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Harmonisons le système des pensions

A l’automne 2009, le vice-gouverneur de la Banque nationale a lancé un pavé dans la mare : la différence entre les pensions légales pour les fonctionnaires et celles pour les employés n’est pas tenable à terme.

Imaginez : pour compenser la différence entre le dernier salaire et la pension légale, une personne de 40 ans doit épargner 1.366 euros par mois afin de créer un capital dont les intérêts lui permettront de maintenir un niveau de vie identique au-delà de 65 ans. Ce montant varie, bien évidemment, en fonction du niveau du dernier salaire, si la personne est ou non propriétaire, si elle dispose d’une pension complémentaire, etc. Mais au-delà des considérations mathématiques, ce genre de calcul démontre l’ampleur du problème des pensions en Belgique. Et l’urgence de s’y atteler. Certes, en 2005, le gouvernement de l’époque a mis en place le pacte des générations. Mais celui-ci aurait alourdi plutôt qu’allégé la note des pensions… En effet, le coût de l’adaptation des pensions au bien-être s’est révélé bien plus élevé que prévu et les plans pour améliorer le taux d’activité des seniors ont, par contre, donné des résultats décevants.

Les remèdes sont connus. L’Europe recommande une stratégie en trois points : diminuer la dette publique à un rythme soutenu, augmenter le taux d’activité ainsi que les gains de productivité et enfin, mener une réforme du système des pensions qui pourrait entraîner une réduction du niveau des retraites.

Je voudrais m’attarder sur ce troisième point, qui paraît socialement inacceptable. D’autant que le niveau des pensions légales en Belgique est déjà bien bas par rapport à nos voisins européens. Ce raisonnement est exact mais il ne vaut pas pour les fonctionnaires statutaires, qui bénéficient d’une pension maximale de 5.805 euros brut par mois alors que le montant se limite à 1.840,35 euros brut pour un employé isolé. Et ne parlons pas des indépendants…

A l’automne 2009, le vice-gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Luc Coene, a lancé un pavé dans la mare : la différence entre les pensions légales pour les fonctionnaires et celles pour les employés et les indépendants n’est pas tenable à terme. Ces propos ont suscité une levée de boucliers des syndicats. Ceux-ci estiment que la différence n’est pas aussi importante puisqu’une majorité d’employés bénéficient d’une pension complémentaire de la part de leur employeur. Selon eux, le problème n’est pas la hauteur des pensions des fonctionnaires mais bien le niveau trop bas de celles des indépendants et des salariés. Ils plaident donc pour un nivellement vers le haut…

L’avis de Luc Coene a cependant été conforté par un rapport, réalisé par le Voka (l’Union flamande des entreprises), en décembre 2009. Présidé par l’économiste Etienne de Callataÿ, le groupe de travail sur les pensions propose notamment d’instaurer une formule identique pour calculer les pensions quel que soit le statut de la personne, qu’elle soit indépendante, employée ou fonctionnaire. Historiquement, la pension plus confortable des fonctionnaires statutaires – leurs homologues contractuels ne sont pas concernés – était octroyée comme une compensation de salaires moins attractifs durant la carrière professionnelle. Or, cette différence salariale s’est, en grande partie, lissée. Le niveau des pensions est cependant resté identique. Si les fonctionnaires ne bénéficient pas d’une pension complémentaire, ils jouissent par contre d’une sécurité d’emploi, d’une pression de travail moindre et de davantage de congés. Bref, leurs conditions de travail ne justifient plus une pension aussi attractive.

Plus globalement, une harmonisation du système représenterait également un message fort et une belle reconnaissance pour ceux qui entreprennent, comme les indépendants. Reste à voir si nos dirigeants politiques auront la volonté et le courage de s’attaquer à un pareil chantier…

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