Fin de règne pour le duo Microsoft – Intel ?

© Reuters

L’industrie informatique s’est affranchie du duopole associant Windows à Intel. Une nouvelle ère commence. C’est le constat implacable que l’on tire du salon mondial de l’électronique qui s’est refermé dimanche à Las Vegas. La preuve en quatre faits clés, selon notre envoyé spécial.

Cette année, avec la 3D, ce sont les tablettes et les “superphones” équipés des puces ARM et du système Google Android qui ont volé la vedette au Consumer Electronic Show de Las Vegas. “On a assiste a un tournant historique cette année avec la montée en puissance de cette nouvelle génération d’appareils mobiles communicants et la fin du monopole de Microsoft, complètement dépassé technologiquement”, se réjouit Vic Gundotra, le vice-président ingénierie chez Google.

Car même s’il n’avaient pas de stand au CES, ARM et Google étaient omniprésents dans la quasi totalité des tablettes et smartphones présentés par les grands noms de l’électronique, comme ASUS, Dell, LG, Motorola, Samsung ou Toshiba.

Une ironie que certains vétérans de l’industrie informatique n’ont pas manqué de remarquer. “Il y a 10 ans, Bill Gates avait créé la surprise en affirmant que les tablettes PC seront au coeur d’une nouvelle révolution informatique. Bien que sa vision se soit réalisée, elle se fera sans Microsoft et Windows”, souligne l’analyste Rob Enderle.

Pour mieux comprendre, voici les 4 fait clés du CES qui expliquent pourquoi l’ère WinTel est sur le point de s’achever, après plus de 20 ans de domination.

La fin de l’exclusivité Wintel

Le premier coup de théâtre est venu de Microsoft lui-même et l’annonce que la prochaine version de système d’exploitation, Windows 8, sera aussi disponible pour les puces ARM. Une révolution car aujourd’hui, le système phare de Microsoft ne fonctionne que sur les puces “X86” produites principalement par Intel, AMD et VIA. De plus, les applications écrites pour Windows sur ARM ne seront pas compatibles avec la version X86. Microsoft reconnaît ainsi la domination acquise par ARM en matière de conception de puces pour mobile. Windows Mobile 7 fonctionne en effet déjà sur ARM. Avec Windows 8 pour ARM, Microsoft espère capturer enfin le marché des netbooks, portables et autres tablettes équipé par les puces du fondeur britannique. Problème, Windows 8 ne sera pas disponible avant deux ans. Une éternité à l’échelle de l’informatique internet.

La domination d’Android sur les tablettes non iPad De fait, à l’exception de quelques rares tablettes sous Windows 7 (comme chez ASUS et HP) et le PlayBook de RIM, l’avalanche de tablettes présentées au CES fonctionnent sous Google Android, et notamment la version 3.0 au nom de code Honeycomb, optimisée pour les appareils tactiles grand écran et disponible dans le courant de l’année. Ces tablettes sont aussi équipées du processeur ARM, y compris celle de RIM, le fabricant du BlackBerry.

La domination d’ARM sur les superphones Tous les superphones 4G dévoilés au CES sont équipés de puces ARM bi-coeur (Tegra 2) fabriquées par Nvidia, comme les LG Optimus et Motorola ATRIX. En attendant bien sûr l’iPhone 4G. Malgré quelques tentatives, Intel reste toujours absent de ce marché en forte croissance, sans espoir de rattraper son retard, faute de puce suffisamment économe en énergie et aux performances graphiques décentes.

L’Atom killer d’AMD

AMD dévoile Fusion qui combine sur une même puce, un processeur rapide et une carte graphique puissante capable de faire de l’ombre à la puce d’entrée de gamme à succès d’Intel. Cet “Atom-killer” équipe la vaste majorité des netbooks sous Windows présentés au CES, comme ceux d’ASUS, Acer, Dell, HP ou Sony. De son côté, Intel joue la carte de la puissance avec la nouvelle génération de processeurs “Core” destinés aux PC de bureau et grands portables. “Avec Fusion, AMD est bien mieux positionné au niveau prix, performance et autonomie qu’Intel ou Nvidia sur le marché des tablettes et des netbooks sous Windows, et sur le segment des appareils embarqués comme les boitiers TV”, estime Nathan Brookwood, analyste chez Insight64.

Jean-Baptiste Su, à Las Vegas

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