Dans les coulisses d’Office 2010

Le grand public peut désormais acheter Office 2010. Pour développer sa nouvelle suite bureautique, Microsoft a pioché des idées chez Google et Apple, et écouté ses utilisateurs. Il lance parallèlement la version en ligne gratuite Office Web Apps, qui doit concurrencer Google Docs.

Office, c’est la suite bureautique la plus utilisée dans le monde. Elle serait présente sur plus d’un milliard de PC dans le monde selon Comscore. Aujourd’hui Microsoft lance la nouvelle version grand public de sa célèbre suite logicielle, Office 2010. Au menu : de nouvelles fonctionnalités, bien sûr, mais aussi une grand première : une version en ligne et gratuite, baptisée Office Web Apps, qui vient directement concurrencer Google Docs. Le point avec Jean-Christophe Pitié, directeur de la division Office chez Microsoft France.

Quelles sont les grandes nouveautés d’Office 2010 ?

Office 2010 marque un tournant dans la stratégie de Microsoft, au niveau de l’intégration des nouveaux usages et du modèle économique. On note trois grandes nouveautés : la première, dans le domaine de la créativité. Powerpoint 2010 devient véritablement multimédia, il permet de faire du montage vidéo ou de la retouche photo et de mettre cela en page en quelques clics.

Ensuite, sur le plan de la mobilité : avec Office Web Apps, je peux accéder à mes documents de n’importe où, à travers un navigateur Internet. On peut poster ses documents en ligne, les partager, et ce, gratuitement puisque le financement est assuré par la publicité. Celle-ci sera commercialisée par la régie MSN et ne sera pas directement affichées dans les documents mais seulement dans les espaces de stockage des fichiers. Office Web Apps est une version allégée, indépendante et complémentaire d’Office 2010.

Enfin, Office intègre désormais les réseaux sociaux et le travail collaboratif, en permettant de travailler à plusieurs en temps réel sur le même document et de rassembler les flux de ses contacts sur LinkedIn, Viadeo, Facebook et MySpace.

La dernière version d’Office, en 2007, avait dérouté de nombreux utilisateurs car les menus ne se présentaient plus du tout comme avant. Office 2010 présente-t-il de nouveaux changements de ce type ?

Nous avons repris le système du “ruban” introduit avec Office 2007. En général, les utilisateurs avaient mis deux ou trois semaines à s’adapter à ces menus, c’est vrai. Mais selon une étude que nous avons réalisée, 77 % ne voulaient plus revenir en arrière une fois habitués ! Nous avons même étendu le système du ruban à Outlook, car c’était une demande de nos clients.

Une autre nouveauté intéressante, c’est le regroupement de toutes les fonctions d’impression et de partage de documents dans Backstage. Vous trouverez aussi d’autres nouveautés très pratiques, comme la traduction à la volée sous Word, une fonction dans Outlook qui permet de trier ses e-mails en agrégeant tous les échanges se rapportant à un même sujet dans un seul e-mail (Ndlr, comme sur la messagerie iPhone), ou encore la possibilité d’ignorer des conversations en n’affichant pas les e-mails qui se rapportent à un sujet donné.

Comment faites-vous pour concevoir les nouvelles versions d’Office ? Vous vous basez sur des études ?

Cela représente un an et demi de travail sur les retours de nos utilisateurs, sur le Web et par le biais de focus groups. Puis une phase de bêta. La bêta d’Office 2010 a été téléchargée par 9 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 600.000 en France, ce qui place l’Hexagone juste derrière les Etats-Unis, alors que la France est loin d’être le deuxième marché pour Office.

Lorsqu’on sait qu’une grande majorité de clients n’utilisent qu’une infime partie des fonctionnalités d’Office, quel est l’intérêt d’acheter Office 2010 alors qu’Office Web Apps est gratuit ?

Pour une utilisation très basique, Web Apps peut suffire. Mais rappelons que, sans connexion Web, on ne peut pas l’utiliser, ce qui peut être un frein. Le pari, c’est que les usages seront complémentaires.

Quelles sont les marges réalisées par Microsoft sur Office ?

Sur l’exercice terminé fin juin 2009, le chiffre d’affaires de la division Business, dont Office représente plus de la moitié des revenus, s’élève à 18,9 milliards de dollars, pour un résultat opérationnel de 12 milliards de dollars.

Quel est le taux de piratage d’Office en France ?

Sur le grand public, il est proche de 70 % ou 75 %.

Compte tenu des marges et du piratage, et maintenant de la concurrence de Web Apps, n’auriez-vous pas intérêt à baisser le prix de la suite logicielle ?

C’est à cause du piratage que nous avons baissé ce prix voici trois ans, et nous avons triplé nos ventes dans la grande distribution depuis. Les Web Apps, c’est aussi une façon de répondre au piratage. Notre ambition est de continuer sur une croissance à deux chiffres.

Sur le produit dédié aux PME, avec Outlook, les prix ont baissé par rapport à 2007. Pour la version familles et étudiants, il est identique, à 139 euros la boîte pour trois installations. Nous avons par ailleurs essayé de simplifier l’acte d’achat : d’ici à cet automne, Office sera préinstallé sur 80 % des PC vendus, et il suffira d’acheter une carte d’activation, vendue 99 euros pour la version familles sans Outlook.

Quelle est la part des ventes grand public dans les revenus générés par Office ?

Nous ne communiquons pas ce chiffre. Elle est plus petite, de l’ordre du quart ou du tiers.

Propos recueillis par Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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