High-tech : les 3 territoires à conquérir en 2012

© Reuters

Une rude bataille se prépare pour la mainmise sur les paiements sur mobile, la géolocalisation et la réalité augmentée.

Dans certains domaines du nouveau monde numérique, les maîtres émergent clairement. Google domine les moteurs de recherche ; Facebook les réseaux sociaux ; Amazon la vente de contenu. Certes, on se dispute encore l’hégémonie sur ces territoires : Bing (Microsoft) s’attaque à Google pour les moteurs de recherche, Google entre en compétition avec Facebook pour les réseaux sociaux, et ainsi de suite. Mais ces exemples concernent tous de vastes domaines déjà arrivés à une certaine maturité. En 2012, les batailles les plus intéressantes porteront sur de petits territoires moins connus. Des territoires à la périphérie du monde technologique, comme le paiement par téléphone portable, la géolocalisation et la réalité augmentée. Mais ceux-ci restent à conquérir. Par qui ?

Prenons le paiement sur mobile. C’est l’un des paradoxes du progrès technologique : utiliser un téléphone portable pour payer un taxi est plus facile à Nairobi qu’à New York. Le Kenya se classe, en effet, parmi les leaders mondiaux des systèmes de paiement sur mobile. Cette alternative à la banque et aux méthodes de paiement traditionnelles a remporté un grand succès dans les pays en développement. Mais dans les pays développés, le remplacement des portefeuilles et des cartes de crédit par des téléphones portables a été retardé par des querelles entre banques et opérateurs de GSM, pour déterminer qui serait “propriétaire” du client et qui financerait la mise à jour de l’équipement au point de vente utilisé par des millions de commerçants.

Apple, encore et toujours

Deux sociétés pourraient permettre de sortir de cette impasse en 2012. La première est Square, une start-up créée par Jack Dorsey, par ailleurs cofondateur de Twitter. Son entreprise fabrique un petit appareil carré qui se connecte au smartphone, le transformant en caisse enregistreuse mobile, capable d’accepter des paiements par carte de crédit. La dernière version de la technologie permet même aux clients ayant acheté un article par ce moyen d’utiliser, pour leurs achats suivants, leur iPhone au lieu de leur carte de crédit. Cet outil astucieux permet de réaliser, en partant de la base des utilisateurs, ce que les entreprises, malgré plusieurs années d’efforts, ne sont pas parvenues à mettre en £uvre.

L’autre entreprise à surveiller est Apple, maintenant dirigée par Tim Cook. A maintes reprises, elle a su s’emparer d’idées à moitié abouties (le lecteur MP3, le smartphone, la tablette) et a montré au secteur ce que l’on pouvait en faire. En 2012, on peut s’attendre à ce qu’elle adopte la même tactique avec les paiements sur mobile, en intégrant une puce sans fil dans une nouvelle version de l’iPhone. Apple pourrait ainsi permettre à chacun de ses appareils d’effectuer et de recevoir des paiements, en reliant l’ensemble du système aux cartes de crédit des 200 millions d’utilisateurs de son service iTunes. Qui d’autre qu’Apple peut créer une infrastructure de paiement sur mobile du jour au lendemain, et inciter des concurrents à l’imiter, ouvrant ainsi un marché entièrement nouveau ? Et pour assurer la compatibilité avec des iPhones plus anciens et des appareils tournant sous Android, on peut s’attendre, en toute logique, à ce qu’Apple achète Square. Mais il faudra aussi compter avec PayPal, qui domine les paiements réalisés sur Internet à partir d’un ordinateur de bureau, et Google, qui a lancé un service de portefeuille électronique en 2011.

Souriez, vous êtes localisés

Les services de géolocalisation sur mobile sont un autre domaine qui doit encore décoller. Les opérateurs de téléphonie mobile font depuis des années la promotion de publicités et de bons spécifiques à un lieu. Plus récemment, des start-up comme Foursquare et Gowalla ont essayé d’inciter les utilisateurs de téléphones intelligents à faire connaître l’endroit où ils se trouvent, avec pour objectif de commercialiser cette information. Mais la localisation est utile au consommateur quand elle est associée à d’autres éléments, comme des photos, des mises à jour de statut et des recommandations partagées sur les réseaux sociaux. De nombreuses initiatives seront sans doute prises sur ce terrain en 2012, d’autant plus que les start-up dans le domaine de la localisation entrent en concurrence et coopèrent avec les grands réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Google+).

La situation est comparable dans le domaine de la réalité augmentée, une prouesse qui relève presque de la science-fiction ! La réalité augmentée consiste à superposer, en temps réel, des informations provenant d’Internet sur une image du monde réel. Pour l’heure, ce tour de passe-passe peut être réalisé avec une poignée d’applications sur téléphone intelligent (comme Layar, Wikitude et Google) et sur quelques consoles de jeu (comme la Nintendo 3DS). Mais avec l’association des informations de géolocalisation et des réseaux sociaux, la réalité augmentée devient le moyen logique d’afficher des résultats : pour repérer vos amis dans la foule d’un festival, par exemple. Ou même pour vous permettre, via vos lunettes, de vous rappeler le nom de la personne à qui vous vous adressez lors d’une conférence, ainsi que les informations les plus récentes qu’elle a postées sur des réseaux sociaux. Une fois encore, ce nouveau territoire suscite l’intérêt des start-up et des grands réseaux sociaux – mais aussi celui des moteurs de recherche et des fournisseurs de matériel informatique. Apple est aujourd’hui la société à battre, celle qui maîtrise l’art de savoir proposer une technologie de pointe, sous une forme élégante et facile à utiliser. Apple va-t-elle lancer un jour des lunettes à réalité augmentée – les iGlasses, peut-être ?

Tom Standage, chef des éditions numériques de The Economist

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