Tentes de Halleux: du produit à la transmission

Anne-Michèle et Jean-Luc de Halleux resteront à bord comme consultants externes pour trois ans. Pour rassurer les clients et alléger la charge des nouveaux pilotes. © https://www.dehalleux.com

La société de Halleux ne loue pas de tentes. Elle propose “un lieu éphémère d’exception pour y célébrer un mariage, un anniversaire des événements corporate”.

Une toile en suspens sur l’eau, un pavillon au look africain ou encore un chalet qui semble sorti tout droit des montagnes suisses. La société de Halleux ne loue pas de tentes. Elle propose “un lieu éphémère d’exception pour y célébrer un mariage, un anniversaire des événements corporate”. Du coup, quand Anne-Michèle et Jean-Luc de Halleux ont commencé à penser “transmission”, il leur fallait rester dans ce segment haut de gamme.

En 1989, Anne-Michèle de Halleux est commerciale dans une société de location de tentes. Son mari Jean-Luc s’occupe de la logistique pour un distributeur de vin. Il est manuel. Elle est douée pour la décoration. Et entrepreneuse dans l’âme. Du haut de ses 35 ans et mère de trois enfants, elle achète deux tentes qu’elle loue à des particuliers. “On les montait à deux, se rappelle-t-elle. Nous nous sommes auto-financés petit à petit. C’est comme cela que nous avons commencé. En partant de rien.”

Près de 30 ans plus tard, la société de Halleux SA compte une trentaine de projets par an.

Et quand le couple, approchant la soixantaine, a commencé à penser tout doucement à passer la main, “les choses sont tombées du ciel”, se réjouit Anne-Michèle de Halleux.

Trouver chaussure à son pied

Ce n’est pourtant pas parmi leurs trois filles qu’Anne-Michèle et Jean-Luc de Halleux ont trouvé leur successeur : celles-ci avaient “toujours vu leurs parents travailler beaucoup, explique Anne-Michèle. Aussi, elles avaient fait carrière ailleurs”.

Tentes de Halleux: du produit à la transmission
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Mais le couple n’a pas pour autant dû aller chercher trop loin. Car leur neveu et filleul, Alexis de Halleux, travaillait déjà dans les murs depuis cinq ans. Ce qu’il aime dans ce métier ? “Le côté bricoleur. Devoir faire toujours plus vite et mieux”, précise-t-il. Etudiant déjà, Alexis “plantait des piquets, agrafait du velum et plaçait les tapis” pour son oncle et sa tante.

C’est pourtant dans une autre société qu’il commence sa vie professionnelle. Mais l’événementiel le rattrape et, quand il achète deux voiturettes de golf pour convoyer les invités aux événements abrités notamment par de Halleux SA, c’est tout naturellement que Jean-Luc et Anne-Michèle l’aident. “C’est grâce à eux que j’ai pu me lancer, reconnaît-il. Ils m’ont amené des clients, mis un véhicule à disposition, etc. Eux levaient doucement le pied.” Car oncle et tante commencent à imaginer que leur neveu puisse un jour reprendre l’affaire familiale. “S’il mordait à l’hameçon”, précisent-ils.

“Reprendre seul était impossible, à la fois physiquement et financièrement”, reconnaît Alexis de Halleux. S’associer, pourquoi pas ? Mais encore fallait-il trouver la perle rare, qui connaisse ce secteur si particulier.

C’est Alain Englebert, fondateur et administrateur de The Family House, spécialiste des cessions de PME, qui tirera finalement un lapin de son chapeau, ou plutôt un candidat sur mesure : Benjamin de Sauvage. Il est “hyper débrouillard” et “connaît le marché” pour s’y être frotté pendant six ans chez un concurrent. Et, surtout, il est partant pour l’aventure. Entre Alexis de Halleux et Benjamin de Sauvage, le courant passe d’emblée et ils se proposent de reprendre l’affaire, chacun à 50 %.

