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Informations et spermatozoïdes, même combat !

L’information n’est aujourd’hui plus un bien rare, que du contraire. Nous sommes noyés par l’information de tous côtés, et comme n’importe quel bien, celui-ci est soumis aux lois de l’économie.

Dans le cas de l’information, la tendance est assez claire: les infos seront encore plus courtes, plus ramassées que par le passé, que ce soit par écrit ou via vidéos. En effet, les dirigeants de Google ont annoncé qu’ils allaient changer les très mystérieux algorithmes de leur moteur de recherche pour l’adapter au fait que les gens, aux États-Unis, consacrent désormais 60% de leur temps au numérique, plus du tout sur un PC mais bien via leur tablette ou via leur smartphone.

La conséquence immédiate de ce changement d’attitude, c’est que comme l’écran de ces deux appareils est plus petit que celui d’un PC, il va falloir que l’information soit encore plus courte, plus condensée. C’est inéluctable, les gens déroulent les titres sur leur smartphone et cliquent de préférence sur des informations compactées, c’est l’éditeur et journaliste Jean-Louis Servan-Schreiber (1) qui, l’un des premiers, a fait le constat de cette future nouvelle tendance. Quant aux vidéos, elles ne devront pas dépasser les deux à trois minutes pour avoir une chance d’être visionnées jusqu’au bout.

Et donc, la conséquence de cette importance prise par les smartphones, c’est que l’information entre journaux sera encore plus semblable. En clair, comme l’écrit Jean-Louis Servan-Schreiber, il y aura une présentation homogène de l’information, qu’elle soit issue d’un journal aussi sérieux que Le Monde, ou d’un gratuit ! Il ne sera par conséquent plus possible, selon lui, “de mettre en majesté une information, en lui attribuant une longueur et une illustration qui attirent davantage le lecteur. Sur le Net, tout doit passer à la toise du format réduit”.

L’info aujourd’hui, c’est un petit peu le combat du spermatozoïde pour accéder à l’ovule: beaucoup d’appelés et très, très peu d’élus

L’autre impact de la réduction de la fenêtre de lecture, c’est que plus que jamais, l’information devra apparaître dans les tout premiers résultats de toute recherche effectuée sur Google pour avoir une chance d’être lue. Pourquoi ? Parce qu’il est prouvé statistiquement qu’il n’y pas plus de 3% des internautes qui vont au-delà de la première page de Google ! Et encore une fois, Jean-Louis Servan-Schreiber, nous alerte avec raison: “avec des écrans plus petits, il y aura encore moins d’élus qui s’afficheront en tête des résultats de Google”. Comme il le fait remarquer joliment, “plus la fenêtre se rétrécit, plus la file d’attente s’allonge et plus les chances d’être vu se rétrécissent !”.

Au fond, pour qu’une information ait la chance d’être lue aujourd’hui, l’éditeur de cette information doit faire beaucoup d’efforts: c’est un petit peu comme le combat du spermatozoïde pour accéder à l’ovule, beaucoup d’appelés et très, très peu d’élus. En résumé, du fait du changement d’algorithme de Google, l’information va se consommer de plus en plus en… comprimés !

(1)Clés : juin-juillet 2015

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