Fusions et OPA, ou l’art de lancer des fuites

© Heinz

Lorsqu’un projet de fusion fuit dans la presse, la valeur de l’entreprise tend à augmenter de 18% en moyenne. C’est l’une des conclusions d’une étude de la Cass Business School de Londres. Mais ces indiscrétions sont-elles toujours volontaires ?

M&A Confidential : what happens when deals leal, Cass Business School (City University London), commandité par Intralinks, un éditeur de logiciels pour les fusions et acquisitions (M&A).

http://www.morethanavdr.com/

Les fuites sont fréquentes sur les grosses opérations de fusions et d’acquisitions, comme le rachat de Heinz par Warren Buffet. Elle peuvent rapporter gros au vendeur (et couter cher à l’acheteur). D’après une étude menée par la Cass Business School à Londres, à la demande d’Intralinks, la ” prime ” sur le cours de Bourse de l’entreprise rachetée se situe en moyenne à 43% au lieu de 25%, soit 18% de mieux. Cette donnée est obtenue en examinant 4000 cas de fusions et d’acquisitions survenues entre janvier 2004 et le 16 octobre 2012 dans le monde.

Voici quelques conclusions tirées de la comparaison entre les opérations avec et sans fuites :

Les fuites sont plus fréquentes dans le marché EMEA (Europe). Il y a deux fois plus de fuites sur le Vieux Continent (14% des deals) qu’aux Etats-Unis (7%). L’Asie-Pacifique est située au milieu (10%). La Grande-Bretagne est le pays où les fuites sont les plus fréquentes. D’une manière générale, le taux de fuite diminue ces dernières années sous la pression des contraintes réglementaires.

Elles signalent des deals en moyenne plus profitables. Même si l’opération est plus couteuse, l’acheteur obtient en moyenne un meilleur return. Il est 4,3% plus élevé, à long terme, que la MSCI return index, alors qu’un deal qui n’a pas connu de fuite dégage en moyenne un rendement inférieur à cet indice (-3,2%).

Les négociations durent plus longtemps. La durée moyenne passe de 116 à 124 jours entre une opération sans et avec fuites.

L’effet se dilue. Entre 2004 et 2007, les fuites augmentaient les chances d’attirer un autre candidats à l’achat. Ce n’est plus le cas. De 2010 à 2012, elles ont mêmes réduit de 9% la probabilité d’aboutir à un accord.

Il y a des tas de bonnes et de mauvaises raisons d’organiser des fuites. Le vendeur peut espérer obtenir un meilleur prix. Le CEO qui achète est parfois tenté de recourir à ce procédé pour vaincre les réticences d’un conseil d’administration partagé. Mais fuites ne sont pas forcément volontaires. Elles sont dues aussi au très grand nombre de personnes impliquées dans un projet de fusion ou d’acquisitions : plusieurs banques peuvent être consultées, plusieurs cabinets d’avocats, des consultants. Plus de 100 personnes peuvent avoir été mises au courant d’un projet de deal. Le risque de fuite accidentelle est important. Un e-mail mal aiguillé, une conversation au restaurant, et voilà le projet éventé…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content