Fixer le juste prix

Alexis de Halleux se rappelle avoir trouvé “très délicat” de négocier avec sa famille : “Ils sont partis de rien pour monter tout ça, c’est leur bébé. Evidemment, on veut donner tout ce qu’ils demandent. On est prêt à tout accepter. Mais on ne peut pas”. C’est là qu’un associé externe, ayant du recul, vient bien à point, juge Alexis de Halleux.

Tentes de Halleux: du produit à la transmission
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Vendeurs et acheteurs s’accordent en effet sur un prix selon une science qui “connaît autant de méthodes que d’experts”, admet Alain Englebert, qui a accompagné la transmission : on peut calculer les cash-flows libres et les multiplier par un coefficient lié entre autres à la pérennité de l’entreprise. “Ce coefficient, pour le moment, se trouve entre 6 et 7”, après avoir connu une descente jusqu’à 4 en 2007, retrace Alain Englebert.

En décembre 2016, l’affaire est bouclée, au terme de près d’un an de négociations. Le son de cloche est le même de tous côtés : le passage de flambeau laisse chacun serein. On arriverait presque à croire qu’une telle transmission intrafamiliale n’est après tout qu’un jeu d’enfant.

Fort de son regard extérieur, Alain Englebert remarque que, dans ce cas-ci, “les propriétaires avaient bien mûri leur projet. Leur décision n’était pas précipitée par des circonstances extérieures ou un coup du sort comme une maladie. Ils avaient vérifié que leurs enfants n’étaient pas intéressés par la reprise et ils avaient un neveu dans l’équipe depuis un moment.”

Tentes de Halleux: du produit à la transmission
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En effet, lorsque la génération des repreneurs est déjà dans l’entreprise, la transmission s’accélère. Par contre, s’il faut former des nouveaux venus à des fonctions exécutives, le délai de transmission peut prendre jusqu’à plusieurs années. Alain Englebert souligne encore que des procédures bien claires, bien codifiées vont donner de la crédibilité à l’entreprise et de la confiance à l’acquéreur.

Assurer la pérennité

Ce qu’Alexis de Halleux et Benjamin de Sauvage ont acheté, c’est aussi “l’artisan de la tente sur mesure, un carnet de clients, 25 années d’expérience et de développement ainsi qu’une réputation à toute épreuve”. Sans parler des “meilleurs consultants du marché”, rappellent les repreneurs : Anne-Michèle et Jean-Luc de Halleux resteront en effet à bord comme consultants externes pour trois ans. “Cela rassure les clients”, estiment-ils en choeur, et allège la charge des nouveaux pilotes.

Côté fondateurs, c’est aussi une façon de lever le pied en douceur. Du coup, les deux associés ont pu accepter cette année un peu plus de chantiers que d’habitude.

“Mais nous avons tout de même dû refuser des projets, précise Alexis de Halleux. Nous entendons en effet être présents de A à Z et limitons pour ce faire les événements”.

Ensemble, ils passent quatre à 10 jours sur un projet. Ils y installent ce qui ressemble plus à une maison qu’à une tente, avec ses cuisines, toilettes, annexes, rideaux et autres décorations. L’équipe se fait fort de réaliser des prouesses techniques, de la tente montée sur un plan d’eau à l’arbre laissé au milieu de la structure.

Tentes de Halleux: du produit à la transmission
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A quel prix ? “Cela commence à une dizaine de milliers d’euros et peut monter jusqu’à des centaines de milliers d’euros”, calcule Alexis de Halleux. Un marché peu commun donc, des défis particuliers chaque fois, mais c’est bien là ce qui enthousiasme les deux repreneurs.

Entre-temps, ils ont déjà apposé leur griffe dans leurs locaux : l’entrepôt-bureau en bordure du canal à Vilvorde a été décoré de matériaux de tentes, dans la philosophie de l’entreprise.

Et Alexis de Halleux et Benjamin de Sauvage entendent bien rester dans l’esprit familial : proche du client, créateur de produits originaux, inédits et sur mesure.

Sibylle Greindl

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