Pas de contrat juridique sans contrat psychologique

Le temps n’est plus où le pater familias déterminait souverainement la carrière de la nouvelle génération au sein de l’entreprise familiale. De nos jours, la nouvelle génération exige d’avoir voix au chapitre et l’entrée en scène de nouveaux rejetons est un événement participatif.

Cela signifie aussi que la transition vers une nouvelle génération est bien plus qu’une formalité. Autrefois, l’accent était nettement mis sur les aspects purement technico-juridiques de l’affaire. Aujourd’hui, la dimension psychologique et affective est devenue au moins aussi importante.

Une famille ne passe plus de contrat juridique sans qu’il y ait unanimité sur le contrat psychologique. Cela implique de prévoir d’entrée de jeu un droit de regard sur l’organisation future de l’entreprise familiale. Ce n’est pas seulement dans l’intérêt des successeurs, c’est sans doute aussi un processus crucial dans un contexte de pression économique et concurrentielle accrue sur les entreprises familiales. Parler de temps à autre ne suffit pas, toutefois, pour élaborer un bon contrat psychologique.

La famille doit répondre à un besoin

Il est essentiel que les entretiens concernant la succession commencent in tempore non suspecto. Discutez des ambitions qu’ont – ou n’ont pas – les successeurs à cette date. Tirez au clair ce qui va être nécessaire pour réaliser ces ambitions. Vous posez ainsi un cadre qui permettra que la relève se passe bien, même si vous savez que ces ambitions peuvent encore changer. Il peut s’agir, par exemple, d’évaluations mettant en évidence les points forts et les points faibles des plus jeunes. On remarque que la nouvelle génération est ouverte à ce genre de choses.

Il est essentiel que les entretiens concernant la succession commencent in tempore non suspecto.

Outre les ambitions, la famille peut déjà débattre d’une vision commune quant à l’avenir de l’entreprise. Souvent, cette démarche exploratoire neutre révèle déjà quelques dynamiques familiales intéressantes.

Suivez les choses de près

Il est important que la famille surveille régulièrement l’évolution des attentes. Les ambitions peuvent changer. La plus jeune fille compte étudier et ne sait pas encore si elle entrera un jour dans l’entreprise, comme ses frères ? Cela n’exclut pas que la famille imagine déjà une construction permettant à la jeune femme de rester impliquée. On peut définir dans la charte familiale de quelle manière elle devra être tenue informée et participera à la réflexion sur les investissements importants, par exemple.

Travaillez dans la durée

Etablissez une feuille de route et voyez comment mener les choses à bonne fin. Il peut être utile de demander à un conseiller externe d’accompagner le processus. Partez avec l’idée qu’un processus de succession suit rarement une ligne droite.

Partez avec l’idée qu’un processus de succession suit rarement une ligne droite.

Même si on l’entame ensemble, en tant que famille, il est possible que des tensions surviennent entre les générations. Est-ce que tout le monde reçoit la même chose ? La complexité des discussions est proportionnelle à la ramification de la propriété au sein de la famille.

Objectivez

Quelle que puisse être l’importance du contrat psychologique, à un moment donné, on est obligé de coucher des règles du jeu par écrit. Une charte familiale s’impose.

À un moment donné, une charte familiale s’impose.

Le besoin s’en fait souvent sentir quand la famille a besoin d’éléments objectivables. Cela permet au débat de se dérouler de la manière la plus correcte possible. En tout état de cause, procédez à cette formalisation avant de passer effectivement le flambeau à la nouvelle génération. Faites le pas et réfléchissez aussi aux moyens pour la famille de respecter les accords convenus et de corriger le cap, le cas échéant.

Karen Keuleers

Associée chez BDO Legal

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