Facebook : l’envers du succès planétaire

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Facebook, qui s’introduit en Bourse vendredi et se valorise au passage à quelque 100 milliards de dollars, aurait permis la création de centaines de milliers d’emplois. Certains analystes nuancent néanmoins cette image angélique…

Facebook vend ses actions à 38 dollars, valorisation à 104 milliards


Facebook a annoncé jeudi la mise sur le marché de plus de 421 millions d’actions au prix de 38 dollars pièce, en haut de la fourchette annoncée mardi, ce qui valorise le réseau social à 104 milliards de dollars au maximum.


Les titres Facebook doivent commencer à s’échanger sur le marché électronique Nasdaq vendredi sous le sigle FB. Il s’agit de la plus grosse entrée en Bourse pour une valeur Internet, et de la deuxième plus grosse pour une entreprise américaine tous secteurs confondus, derrière Visa.


L’entreprise elle-même cède 180 millions d’actions, ce qui lui permet de récolter 6,84 milliards de dollars. Le solde, soit 57 % de l’offre, est cédé par des actionnaires existants, portant le total de l’opération à 16,02 milliards de dollars.


Certains analystes s’étaient interrogés sur la possibilité que Facebook et les banques pilotant l’entrée en Bourse, puissent dépasser la fourchette de prix de 34 à 38 dollars annoncée, vu l’engouement suscité par cette opération ultra-médiatisée. Cela n’a finalement pas été le cas. De nombreux analystes ont en effet mis en garde contre tout emballement pour Facebook, dont la croissance du chiffre d’affaires est en décélération alors qu’il est en phase d’investissements intenses, et qui peine à monétiser la migration du trafic Internet sur les appareils portables.


Cette entrée en Bourse est la deuxième plus importante aux Etats-Unis derrière Visa, mais devant General Motors, selon le cabinet Renaissance Capital, qui ne comptabilise que les offres initiales d’actions ordinaires.


Facebook, c’est aussi une locomotive économique


Si Facebook est déjà une locomotive économique qui a débouché sur la création de tout un secteur d’entreprises actives dans “l’Internet social”, son impact réel reste sujet à débat. Des dizaines de start-up et des milliers d’applications ont été conçues dans le but principal de s’adresser aux quelque 900 millions d’internautes qui utilisent régulièrement Facebook.


Cela conduit certains spécialistes à conclure que Facebook, qui ne produit aucun objet matériel et ne récolte qu’une partie de ses recettes publicitaires potentielles, est un réel moteur de l’activité économique.


Une étude publiée l’an dernier par l’Université du Maryland a ainsi conclu que “l’économie des applis Facebook” avait créé au moins 182.000 emplois et injecté dans l’économie américaine plus de 12,19 milliards de dollars. Les auteurs de l’étude, Il-Horn Hann et Siva Viswanathan, estiment que l’impact est probablement encore plus important aujourd’hui, vu que Facebook a gagné 150 millions de membres depuis l’an dernier.


La société californienne n’emploie elle-même qu’environ 3.500 personnes mais elle a engendré des sociétés comme Zynga, l’éditeur de jeux qui emploie plus de 2.000 personnes et s’est lancé en Bourse un an avant Facebook.


Parallèlement, une myriade de cabinets de consultants se font fort d’expliquer comment profiter de Facebook, tandis que des développeurs d’applications gagnent aussi de l’argent grâce au site, ce qui engendre de nombreux emplois indirects.


En janvier, une étude du cabinet de stratégie Deloitte a conclu à un “impact économique” de Facebook dans l’Union européenne de 15,1 milliards d’euros et environ 232.000 emplois.


Facebook : l’envers d’un succès économique planétaire


L’économiste Joel Naroff note cependant que Facebook ne peut créer de la valeur dans l’économie qu’en en supprimant par ailleurs. Pendant que Facebook et d’autres médias sociaux gagnent de l’argent et embauchent, “beaucoup de journaux sombrent ou licencient”.


M. Hann note que son étude avait pour but de comptabiliser les créations nettes d’emplois, mais concède qu’il est difficile de prouver que les nouveaux emplois ne s’accompagnent pas de la suppression d’autres.


Pour Nariman Behravesh, économique chez IHS GLobal Insight, il y a sûrement des gains nets d’emplois, mais ils ne sont “pas gigantesques”.


Il est plus difficile de calculer la valeur économique de Facebook que celle d’Apple par exemple, qui fabrique des objets et gère des magasins, en plus de distribuer des biens numériques.


Pour Carey Leahey, de Decision Economics, la valeur de Facebook, largement intangible, tient à ce qu’il représente un nouvel outil marketing. “Ce n’est pas de la fabrication, ce n’est pas du capital, mais cela crée pour les entreprises une façon d’être en interaction plus directe avec les consommateurs, c’est intangible mais c’est un progrès”.


Trends.be, avec Belga

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