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Formation du gouvernement : la Belgique ne doit plus se retrouver dans le collimateur des marchés financiers

Le “non” du CDH à Bart De Wever suscite des inquiétudes. Beaucoup d’observateurs pensent qu’avec ce “niet”, la Belgique risque de se retrouver dans la même situation qu’en 2010-2011 : une attente de 540 jours avant d’avoir un gouvernement.

Et encore, ce gouvernement a vu le jour parce que les marchés financiers se sont énervés et qu’ils ont mis la pression sur la Belgique en faisant grimper notre taux d’intérêt à 6%, ce qui était un record à l’époque, et une belle manière de nous étrangler doucement, mais sûrement.

Aujourd’hui, fort heureusement, nous n’en sommes pas encore là. Les pressions sont d’abord locales et politiques. Côté patronal flamand, c’est simple, l’écrasante majorité des patrons a voté NV.A et ils ne comprennent pas qu’un “petit” parti comme le CDH retoque une note qui leur semble très modérée. Un sondage auprès de ces patrons démontre que si l’ancienne coalition gouvernementale devait revenir au pouvoir, une bonne partie des patrons flamands disent qu’ils feraient la grève des investissements. D’autres vont encore plus loin en disant qu’ils délocaliseraient leurs sociétés. Pour des patrons supposés être rationnels, le moins que l’on puisse dire est qu’ils réagissent sur le coup de l’émotion. En Flandre, le vote pro NVA des patrons est moins un vote en faveur d’un séparatisme qu’un vote anti-fiscalité.

Sur le plan éthique, voir des patrons prendre à ce point position – et de manière caricaturale – dans le débat politique peut choquer à juste titre. Mais le drame, c’est qu’en face, ce n’est guère mieux. La FGTB vient encore de faire comprendre qu’une coalition dite kamikaze, ce qui en soi est déjà un programme, cette coalition se heurtera de front à des grèves et donc à des paralysies du pays. C’est également une autre forme de chantage. Les uns prônent la grève des investissements et les délocalisations, et les autres, promettent de bloquer en quelque sorte les entreprises et la circulation. Chacun joue à faire peur à l’autre, le seul perdant dans ce jeu de surenchère, c’est l’image de la Belgique. Heureusement que les Diables sont là pour compenser –

Mais c’est dommage, car l’agence qui gère notre dette publique vient de publier ses chiffres. Grâce à la baisse des taux d’intérêt en zone euro, notre pays a pu économiser 600 millions d’euros d’intérêt en 2013. Si tout va bien, nous pourrons encore économiser 400 millions d’euros d’intérêt en 2014. Mais pour cela, il faudrait avoir un gouvernement rapidement, et surtout éviter de se retrouver un jour ou l’autre dans le collimateur des marchés financiers qui pourraient à nouveau nous faire payer nos hésitations.

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