Tilman, le spécialiste des plantes

Tilman compte d'ici un à deux ans mettre sur pied une filiale commerciale en France, avant de répéter le même modus operandi dans d'autres pays. © dr

Fondée en 1956 par Lucien Tilman, la société Tilman est devenue au fil des années le premier laboratoire de phytothérapie en Belgique. Entreprise plus que jamais familiale, elle intègre aujourd’hui la nouvelle génération afin de poursuivre sa croissance et nourrir ses ambitions internationales.

C’est au sortir de la Seconde Guerre mondiale que Lucien Tilman, père de l’actuel administrateur délégué, Jean-Noël, et pharmacien à Bomal-sur-Ourthe (Durbuy), compose la Tisane du Vieil Ardennais. Cette dernière va rapidement rencontrer le succès. Il va alors étoffer progressivement la gamme qui comptera au total une vingtaine de tisanes médicinales et fonder en 1956 la société Tilman.

“Le plus amusant est qu’il ne croyait pas aux tisanes, il n’en a d’ailleurs jamais pris tout au long de sa vie, sourit Jean-Noël Tilman. Mais c’était un entrepreneur dans l’âme et il a développé différentes affaires sans jamais avoir emprunté un seul franc.”

Tilman, le spécialiste des plantes
© dr

Le laboratoire continuera à fonctionner artisanalement à côté de la pharmacie jusqu’à l’arrivée de Jean-Noël Tilman en 1984. Egalement pharmacien, son père songeait à lui confier l’officine mais son fils préférait reprendre l’activité de production de tisanes. Il va développer et moderniser la production à laquelle il va progressivement adjoindre d’autres produits (gélules, comprimés, sirops, crèmes, sprays, etc.) en restant toujours dans le domaine de la phytothérapie. Il va ainsi industrialiser les processus de fabrication, scellant notamment un partenariat avec Lipton pour conditionner ses tisanes sous forme d’infusettes.

Croissance régulière

En 1998, le laboratoire quitte Bomal pour Baillonville, à un jet de pierre de Marche-en-Famenne. Ce déménagement va permettre à Tilman de prendre son essor et connaître une croissance régulière de 15 % par an. “En 1995, nous avions scindé la société en deux, poursuit Jean-Noël Tilman. Une de mes soeurs, Pascale, a repris avec son mari la pharmacie et j’ai repris le laboratoire. Mon autre soeur, Françoise, a également reçu sa part. Nous nous entendons très bien et personne n’a été lésé. Elles sont d’ailleurs très heureuses de la réussite de Tilman.”

D’année en année, Tilman va grandir naturellement et croître tant au niveau national qu’international. Actuellement, l’export représente quelque 25 % du chiffre d’affaires (33 millions d’euros en 2017) et concerne une trentaine de pays à travers le monde. Ses premiers marchés étant l’Algérie, le Maroc et l’Arabie saoudite, grâce à de bons partenaires locaux. La France n’est actuellement que quatrième mais l’objectif dans les prochaines années est de s’imposer sur le marché hexagonal à l’instar de la Belgique où l’entreprise est leader.

“L’objectif que nous avons fixé pour 2030 est d’inverser les pourcentages et de réaliser 80 % à l’export et 20 % en Belgique.”

Malgré sa forte progression – elle emploie aujourd’hui 180 collaborateurs contre une petite trentaine quand elle s’est installée à Baillonville -, Tilman a conservé un esprit familial. C’est, avec une organisation simple et des rapports directs entre les personnes, une des clés du succès de l’entreprise, selon Jean-Noël Tilman : “Je fais confiance au personnel. Tout comme mon père m’avait laissé carte blanche pour développer le laboratoire. La confiance favorise l’autonomie et l’implication. C’est un facteur important de non-stress. Le turnover et l’absentéisme sont particulièrement faibles au sein de notre entreprise. Avec le respect et la responsabilité sociétale, la confiance est l’une des trois valeurs de Tilman.”

Une philosophie qui, outre la qualité de ses produits, explique, pour une large part, les bons résultats engrangés depuis des années par Tilman et qui lui ont valu en 2013 d’être désignée Entreprise de l’Année.

Nouvelle génération

Jean-Noël Tilman
Jean-Noël Tilman© BELGA

Jean-Noël a cinq enfants. Les trois premiers fils sont en âge de rejoindre l’entreprise et deux l’ont fait. Les deux derniers, une fille et un garçon, sont encore trop jeunes. “L’aîné, Manoël (32 ans) a fait ses études à l’Ihecs qu’il a complétées par les sciences politiques (relations internationales) à l’UCL. Il a ensuite acquis au travers de stages à l’étranger une précieuse expérience à l’international ainsi qu’une excellente connaissance des langues (espagnol, anglais et néerlandais). Le deuxième, Mikaël (30 ans), est pharmacien et a toujours souhaité travailler chez Tilman. Le troisième, Brice (28 ans), a notamment travaillé dans la coopération au Vietnam et est diplômé en agronomie forestière.”

Les deux premiers ont rejoint l’entreprise en 2016 pour épauler leur paternel. Manoël, fort de ses connaissances dans la langue de Cervantes, a en charge le développement de l’Amérique latine où l’entreprise entrevoit de belles perspectives de croissance. Pour sa part, Mikaël a repris la pharmacie de Bomal qui a réintégré la société.

“Mes fils sont mieux formés et armés que je ne l’étais quand j’ai rejoint l’entreprise familiale, souligne Jean-Noël Tilman. Ainsi, Mikaël a suivi un master complémentaire à HEC-Liège après ses études de pharmacie. Si j’avais suivi un cursus similaire à l’époque, j’aurais sans doute mis moins de temps à découvrir ce que lui a compris en un an.”

Né en 1959, Jean-Noël Tilman envisage de passer le relais aux alentours de 2025. Mais il faudra que ce le soit à la meilleure ou aux meilleures personnes. L’important ayant toujours été pour Jean-Noël Tilman que l’entreprise conserve ses valeurs familiales.

Une ligne de conduite à laquelle il n’a jamais dérogé durant ces 30 dernières années marquées par la croissance. Une croissance qui est plus que jamais à l’ordre du jour avec les ambitions européennes que Tilman affiche pour la prochaine décennie. Avec comme premier objectif la France où il compte d’ici un à deux ans mettre sur pied une filiale commerciale, avant de répéter le même modus operandi dans d’autres pays. Pour ce faire, il compte bien sûr sur ses deux fils ainsi que sur l’ensemble des collaborateurs qui contribuent au succès du petit laboratoire familial devenu en un quart de siècle un acteur de premier plan dans le domaine de la phytothérapie.

Guy Van den Noortgate

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content