et sans émission de gaz à effet de serre ni particules fines, est un véritable réseau intelligent qui combine plusieurs sources d’énergie et plusieurs solutions de stockage. Deux éoliennes et 120 m2 de panneaux photovoltaïques produisent de l’électricité qui alimente directement les deux moteurs. L’excédent est ensuite stocké dans une batterie ou transformé en hydrogène via l’électrolyse de l’eau. ” Nous avons aussi un système réversible, qui permet de convertir les moteurs en hydro-générateurs “, explique Victorien Erussard, le capitaine du bateau. Des hydroliennes qui fonctionnent selon le même principe que les éoliennes terrestres à la différence près qu’elles puisent l’énergie des courants marins plutôt que celle du vent. Un cerf-volant intelligent permet aussi de tirer le bateau. ” On va aussi développer un logiciel de routage maritime intelligent adapté au bateau “, poursuit Victorien Erussard. Un logiciel qui prendra en compte une multitude de paramètres dont la vitesse du vent, le taux d’ensoleillement, les courants marins, le niveau des batteries, le niveau des réservoirs d’hydrogène, etc., pour aller le plus loin possible en consommant peu.

En chiffres

5 millions d’euros. C’est le coût de la R&D et de la construction du bateau.

6 ans. Ce laboratoire flottant devrait visiter 50 pays et réaliser 101 escales entre 2017 et 2022.

3 fois plus d’énergie. L’hydrogène contient jusqu’à trois fois plus d’énergie que le gazole par unité de masse.

Un média

L’Energy Observer est aussi un véritable studio flottant. Il est possible de suivre les aventures de Victorien Erussard et de Jérôme Delafosse via leur site internet (www.energy-observer.org) ou via les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook. Sur terre, un village itinérant sensibilisera le public à la transition énergétique d’escale en escale. L’équipe vient également de signer un contrat avec Canal+ pour une série de huit films documentaires intitulés L’Odyssée pour le futur.

Mission

Des navires ” propres “, il en existe déjà. Notamment le PlanetSolar. En 2012, ce bateau est parvenu à boucler son tour du monde en étant uniquement alimenté par l’énergie solaire. La route prise par ce navire photovoltaïque suivait en grande partie l’équateur pour profiter d’un maximum d’énergie. Victorien Erussard, lui, veut tester son réseau flottant dans plusieurs régions du globe. Mis à l’eau en avril dernier, l’Energy Observer poursuit actuellement un tour de France, avant de faire plusieurs escales dans le bassin méditerranéen en 2018, puis en Europe du Nord l’année suivante, avant de poursuivre son odyssée au-delà du continent européen, en traversant l’Atlantique, notamment.

Le futur de la navigation? ?

Les cargos, les navires de croisière et les bateaux de demain vogueront-ils à l’hydrogène ? Deviendront-ils des vaisseaux 100 % autonomes en énergie grâce aux panneaux solaires, aux éoliennes ou aux hydroliennes ? Pour des bateaux légers, qui ont une faible vitesse, comme l’Energy Observer, cela semble envisageable. ” Pour les bateaux de plus gros tonnage, où vous devez aller très vite d’un point à un autre, là c’est beaucoup plus complexe “, nuance Victorien Erussard. Produire et consommer sa propre énergie ne doit pas être un but en soi. ” Il y aura beaucoup de navires qui feront le plein d’hydrogène à terre, comme une voiture “, ajoute le capitaine.

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