Ce qu’il faut retenir de l’entrée en Bourse de Facebook

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L’entrée en Bourse très tapageuse de Facebook s’est terminée vendredi sur une déception, l’action arrachant une hausse de moins de 1% par rapport à son cours de clôture, à 38,37 dollars. Bilan de la première journée de cotation du titre FB.

Un premier jour décevant

La première journée de cotation de Facebook n’aura pas été une marche triomphale. Au contraire, sa toute nouvelle action aura fait du yo-yo toute la journée. Après avoir ouvert en forte hausse de 13%, elle est revenu rapidement aux alentours de son cours d’introduction, puis est repartie tester la zone des + 7 à 8% avant de finir la séance à nouveau tout près de son point de départ de 38 dollars, à 38,27 dollars exactement. Soit une médiocre hausse de 0,71%. Autant dire un échec pour une opération censée battre tous les records. D’autant qu’une telle performance n’écarte pas possibilité de voir le titre passer sous son cours d’introduction à la faveur d’une mauvaise nouvelle dans les prochains jour. Comparé à d’autres IPO (introduction en Bourse) récentes ou célèbres, cette première journée est vraiment ratée.

Une valorisation record de plus de 100 milliards

En retenant un prix de 38 dollars pour l’introduction en bourse de Facebook, Mark Zuckerberg et ses banques conseil ont choisi le haut de la fourchette indicative de 34 à 38 dollars. Fourchette qui avait d’ailleurs été relevée de même que le nombre d’actions mises sur le marché (+25%) afin de répondre à la très forte demande des investisseurs. Un tel prix valorise Facebook à 104 milliards de dollar pour son entrée en bourse, vendredi 18 mai. Par comparaison, quand Google est entrée en Bourse, en 2004, l’entreprise n’était valorisée qu’à 23 milliards de dollars.

La question de la survalorisation de Facebook est donc posée : 79% des 1250 analystes et traders interrogés par Bloomberg jugent d’ailleurs ce chiffre de 104 milliards excessif,. Car cette valorisation repose sur un pari extrêmement risqué en terme de performances financières pour les 10 ans à venir, nous explique Yann Magnan, directeur de Duff & Phelps. Et pourtant, la demande était si importante que le titre aurait pu être mis à prix beaucoup plus cher, estime Michel Cohen, analyste financier chez MDC Financial Research.

16 milliards de dollars levés

Malgré la déception de la première journée de cotation, Facebook n’en a pas moins réalisé la plus grosse introduction en Bourse pour une valeur internet. Il s’agit de plus de la deuxième plus grosse opération toutes entreprises américaines confondues. En mettant 421 millions d’actions sur le marché, Facebook a en effet levé 16 milliards de dollars, dont 6 milliards iront alimenter les caisses du réseau social via l’émission d’actions nouvelles. Les 10 autres milliards correspondent à des actions vendues par les fonds d’investissement (comme le fonds russe DST qui va récupérer 1,7 milliard de dollars), les premiers investisseurs (comme Microsoft), et les fondateurs de l’entreprise. L’argent récolté par Facebook ira alimenter un trésor de guerre déjà fourni. De quoi financer le développement des infrastructures du réseau ou de faire des acquisitions, comme le réseau de partage de photos sur mobile Instagram, pour lequel il n’a pas hésité à débourser un milliard de dollars (dont 300 millions en cash). Le groupe a également promis pour les années 2012 et 2013 ” des milliers d’embauches “.

Qui sont les premiers actionnaires de Facebook ? Acheter des actions Facebook à l’occasion de l’introduction en bourse n’était pas possible pour le commun des mortels. Déjà parce que la part des titres disponibles hors des Etats-Unis était limitée à 20%. Ensuite, parce que les investisseurs institutionnels et les fonds d’investissement américains auraient réservé 80% des titres. Les particuliers se seraient donc contentés des 20% restants. Et encore, ne s’agissait-il pas de monsieur et madame tout le monde. Il fallait disposer de 500.000 à 700.000 dollars sur son compte et avoir passé une trentaine d’ordres dans l’année pour envisager de faire partie des happy few, nous a expliqué Cédric Chaboud, gérant de la société de gestion de patrimoine SPGP. Des possibilités s’ouvrent en revanche dans un second temps. “Les particuliers français pourront acheter des titres une fois l’introduction en Bourse réalisée “, note Isabelle Falloux, responsable Epargne chez BNP Paribas. Mais ce sont des opérations qui, pour des petits porteurs, pourraient s’avérer risquées.

Mark Zuckerberg, multi-milliardaire à 28 ans

Il est le visage, la figure emblématique de Facebook. A 28 ans, il est devenu un personnage intrigant, qui suscite la polémique et dont l’avis est écouté par les plus puissants. Surtout, Mark Zuckerberg est multi-milliardaire. Le prix d’introduction de 38 dollars valorise sa participation dans Facebook à 19,1 milliards de dollars, ce qui le rend plus riche que Sergey Brin et Larry Page, les co-fondateurs de Google. Il est en fait la 29ème personne la plus riche du monde selon Bloomberg. Et les actions qu’il a effectivement vendu à l’occasion de l’IPO vont lui rapporter plus d’un milliard de dollars. Un somme qui sera entièrement dédiée à rembourser des dettes fiscales. Il devrait encore conserver 18,4% du capital de son entreprise, mais 55% des droits de vote. Ses proches également vont s’enrichir, ceux qui ont cofondé Facebook ou les premiers employés de la boîte qui préféraient, bien leur en a pris, être payés en actions.

Trends.be, avec Lexpansion.com

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